France 2012-2017 : un redressement incomplet, toujours inférieur à la moyenne européenne
Nous avons désormais tous les chiffres. Incontestables, ils valent mieux qu'un long discours et qu'une dispute purement stérile et politicienne entre partis politiques. Allons droit aux chiffres et voyons le bilan 2012-2017, aujourd'hui totalement disponible.
Dette de l'État stricto sensu (source AFT (Agence France Trésor), "encours de la dette négociable") :
- en 2012 = 1 386 milliards ; en 2017 = 1 686 milliards. Soit + 300 milliards (hors organismes sociaux et collectivités territoriales (voir ci-dessous)). L'État n'arrive décidément pas à dépenser moins qu'il ne gagne. Pourtant, certains politiques, démagogiques, voudraient redistribuer une supposée cagnotte… alors que la dette de l'État s'accroît de 0,164 384 milliard chaque jour !
Dette de la France au sens de Maastricht (source Insee) comprenant toutes les dettes : État + organismes sociaux et collectivités territoriales :
- en 2012 = 1 869 milliards (89% du PIB) ; en 2017 = 2 218 milliards (97% du PIB (provisoire)). Soit + 349 milliards (au 31 décembre 2017). La France continue à dépenser toujours plus qu'elle ne gagne, crise ou pas crise. Les 100% du PIB sont en ligne de mire !
Croissance économique (source Insee) :
- en 2012 = 0,2 % ; en 2017 = 2,0%. Belle progression, mais, toujours inférieure de 0,4 ou 0,5 point à la moyenne européenne (chiffre non définitif), et à celle de l'Allemagne (+2,2 %).
Balance commerciale (source Insee) :
- en 2012 = − 67 milliards ; en 2017 = − 62 milliards. Malheureusement toujours déficitaire. Nous importons, en euros courants, toujours beaucoup plus que nous exportons ! Hors aéronautique et luxe, nos productions ne sont pas adaptées à la demande mondiale ni même à celle domestique − comme le prouve la croissance de nos importations.
À titre de comparaison, la balance de l'Allemagne était en 2012 excédentaire de 185 milliards ; en 2017 de 244 milliards !
Taux de chômage (source code tps00203 Eurostat) :
- en 2012 = 9,8% ; en 2017 1 = 9,4 %. Très petite amélioration de la courbe 2 du taux de chômage, enfin !
À titre de comparaison, le taux de l'Allemagne était en 2012 = 5,4 % ; en 2017 1 = 3,8 %. Moyenne de l'UE : 7,6 % (source code tps00203 Eurostat).
Nombre total d'emplois privés, c'est-à-dire de postes de travail (source Insee) :
- en 2012 = 18,693 millions ; en 2017 = 19,281 millions. Enfin des créations d'emplois, commencées dès le 2ème trimestre 2015 (la France comptait alors 18,700 millions d'emplois privés).
Au regard de ces chiffres incontestables, que tout le monde connaît et reconnaît désormais, le redressement du pays est bien maigre, même si la hausse de l'emploi privé, depuis 2015, doit être saluée.
Il convient donc maintenant, au nouveau pilote, Emmanuel Macron, de poursuivre sur la lancée du précédent pilote − celui qui a eu l'immense tort de dire sous l'influence de mauvais conseillers en communication : "mon ennemi est la finance". Il aurait dû préciser : "[...] la finance spéculative", tout aurait été tellement plus vrai et surtout, plus simple.
Cela étant, quoi que la France ait fait ou n'ait pas fait sur la période 2012-2017, la plupart de ses grands agrégats a légèrement progressé, mais de manière inférieure aux moyennes européennes. Cela montre, notamment, que notre pays est fortement dépendant de la conjoncture européenne et mondiale... quoi qu'il fasse. Rendons-nous à l'évidence, nous n'avons aujourd'hui ni la taille critique ni les performances économiques pour influencer quoi que ce soit… même dans l'UE, contrairement à l'Allemagne. Un petit clin d'œil aux politiques qui voudraient voir notre pays quitter l'UE, comme va le faire le Royaume-Uni, définitivement, dans 11 mois.
Cela étant, le nouveau pilote de notre pays, Emmanuel Macron, a hérité d'une bien meilleure situation que celle héritée, en 2012, par son prédécesseur, François Hollande. Il lui "suffit", a minima, de ne pas mettre du sucre dans le réservoir d'essence de la "Voiture France". Pour aller plus loin dans l'amélioration des grands agrégats du pays, Emmanuel Macron bénéficie encore d'une conjoncture très favorable : taux d'intérêt bas ; cours euro/dollar acceptable ; cours du pétrole raisonnable ; taux d'inflation supérieur à 0, mais inférieur 2% ; coalition allemande reconduite ; guerre Corée du Nord / États-Unis impossible ; guerre commerciale, improbable malgré les gesticulations, car l'Amérique a plus besoin de la Chine, son premier créancier, que la Chine de l'Amérique (quoi que !)3 ; croissance chinoise toujours importante ; etc. Alors, quoi demander de plus pour réussir ce quinquennat ?
1. L'OCDE publie les mêmes chiffres qu'Eurostat (lien). L'Insee publie le chiffre bizarre de 8,9 %.
2. La courbe du chômage s'exprime, partout dans le monde, en pourcentage de la population active, JAMAIS en nombre de chômeurs. Quel désastreux conseiller a donné une telle idée à Hollande ? Le même qui lui a soufflé son propos sur la finance ou, peut-être, un très proche de Valérie Trierweiler.
3. Traduction résumée : "À cause des incompétents d'hier... la guerre commerciale avec la Chine est perdue… Notre déficit est de 500 milliards $ par an et la Chine nous vole en plus 300 milliards $. Cela ne peut pas continuer !".
Crédit photo : chribactu.20minutes-blogs.fr. "Silence, ça tourne !" a été ajouté par A. Fay.
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