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Accueil du site > Tribune Libre > Forces américaines en Irak  : qu’est-ce qui a changé  (...)

Forces américaines en Irak  : qu’est-ce qui a changé  ?

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La présence des forces militaires américaines reste une question très controversée en Irak. Après près de deux ans pendant lesquels le Premier ministre Mohammed Shia Al-Sudani a approuvé le maintien de la présence des forces américaines dans le pays, malgré la décision antérieure du Parlement irakien d’exiger leur retrait, il semble que la position officielle de l’Irak sur cette question ait changé. Yahya Rasoul, porte-parole du commandant en chef des forces armées irakiennes, a annoncé que la délégation de son pays, qui s’est récemment rendue à Washington, a présenté son point de vue, affirmant qu’il n’est plus nécessaire d’avoir des forces de combat sur le sol irakien.

La délégation militaire irakienne, dirigée par le ministre de la Défense Thabit Mohammed Al Abbasi, s’est rendue aux Etats-Unis à l’invitation du secrétaire américain à la Défense. Selon le communiqué officiel, la délégation a discuté des «  relations futures entre l’Irak et la Coalition mondiale contre le terrorisme ». Ils ont également réitéré les principes de l’Irak concernant sa souveraineté, l’expansion de ses forces armées et leur rôle dans la sauvegarde de la sécurité, de la stabilité et des frontières du pays.

Ces dernières années, la position américaine sur la présence militaire en Irak s’est appuyée sur l’invitation du gouvernement irakien, dans le but de jouer un rôle de soutien dans les efforts de lutte contre le terrorisme. Ce rôle consiste principalement à offrir des conseils en matière de sécurité et à former les forces irakiennes.

Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a déclaré en mars de l’année précédente que l’Irak s’engageait à protéger les forces de la coalition contre toute menace extérieure.

Au fil du temps, cet arrangement est devenu un fardeau pour l’Irak. Il doit non seulement faire face à une opposition publique permanente à la présence militaire américaine, en particulier de la part des factions et des mouvements chiites, mais aussi au fait que cette présence fournit à l’Iran un prétexte pour s’ingérer dans les affaires intérieures de l’Irak et prendre périodiquement pour cible les bases qui accueillent les forces américaines.

Les Etats-Unis, qui disposaient d’environ 130.000 soldats pendant la période d’invasion, maintiennent actuellement environ 2.500 soldats en Irak et 900 autres en Syrie. Leur principale mission déclarée est de fournir une assistance dans la lutte contre Daesh.

Lors d’un discours à la Conférence sur la sécurité de Munich à la mi-février de l’année précédente, le Premier ministre irakien Mohammed Shia Al-Sudani a déclaré que son pays n’avait plus besoin des forces de combat de la coalition internationale. Au lieu de cela, l’Irak recherche des conseillers pour des consultations en matière de sécurité et à des fins d’orientation. Il a ajouté que l’ Daesh n’avait actuellement aucune présence en Irak et que l’organisation avait été vaincue tant sur le plan militaire que sur celui de ses capacités opérationnelles à l’intérieur du pays.

Le Premier ministre irakien, autrefois fervent partisan d’une présence militaire américaine continue, envisage-t-il un changement qui réduirait le rôle des Américains à un nombre symbolique de conseillers militaires  ? La réponse se trouve dans les nombreux changements qui se sont produits au cours des deux dernières années. L’Irak progresse vers une sécurité et une stabilité accrues, et l’actuel Premier ministre s’emploie activement à conclure de multiples accords qui éloignent l’Irak des conflits régionaux et internationaux. La dynamique complexe entre l’Iran et les Etats-Unis, qui exercent fréquemment une influence significative sur l’Irak, transformant parfois ce pays en un champ de bataille pour régler des comptes, en particulier du point de vue américain par rapport à l’Iran, est au cœur de ces développements. Au milieu de la dynamique interne complexe en Irak concernant la présence des forces américaines, en particulier en ce qui concerne les factions alignées sur l’Iran, et des pressions iraniennes continues sur les gouvernements irakiens successifs à ce sujet, en particulier depuis l’assassinat du général Qasem Soleimani, l’ancien commandant des Gardiens de la révolution, lors d’une frappe américaine à Bagdad, il convient de noter que les forces américaines en Irak ne sont pas stationnées dans leurs propres bases. Elles sont plutôt dispersées dans des installations militaires irakiennes, dont le nombre est estimé entre 12 et 14 bases, selon certains médias. Parmi les bases les plus importantes figurent Ain Al Asad, Al Habaniyah, Kirkuk, Al Qayyara et Balad.

Ils sont présents en vertu d’un accord officiel signé avec le gouvernement irakien.

L’évolution de la position irakienne découle principalement de l’affirmation selon laquelle Daesh n’a plus de point d’ancrage dans le pays. Cela fait suite aux déclarations du Premier ministre irakien Mohammed Shia Al-Sudani, rapportées par le Wall Street Journal le 15 janvier 2023, dans lesquelles il affirme que la présence de forces étrangères dans son pays reste nécessaire car il faut encore du temps pour éliminer complètement Daesh.

Depuis sa prise de fonction en octobre dernier, Al-Sudani a ouvertement exprimé son aspiration à ce que les relations de l’Irak avec les États-Unis reflètent les liens dont jouissent l’Arabie saoudite et d’autres pays producteurs de pétrole du Golfe. Il a également déclaré que l’Irak pouvait entretenir des relations positives avec l’Iran et les États-Unis, marquant ainsi son intention d’éloigner l’Irak des rivalités régionales et internationales. Son objectif est de réorganiser les alliances de l’Irak de manière à réduire les prétextes d’ingérence extérieure dans ses affaires et à atténuer les tensions politiques intermittentes. Certaines factions exploitent la question de la présence militaire américaine dans le pays comme un point de ralliement pour semer la discorde et créer des problèmes dans le paysage politique intérieur.

Al-Sudani, qui a précédemment qualifié les forces américaines d’«  amicales », maintient probablement sa position sur les relations de l’Irak avec Washington.

Néanmoins, son objectif primordial est de repositionner stratégiquement l’Irak, de rétablir son équilibre et d’assurer une sécurité et une stabilité totales. Cette aspiration fait suite aux nombreuses réalisations diplomatiques d’Al-Sudani au niveau régional et à ses efforts continus pour cultiver des relations extérieures équilibrées pour l’Iraq avec toutes les puissances régionales et mondiales. Il cherche à replacer l’Irak sur la carte politique et diplomatique de la région, en le positionnant comme un centre de contact et de communication avec toutes les parties. Il souhaite également un Irak neutre, à l’écart de tous les conflits géopolitiques, tout en jouant un rôle de médiation et de réconciliation qui permette à Bagdad de retrouver un peu de son poids et de son importance stratégique.


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2 réactions à cet article    


  • Samy Levrai samy Levrai 18 septembre 2023 15:02

    Les larbins nommés par les américains vont aux USA voir leurs maitres ( qui n’ont rien à y foutre !!!) pour quémander un peu de souveraineté parce que même ceux qui regardent la télé s’en aperçoivent, on se croirait en Europe.


    • JPCiron JPCiron 18 septembre 2023 17:48

      Coalition mondiale contre le terrorisme >


      Comment faire la différence entre le terroriste et le résistant ?

      Se coaliser contre les résistants, c’est bien du terrorisme ?


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