Fortes menaces de hold-up sur le Livret A
Pendant les enfumages trumpiens, les « primaires » de la droite et autres macronneries, le ministère des finances a engagé des magouilles sournoises avec la Banque de France pour faire les poches des laborieux : ceci en changeant pour la énième fois le taux de rémunération du Livret A, l’épargne des modestes, des laborieux, la bouée de sauvetage des sans-dents.
Les réformes concernant le placement préféré des Français sont aussi nombreuses que les gouvernements qui se sont succédé, de gauche comme de droite. Mais avec une constante : rogner toujours plus les maigres avantages qu’il propose aux épargnants les plus modestes. Il n’y a pas de règles claires, fixes, connues, simples établissant le taux de rémunération. Il a été modifié en 2003, en 2004, en 2005, en 2008, en 2009, en 2011. Et rebelote cette année !
Le mode de calcul est des plus touffus mais il comporte (jusqu’à maintenant), un cliquet de protection : le taux de rémunération doit être au minimum égal à l’inflation augmentée d’un quart de point.
Comment ? Laisser 0,25 % d’intérêts annuel à ces salauds de pauvres ? Voilà qui donne des boutons à ce grand républicain qu’est François Villeroy de Galhau, ci-devant gouverneur de la Banque de France. Et c’est ce maigre avantage qu’il veut faire sauter le particulé. Eh ! Les sans-culottes, vous n’avez pas bien fait le boulot, et c’est maintenant les sans-dents qui morflent…
Si la « réforme » passe, elle ne prendra pas effet immédiatement, pour cause d’élections présidentielles. Donc pas de changement à craindre au prochain rendez-vous prévu légalement, soit celui du 1er février 2017. Mais au suivant, soit au 1er août 2017 (en pleines vacances d’été !), les petits épargnants ont de fortes chances de se faire arracher quelques plumes de plus…
Ce que ces crapules vont nous voler, ce n’est pas rien ! Le Livret A et le livret qui lui est adossé, le Livret de développement durable (LDD), totalisent environ 270 milliards d’euros de dépôts, auxquels il faut ajouter les quelque 50 milliards d’euros du Livret d’épargne populaire (LEP), soit 320 milliards au total, un point de variation du taux de rémunération équivaut à 3,2 milliards d’euros sur un an, soit 800 millions d’euros par trimestre. Soit, pour un demi-point 400 millions d’euros !
Ces magouilles révèlent une constante du fonctionnement de notre république en la matière : quelle que soit l’alternance en 2017, Bercy et la Banque de France ont pris par avance les dispositions pour que rien ne change. À sa manière, le Livret A confirme que le système oligarchique français se fout royalement des alternances démocratiques et poursuit ses manigances secrètes, ses arnaques sournoises, dans le plus souverain mépris de ce que les citoyens peuvent espérer ou décider…
Notons que le ci-devant Villeroy de Galhau François, patron de la Banque de France, a fait toute sa carrière de banquier à BNP Paribas. Notons encore que la Direction du Trésor, à Bercy, est depuis toujours une sorte d’annexe de la Fédération bancaire française… Les « inspecteurs des finances » se font un carnet d'adresses à Bercy puis vont pantoufler grassement dans les banques privées. Et, en sens inverse, les banquiers viennent « conseiller » les hauts fonctionnaires. Ben voyons. Entre gens du même monde, on s’entend toujours. Sur le dos des manants…
Le livret A est une épargne solidaire. Le pécule des épargnants est faiblement rémunéré mais cet argent est ensuite prêté aux organismes HLM pour la construction de logements sociaux à des taux d’intérêt très faibles et sur le temps long. Ce système, qui fonctionne depuis des dizaines d’années, a fait des jaloux : les banques. Elles ont fait des pieds et des mains pour récupérer une part de ce gros gâteau. Et elles ont réussi leur hold-up sous Sarkozy qui a permis aux banques privées de récupérer une partie de l’épargne « Livret A » jusqu’alors gérés exclusivement par les Caisses d’épargne et La Poste. Alors qu’auparavant, 100 % de la collecte du livret A était centralisée par la Cour des comptes et était uniquement destinée au financement de la construction de logements sociaux, ça n’a été rapidement plus été que 70 à 60 %. Le détournement des 30 à 40 % restants a été justifié par la nécessité de financer les PME ; si une partie de ces dizaines de milliards d’euros s’est bien concrétisée par quelques prêts parcimonieux vers les entreprises, pas mal de bons milliards de fric de pauvres sont cependant allés dans les poches des banques qui ont utilisé le magot pour se recapitaliser : ces nouvelles liquidités leur permettant de se refaire une santé après avoir perdu beaucoup d’argent dans les emprunts toxiques. Mais ce n’est pas tout : pendant l’été 2013, alors que la collecte du livret A atteignait les sommets, plus de 260 milliards d’euros, c’est un gouvernement de gauche cette fois qui a fait le choix d’offrir à nouveau un cadeau aux banques. Celles-ci ont récupéré la gestion de 15 nouveaux milliards d’euros supplémentaires tirés du livret A.
Ah ! Ça ira, ça ira, ça ira… Parfois, on en vient à regretter la Veuve…
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