Folie partisane aux USA, au delà de l’effet Trump !
L’élection de Donald Trump est toujours suivie d’un délire médiatique et propagandiste qui donne l’impression vue de France que la présidence est assiégée. Selon nous cette perception est largement fausse pour deux raisons importantes. D’une part la vie partisane est virulente aux Etats-Unis aujourd’hui comme hier, d’autre part il s’agit d’une bataille entre les légacy média et les nouveaux canaux d’information et de formation de l’opinion.
Une vie partisane virulente et un virage politique majeur.
Aussi loin que l’on remonte la vie politique américaine a été ultra-violente par rapport aux rapports feutrés dont nous avons l’habitude en France. Que l’on se souvienne seulement qu’Hillary Clinton a fait lancer une campagne de dénigrement d’Obama qui allait jusqu’à poser la question du lieu de sa naissance. Cette rumeur malicieuse avait empoisonné la présidence de Barrack qui avait été obligé de répondre au moins par l’ironie en se moquant de Donald Trump qui n’avait pas été le dernier à faire son beurre de la question. Donald Trump ne fait que récupérer la monnaie de sa pièce. Plus loin dans le temps on se doit de rappeler le water gate et le Maccarthysme pour se convaincre que la grande démocratie américaine peut connaître des emballements et des crises d’hystérie qui peuvent sembler troublante vue de France. Pourtant la vie politique est ainsi faite. Les intérêts qui étaient derrière Hillary ne peuvent laisser président Donald jouir paisiblement de sa victoire et exercer sa présidence dans une ambiance sereine, trop d’argent a été perdu. Plus important la position politique du Président est d’être le dirigeant d’une grande puissance qui reconnaît la légitimité d’autres acteurs à suivre leur intérêt national comme il l’a souligné concernant la Chine à laquelle il reconnaît parfaitement le droit d’agir dans son intérêt en matière commercial. Cette rhétorique a d’ailleurs contribué à ce que Pékin lui offre un accueil fastueux et chaleureux qu’elle avait refusé à Obama en allant jusqu’à retarder son débarquement d’avion à Pékin, un incident diplomatique de grande ampleur qui donnait une idée de l’agacement de Pékin. Une telle attitude rompt avec presque 17 ans de globalisme plus ou moins néo-conservateur. On doit comprendre que cela froisse de nombreux intérêts et de nombreuses positions installées dans le renseignement, la défense, la finance et plus généralement au sein des élites nord-américaine qui s’étaient installées dans le confort moral et intellectuel de diriger l’hyper puissance unipolaire. Cette bataille politique traverse toute la société américaine et explique facilement que le Congrès Républicain ne soutienne pas le président comme il le ferait dans d’autres cas, le virage est trop fort pour l’establishment.
Mais le virage est pris de la Syrie abandonnée à la Russie à la péninsule coréenne où la grande puissance américaine défend ses intérêts et ses alliés comme elle le doit et comme elle le peut, avec une rhétorique forte et dénuée de la plus petite ambiguité, les Etats-Unis restent pour l’avenir prévisible la première puissance mondiale, même si elle doit compter avec d’autres désormais. Mais dans un pays comme les Etats-Unis une telle orientation ne pouvait que générer une grande violence partisane.
Les légacy média et leur bataille perdue contre l’internet.
Lors de la campagne électorale la majeure partie des grands média s’étaient ralliés à la bannière d’Hillary, Bloomberg, le Washington Post, le New York times, CNBC …. à l’exception de FOX le consensus semblait total et le bombardement anti-Trump était constant et presque comique. Si un candidat du passé n’aurait eu aucune chance de survivre Donald Trump l’a fait armé de son compte Twitter et d’une véritable armée de soutiens sur internet qui reprenaient ses thèmes de campagnes et démontaient consciencieusement les « talking point » repris dans les médias. Donald l’a emporté d’une très courte tête grâce à cette aide providentielle de sites comme Breitbar et le site Info Wars du sulfureux Alex Jones. Si l’on s’en tient aux résultats de l’élection on peut se demander si la capacité des grands médias pré internet à modeler l’opinion n’est pas en train de fondre comme neige au soleil. De ce point de vue leur position actuelle dans le combat anti-Trump est suicidaire, en montant en épingle des faits sans signification réelle (la fameuse connexion russe de Donald Trump) et en les répétant ad nauseum ces médias ne font que reprendre les méthodes des sites les plus installés de la droite et de l’extrême droite. Autrement dit ils sont en train de se retirer leur légitimité éditoriale en adoptant des positions ultra-partisanes qui ne reculent pas devant la Fake News. A notre sens si cela peut nuire énormément à la présidence de Donald Trump c’est en revanche suicidaire car ces institutions sont en train de perdre la légitimité et le crédit qui a été construit parfois sur des générations. Par ailleurs cela n’empêche pas ne nouveaux acteurs venus de la gauche, les Young Turks, le Jimmy Dore Show de gagner en audience tous les jours. Car les américains savent bien qu’en dernière analyse ces institutions représentent des intérêts corporatifs qui ne sont pas les leurs quelle que soit leur orientation politique. La propagande est un art complexe et subtil qui exige parfois de la nouveauté, l’Establishement va devoir se créer et inventer de nouvelles façons de parler à la population nord-américaine et ce que montre l’élection de Donald Trump c’est que de se payer des publicités dans le New York Times risque bien de ne pas être suffisant. Les tentatives de censures tentées via les géants du net ne fonctionneront pas mieux car ceux-ci ne peuvent tuer une vache qui rapporte autant et qui génère un trafic considérable. La tendance va donc croître et embellir neutralité du net ou pas.
Conclusion
La bataille partisane sans pitié qui se livre actuellement aux Etats-Uni témoigne d’un double virage historique qui voit une façon de faire de la propagande s’effacer au moment précis où la politique qu’elle a permise est mise aux poubelles de l’histoire. Ironiquement on peut se demander si les éditos enflammés du New York Times n’ont pas autant d’influence que les statues de Lénine en Russie dans les années 90 ……
article et site original
https://observateurdubitatif.com/2017/12/18/folie-partisane-aux-etats-unis/
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