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Accueil du site > Tribune Libre > Françafrique : la belle époque...

Françafrique : la belle époque...

Ce soir sur France2, ne manquez une émission sur "l'Argent roi", la fin d'un feuilleton aussi passionnant qu'incroyable, d'une histoire de l'ombre, longtemps insoupçonnée dans toutes ses dimensions .

Quand Paris, après la décolonisation proclamée d'une terre prétendue sans histoire avant l'arrivée des blancs, faisait la pluie et et le beau temps dans son pré-carré élargi ,en maintenant de fortes dépendances, économiquement profitables.

Quand la France pouvait encore, avec 500 hommes, changer le cours des choses en terre africaine.
Quand certains chefs d'Etat africains, adoubés par l'Elysée, pesaient sur notre politique intérieure.

_Quand la Cellule Francafrique, depuis De Gaulle à Chirac, en passant par Giscard et Mitterrand, suivait de près les affaires politiques et surtout économiques de nos anciennes colonies, au nom d'intérêts et d'affaires plus ou moins troubles tournant autour de matières premières abondantes dont manquait l' ex-mère patrie : pétrole, uranium, bois, minéraux divers...
Quand Bongo disait encore :« L’Afrique sans la France, c’est une voiture sans chauffeur. La France sans l’Afrique, c’est une voiture sans carburant »(Libération en 1996.)

_Certes, la Françafrique de papa n’est plus tout à fait ce qu’elle était,
les rapports se modifient, mais il reste encore quelques bons restes. En saluant Foccart, Sarkozy renoue avec la Françafrique.

Mais les choses changent, il est obligé de faire le grand écart ...
"...Si on prend l'exemple de Laurent Gbagbo, en Côte d'Ivoire, il a très bien compris qu'il pouvait jouer sur la fibre nationaliste, être l'homme qui dit non à la France et, dans le même temps, se servir des grands groupes français pour faire de la diplomatie d'influence. Il met Nicolas Sarkozy en stéréo avec Martin Bouygues et Vincent Bolloré, qui sont les deux plus gros poids lourds français en Côte d'Ivoire. Bien sûr que les hommes d'affaires ont une grosse influence.... Il demeure bien sûr une défense des intérêts français en Afrique. Mais Nicolas Sarkozy, c'est le CAC 40 : il fait 17 heures d'avion pour se rendre à Luanda signer un contrat Total. Il va au Niger et en RDC avec Anne Lauvergeon, PDG d'Areva, il va à Brazzaville pour installer Bolloré, etc. Nicolas Sarkozy a peur de l'Afrique. Sa seule ligne est le business. En déplacement avec Anne Lauvergeon, Sarkozy n'est pas le président de la France, mais le patron d'Areva..."(P.Benquet)

_C'est ce que nous rappelait France2, dans une rétrospective partielle mais intéressante, qui nous menait de De Gaulle à aujourd'hui(partie1)
La face cachée d'une Françafrique dont les secrets étaient bien gardés, une politique étrangère parallèle particulière, menée par des hommes de l'ombre comme l'incontournable J.Foccart, qui provoquait tout de même parfois certains scandales, comme l'affaire des diamants de Bokassa...
________

Pour Achille Mbembe, le temps est venu de tirer un trait sur cette histoire ratée, cette période post-coloniale où la dépendance continuait sous d'autres formes, le pillage des matières premières, avec la complicité de chefs d'Etat corrompus, parfois entretenus à grands frais mais aussi conscients de leur pouvoir sur l'ancienne métropole (on pense aux frasques de l'"empereur" Bokassa et de ses relations troubles avec VGE, des interventions de Bongo, à même de faire révoquer certains ministres...) Cette diplomatie machiavélique, où les services secrets avaient beaucoup de latitudes, que De Gaulle encourageait mais ne voulait pas voir, valait son pesant d'or noir, à l'heure où la France se modernisait à grande vitesse : pétrole, uranium, bois rapportaient gros à de puissants groupes qui prospéraient à l'ombre de la République. Pinault, Bollloré, Bouygues entre autres, surent se rendre indispensables...tout en prospérant.

Visite du pré carré africain de la France...
Quel que soit le pays. Le Gabon s'est particulièrement distingué, chouchouté par Total-Elf, état dans l'Etat, la Cote d'Ivoire n'a pas encore coupé le cordon ombilical, le Burkina Faso, la Centrafrique, etc...

"..Les intérêts géostratégiques et économiques de la France au Gabon, ajoutés à la bienveillance sans limite de Bongo à l’égard des hommes politiques français ont renforcé les liens entre le patriarche et l’ancienne puissance colonisatrice. Même Nicolas Sarkozy, l’homme de la rupture, n’a pas pu s’attaquer au roc. La Françafrique, qui s’y frotte s’y pique ! Le téméraire Jean-Marie Bockel, alors ministre de la Coopération, en a fait les frais pour avoir vraiment cherché la rupture... . “La France sans l’Afrique était une mendiante larmoyante”, comme l’a dit le célèbre opposant burkinabé, Laurent Bado. La Françafrique, c’est la garantie pour la France de perpétuer le pillage systématique des richesses des pays africains. Le Gabon, malgré son pétrole abondamment exploité par Total, n’a jamais décollé économiquement..." (Courrier International)

_Certes, les Noirs de l'Élysée se font plus rares, mais les affaires continuent et les vieilles habitudes perdurent. Les Maorais en savent quelque chose. Les serviteurs français de l'Elysée avaient les coudées franches mais pas mal de naïveté parfois :

Par exemple, "Pour Maurice Delaunay et beaucoup d'autres, c'est une vieille histoire. Ils sont tellement dans le bain, avec une sorte de cynisme... Ils racontent les coulisses, benoîtement. Ils pensent que la période est terminée. Ce sont des patriotes, tous sur la ligne de Jacques Foccart : il s'agit de défendre la France et ses intérêts. Ils sont des hauts fonctionnaires qui croient à cette période de communauté de destin entre la France et l'Afrique. Ils croient à ce qui demeure une politique coloniale assimilationniste, il faut créer des gens à notre image !. L'Occident a confié à la France, donc à eux, la lutte contre les Soviétiques dans cette partie de l'Afrique, ce qui ne doit d'ailleurs pas empêcher la France de contrecarrer les intérêts anglo-saxons, d'où la guerre du Biafra, par exemple...

Lorsque Albin Chalandon, ancien président de Elf, lorsque la secrétaire de Mitterrand ainsi que Loïc Le Floch Prigent, lui aussi à la tête du coffre-fort Elf, nous racontent comment le groupe pétrolier a financé la politique française, cela nous semble une vieille histoire. Pour Nicolas Sarkozy, voir l'un de ses « conseillers » africains, l'avocat Robert Bourgi démentir tout financement extérieur, c'est dans l'ordre des choses mais évidemment plus sensible. Surtout quand il explique que oui, bien sûr, il y avait des financements lors des présidences précédentes, mais que brusquement, lorsque l'on parle de celui qui est en poste aujourd'hui, il n'y a plus de financements ! Je trouve cela excellent.Tout le monde se marre et Bourgi répond aussi par un “Ça m'amuse” lorsqu'on lui parle de la cooptation des ministres du gouvernement par Omar Bongo en personne... Quel cynisme !...

Elf est au cœur de la Françafrique. Et, en termes géographiques, ce cœur, c'est le Gabon, avec Omar Bongo au pouvoir pendant plus de 40 ans ! Ce qui est passionnant, c'est qu'avec l'affaire Elf se produit une inversion des rapports de force. Avec ce scandale, Omar Bongo reprend la main sur un certain nombre de ses obligés français. L'affaire Elf est fondamentale dans les relations franco-africaines. Omar Bongo était le doyen de cette Françafrique, il était l'homme des services rendus, de la défense des intérêts français. Bongo se rend indispensable. Et c'est d'ailleurs pour cela qu'il explose des années plus tard avec les enquêtes judiciaires sur les « biens mal acquis », les investissements divers de dictateurs et chefs d'Etat à Paris. Comment, pense Bongo, je donne tout à ces Français, et ils me font cela !.." (Mediapart)


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14 réactions à cet article    


  • voxagora voxagora 16 décembre 2010 12:21

    J’ai raté la première partie, y a t-il un moyen de la voir quelque part ?


    • ZEN ZEN 16 décembre 2010 12:40

      Bonjour
      Ici, vous devriez trouver ce que vous chercher


      • voxagora voxagora 16 décembre 2010 17:50

        Mon intervention a été un peu lapidaire : alors bonjour, et merci pour le lien.


      • ZEN ZEN 16 décembre 2010 12:41

        Rectif : « cherchez », bien sûr...


        • Robert GIL ROBERT GIL 16 décembre 2010 12:51

          L’ Afrique est un continent riche, mais les pays occidentaux, la France en particulier, a toujours les dents plantées à l’intérieur ! L’armée française et la puissance publique y défendent des intérêts privés. Le continent noir reste un enjeu économique majeur pour des sociétés comme Bouygues, Lafarge, Areva ou Total.

          http://2ccr.unblog.fr/2010/12/05/afrique-terre-de-pillages/




          • ZEN ZEN 16 décembre 2010 13:36

            En RDC aussi, le pillage continue, sur fond de guerre entretenue...


            • ZEN ZEN 16 décembre 2010 14:15

              C’est l’heure du grand deballage
              Les seconds couteaux se mettent à table, avant de mourir...de mort naturelle
              Bientôt Pasqua ?


              • baska 16 décembre 2010 15:46

                J’ai regardé la première partie de cet émission la semaine dernière, intéressant. 
                Il est temps que le peuple africain se réveille et chasse du pouvoir les pantins, à la solde des puissances étrangères, qui les mal-gouvernent.


                • Shaytan666 Shaytan666 16 décembre 2010 18:44

                  Chez nous c’est déjà grave mais en Afrique c’est pire. Un Africain peut être le plus brave type de la terre, donnez lui une once de pouvoir et il deviendra un tyran.


                • ZEN ZEN 16 décembre 2010 18:59

                  666
                  Quel chef d’Etat a fait pire que Napoléon,Hitler, Franco... ?
                  Je sais ,Bokassa....
                  Mais ce sinistre pantin , ce « soudard », comme disait De Gaulle, n’aurait jamais existé ou tenu longtemps sans le soutien intéressé de la France, de Giscard en particulier.
                  Alors....


                • alberto alberto 16 décembre 2010 16:54

                  Salut Zen :

                  La promotion de la démocratie, l’émancipation des peuples, l’aide au développement, bref tout ce que les gouvernements français successifs n’ont pas assuré depuis la décolonisation, ce qui nous vaut cette immigration massive, ont été remisés au placard au profit de la pompe à finance...

                  Et ce n’est pas fini avec l’actuel trublion de l’Élysée qui ne pense qu’a la France à fric !

                  Mais les « autres » pays africains, issus de décolonisations de puissances étrangères, sont-ils mieux lotis ? A voir...

                  Bien à toi.


                  • ZEN ZEN 16 décembre 2010 18:36

                    Salut Alberto
                    Pas mieux lotis, non, en gros...
                    Voir mon lien plus haut sur la RDC
                    Cordialement


                    • Nemo8 Harry Tuttle 16 décembre 2010 20:41

                      Pour ceux qui sont vraiment intéressés, y a ça (très, très instructif, ça en vaut la peine).

                      Et dire qu’après tout ça (le pillage, le maintien de ces pays dans la dépendance, le traitement réservé à ceux qui sont venus se faire tuer pour la patrie...), on se permet de leur cracher à la gueule.


                      • ZEN ZEN 16 décembre 2010 22:33

                        Merci pour le lien, Harry

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