FO : Pavageau, Mailly et d’autres auraient soumis des notes de frais et perçu des salaires excessifs
Une nouvelle affaire éclabousse la hiérarchie de Force Ouvrière : le journal Le Parisien a révélé que les treize membres du bureau confédéral avaient dépensé 388 000 en notes de frais l'an dernier. Soit près de 30 000 euros par tête.

Les affaires ne s’arrangent pas pour Force ouvrière. Le numéro 1 de FO, Pascal Pavageau, a récemment été emporté par le scandale de fichiers où les 126 principaux dirigeants du syndicat y sont décrits par des qualificatifs tels que "mafieux", "ordure", "détourne de l'argent"… Le Parisien a révélé ce lundi 12 novembre que le syndicat avait subi 635 182 euros de pertes en 2017, alors que la confédération avait enregistré un excédent de 1,1 million d’euros en 2016, selon ses comptes certifiés. Comment expliquer cette détérioration ? Le quotidien révèle que certains cadres de FO ont eu recours à des notes de frais dispendieuses au cours des dernières années. L’an passé, les treize membres du bureau confédéral du syndicat ont dépensé, à eux seuls, pour 388 000 euros de frais professionnels en 2017. Soit 29 898 euros en moyenne par tête.
Par exemple, une cadre a présenté en 2015 une ardoise de 60 440 euros pour un an. La moitié a été dépensée en billets d’avion auprès de la compagnie Air France. Huit membres du bureau dirigeant qui n’habitent pas Paris se sont aussi fait rembourser des loyers, jusqu’à 1 800 euros par mois. D’autres ont été plus dépensiers dans des hôtels, et notamment, précise le Parisien, dans un deux étoiles situé à deux pas du siège de FO, le Transcontinental. En 2015, un secrétaire fédéral y a dépensé 7 570 euros. Pascal Pavageau totaliserait, selon les chiffres donnés par le quotidien, 50 836,05 de frais en 2017, près de 50 000 euros en 2016 et 33 800 euros en 2015.
De son côté, Jean-Claude Mailly, son prédécesseur, a présenté une facture de 34 000 euros en 2017, 32 000 en 2016 et 35 000 euros en 2015. Mais l’ancien secrétaire confédéral, en poste jusqu’en avril, aurait surtout touché un salaire de 100 334 euros bruts pour l’ensemble de 2017, soit plus de 8 360 euros par mois. Mailly a également bénéficié d’une copieuse prime de départ à la retraite de 22 792 euros. Cinq autres cadres de FO ont, en 2017, perçu, hors primes, près de 63 000 euros de salaire brut annuel chacun, ce qui donne 80 000 euros environ par an, avec les primes.
« Ça illustre bien qu’il n’y avait aucune règle sur les notes de frais, constate une source proche de Pascal Pavageau. Certains voyageaient avec Air France, alors que pour un trajet équivalent il y avait des compagnies moins chères. D’autres voyageaient systématiquement en première classe lorsqu’ils prenaient le train. Mais là où l’écart se creuse surtout, c’est sur les dépenses quotidiennes. Sur les restaurants, par exemple, il y avait des abus. Quant aux salaires, ils étaient soumis à un accord valant convention collective. Et la règle sur l’ancienneté était très favorable à quelques salariés. » Cette même source assure que Pascal Pavageau, conscient de ces excès, avait prévu un « audit interne » des comptes avant qu’il ne soit poussé à démissionner.
Après les révélations sur le « fichage » des cadres, cette nouvelle information tombe mal, à quelques jours des élections professionnelles pour les fonctionnaires. Or, « un des grands lieux d’implantation de FO, c’est la fonction publique », note Guy Groux, directeur de recherche associé au Cevipof. Avec des répercussions possibles dans les urnes ? « Sur place, les salariés ne confondent pas forcément leurs délégués syndicaux avec les têtes du syndicat. Il y a une logique de vote de proximité, on vote pour celui qui fait bien son boulot d’élu, observe le sociologue. Si FO sera peut-être en capacité de conserver ses électeurs les plus fidèles, cela risque en revanche de neutraliser sa capacité à élargir son électorat. »
Dans un entretien accordé à L'Obs, Patrice Clos, candidat à la succession de Pascal Pavageau, a déclaré : « Il faudra limiter les notes de frais et plafonner les rémunérations. Les adhérents de FO ne payent pas des cotisations pour que ça profite aux dirigeants ! » Pour inverser la spirale infernale que connaît actuellement FO, il en appelle aux militants : « Que la base se réveille ! Les militants ne doivent pas laisser les responsables faire n'importe quoi. »
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