Français en péril
Aurait-il pu imaginer le traitement qu'on lui fait subir au fond de nos cités ?
Est-ce le crépuscule de la langue au bac français ?

Sans faire dans la généralisation, le catastrophisme ou la nostalgie, n'assiste-t-on pas au début d'une évolution inquiétante. Certes la littérature est encore bien vivante, mais les lecteurs ?...
Une langue, c'est un héritage, un trésor...qui risque de ne pas survivre à l'uniformité généralisée. Avec la réduction constante des heures consacrées à son enseignement, depuis les années 80 surtout, des critiques s'élèvent : au nom de la spontanéité, de l'ouverture au monde, de la modernité, on a voulu alléger, simplifier, ouvrir, tolérer...
Le français a vu son enseignement se réduire comme peau de chagrin et s'insérer dans la nébuleuse de la communication. On peut avoir son bac scientifique (avec mention) avec un 5 en français et un 4 en philo...Mais en fac, il faut réparer les dégâts et apprendre au jeune ingénieur à rédiger un rapport correct et compréhensible...
Communiquer est devenu la loi et les prophètes, comme dans les écoles de commerce Mais quoi, comment ? Nous voici dans l'ère des communiquants, du performatif, du formalisme, de l'utilitaire.
Une certaine logique de l'ignorance parfois revendiquée par des bateleurs officiels, une évolution des moeurs axée sur le moindre effort, une capacité d'attention devenue problématique, un consumérisme conquérant ...ont créé le terreau d'un moindre souci de la langue et de l'effort qu'elle demande nécessairement , de la lecture suivie et exigeante. Le ludique et le formalisme ont pris le dessus. Michea a bien noté que l'acte même d'enseigner est devenu problématique.

« La perte d’une langue est toujours un malheur » dit A.Rey
Claude Hagège, défend la diversité des langues face au poids d'une pensée unique, imposée par les lois du marché : « c’est-à-dire de la pensée qui a pour support l’anglais et qui est une pensée néolibérale, dont nous sommes tous les victimes, à commencer par les pays d’Occident, aussi ceux d’Asie du sud-est, à savoir des pays qui sont entiérement rangés sous la bannière du néolibéralisme. C’est-à-dire du profit à tout crin ; sans aucune considération d’ordre culturel ; sans aucune considération d’ordre humain, social... mais avec seulement un attrait pour le profit immédiat... »
Il veut bien sûr critiquer la domination du globish, pas de l'anglais, langue belle et difficile, s'insurger contre le tout-anglais, qui tend à devenir la norme, contre l'anglomanie, qui gagne tous les secteurs et qui étonnent nos cousins du Québec...
La maîtrise d'une langue ne produit pas seulement un plaisir, c'est aussi un moyen de résistance, comme le suggère A. Huxley :

Lire ou ne pas lire, that is the question...
Revenir au plaisir du texte...c'est bien là l'essentiel.
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