Fort Calhoun : le site de stockage sous les eaux
Fort Calhoun est devenu en 2006 un site de stockage définitif de déchets nucléaires. Aujourd'hui, le site contenant 25 années d'uranium usagé produit au Nebraska est innondé par le Missouri. Et l'eau continue de monter.
OMAHA - La crue du fleuve Missouri continue au Nebraska où les eaux se sont infiltrés à l'intérieur bâtiment de la turbine de la centrale électrique de Fort Calhoun après avoir rompu le barrage de fortune édifié autour de la centrale nucléaire.
Selon les responsables l’infiltration d'eau dans les bâtiments de la turbine ne présenterait pas de risques environnementaux du fait que le bâtiment ne contient aucun matériel nucléaire.
Pourtant cette apparente assurance est démentie par la décision prise hier d'évacuer la population dans un rayon de 10 miles autour de la centrale.
On a appris également qu'un employé a été évacué de Fort Calhoun mercredi par hélicoptère vers un hôpital proche après avoir été brulé au visage et aux bras lors d'une opération de ravitaillement en essence d'une pompe faisant partie du dispositif anti-inondation.
Les associations environnementalistes américaines commencent à se mobiliser pour obtenir plus de transparence sur la situation de la part du gouvernement Obama qui jusqu'ici a joué la carte de l'omerta en décrétant notamment une interdiction de survol de la zone.
L'ONG Renewable Energy Accountability Project (REAP) a demandé la mise en place d'un pôle d'information permanent qui diffuserait l'information de façon régulière.
Sam George, son porte parole s'est insurgé contre la lange de bois des officiels qui qualifiaient "d'évènement inhabituel" cet accident de catégorie 4.
"Les officiels en charge de cette crise ont une position extrêmement opaque. Ils nous demandent de nous fier entièrement à ce qu'ils nous disent. Et ils ne nous disent pas grand chose. Il est évident que nous n'avons pas à faire à une crise du niveau de Fukushima, mais cela ne signifie pas qu'elle ne peut pas devenir dangereuse. Le public a le droit d'être informé quotidiennement de la situation de la sûreté de la centrale." a-t-il conclu.
Depuis le début de l'inondation, l'unique réacteur de Fort Calhoun est bloqué en situation de rechargement nucléaire : La cuve du réacteur est ouverte et communique avec la piscine de stockage du combustible grâce à une élévation de 7m du niveau habituel de l'eau de refroidissement.
Lors du rechargement, les barres de combustibles sont manœuvrées du réacteur à la piscine à travers cette masse d'eau qui, en plus de refroidir le combustible absorbe les rayonnements dangereux.
Malgré l'arrêt des manœuvres, l'eau de la piscine et du réacteur nécessitent d'être refroidies pour éviter qu'elle n'entre en ébullition.
Ce refroidissement est assuré grâce à des pompes électriques alimentées par le réseau.
Si le réseau venait à être coupé, comme ce fut le cas à Fukushima, l'électricité devrait être fournie par des groupes diesel de secours qui ont aujourd'hui les pieds dans l'eau.
Dans le cas où ils ne prendraient pas le relais, le refroidissement cesserait et l'eau se mettrait à bouillir dans un délais de 36 heures.
Le responsable de la centrale a expliqué que même dans un tel cas il resterait une marge confortable selon ses calculs lesquels montreraient qu'il faudrait 11 jours pour que l'eau soit entièrement évaporée.
En réalité la marge serait bien moindre car les barres seraient exposées à l'air libre bien avant que l'ensemble de l'eau ne se soit évaporé.
Encore une fois les discours des personnes en charge du risque nucléaire font ressortir une volonté irresponsable de minimiser les risques derrière des démonstrations scientifiques absurdes.
Une autre inquiétude provient du fait que l'ensemble du combustible usagé produit par les centrales du Nebraska et même d'autres états depuis 20 ans est stocké sur place dans des conteneurs de stockage à sec, lesquels sont déjà à moitié immergés par l'inondation.
Or par le passé certains des conteneurs à sec de Fort Calhoun présentaient des défauts (fissures, surchauffe, explosion)
Les infrastructures de stockage à sec sont aujourd'hui à moitié sous l'eau. Si l'etanchéité est déféctueuse ou cède soue l'effet de l'érosion, la pollution radiologique qui en résulterait atteidrait l'ensemble du fleuve en aval.
Le choix d'un tel emplacement en bord de fleuve pour un stockage supposé durer des milliers 'années semble particulièrement absurde. En fait, il n'etait pas prévu pour étre définitif à l'origine.
En 2006 une plainte avait été intenté par l'ONG REAP contre la décision d'utiliser Ford Calhoun comme lieu de stockage définitifs de déchets nucléaires.
http://www.enterprisepub.com/news/article_c622e2ac-55a5-5c14-b1b2-d8adfe92484a.html
A l'époque le porte parle de REAP avait déclaré "Quand Fort Calhoun a été conçu, la piscine n'était pas prévue pour des stockages permanents sur le site. C'est exact également pour les infrastructures de stockage à sec dans des conteneurs (cask). Rien n'a été conçu pour un stockage définitif.
L'actualité lui donne malheureusement raison et vient illustrer, seulement cinq ans après le début du stockage définitif que le choix des ingénieurs du nucléaire est ridiculement précaire.
Sacs de sable et stockage définitif aux bord d'un fleuve en proie à des crues saisonnières.
Les responsables nucléaires étasuniens n'ont rien à envier à leurs homologues nippons ou soviétiques en matière d'irresponsabilité.
Bien évidemment les nôtres sont différents.
Cocorico !
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