France 2019 : une année référence !
Nous avons désormais tous les chiffres. Incontestables ! Les nôtres, mais aussi ceux de l’Allemagne, du Royaume-Uni et la moyenne de l’Union européenne. Allons droit aux chiffres et voyons le bilan 2019 de la France. Comparons-le avec celui de l’Allemagne, celui du Royaume-Uni et de l’Union européenne.
2019, une année très importante, car elle va servir de base de référence – comme le fut l’année 1929. En effet, les chiffres de 2020, et des années suivantes, subiront les conséquences de la crise économique et sociale due à la crise sanitaire de la pandémie mondiale du Covid-19 venu de la RPC (République populaire de Chine). Ils seront partout comparés à ceux de 2019.
Croissance économique en volume (source Eurostat).
- France 2019 = + 1,3% (soit un PIB = 2 419 milliards).
La croissance de la France est honorable, mais reste inférieure à la moyenne de l'Union européenne (les 28) à + 1,5%.
Une croissance française bien supérieure à celle de l’Allemagne qui s’est limitée à + 0.6%. Allemagne, grande exportatrice, a vu ses exportations très impactées par la guerre commerciale États-Unis / Chine. Celle du Royaume-Uni est à + 1.4%.
N.B : Pour cause de Covid-19, les croissances : française, européenne et mondiale devraient être largement négatives en 2020. L’économie sera en récession, et peut-être même en dépression, comme en 1930, 31, 32 et 33 où, par exemple, le PIB des États-Unis avait chuté de 50% 1.
En mars 2020, après seulement 15 jours de confinement, le PIB français du premier trimestre 2020 enregistre déjà une baisse de 5.8%.
Taux de chômage (source Eurostat, sur la base du BIT) :
- France 2019 = 8.5%.
Amélioration très modérée de la courbe du taux. Un chômage toujours de masse. Taux qui a amorcé sa décrue dès 2015 où il était de 10,4%.
À titre de comparaison, le taux de l'Allemagne a été en 2019 de 3,2%, et celui du Royaume-Uni à 3.8%. La moyenne de l'UE (28) à 6,3%. Notre pays est toujours loin du compte.
N.B : Rappelons que l’année 2020 devrait être catastrophique pour l’emploi. Espérons que nos gouvernements adopteront des attitudes différentes de celles de la Grande dépression des années 30 où, par exemple, aux États-Unis le taux de chômage était passé de 3.2% en 1929 à 24.9% en 1933 1.
En employant massivement le chômage partiel (actuellement presque 12 millions de salariés. Soit un salarié sur 2), notre pays ne renouvelle pas l’erreur de 2008-2009. Cependant, en mars 2020, après seulement 15 jours de confinement, les premiers effets de la crise commençaient déjà. Notre taux de chômage progressait de 7%.
Nombre total d'emplois salariés (source : Dares)
- France 2019 = 287 500 créations d’emplois de plus qu’en 2018. 263 100 dans le privé (essentiellement dans le tertiaire marchand) et 24 400 dans le public.
Notre taux d'emploi, en 2019, s’est établi à 65.9% (Eurostat). Il reste encore très inférieur à celui de l'Allemagne à 77%. Il est vrai qu'en Allemagne les emplois "low cost", à 1 euro de l’heure, occupent une place non négligeable. Au Royaume-Uni, le taux est de 75,6% pour 2019. Il faut noter que dans ce pays, des contrats de travail de 0 heure existent. Quant à la moyenne de l’Union européenne, elle est de 69.5%
N.B : pour 2020, la destruction d’emplois sera inévitable malgré les efforts des gouvernements en termes de politique économique et sociale. Cependant, sauver toutes les entreprises, même celles qui étaient au bord du dépôt de bilan (règlement judiciaire ou faillite) fin 2019 ou début 2020, sera impossible, voire irresponsable. En effet, chaque mois, en France, en année normale, quelque 50 à 55 000 entreprises sont défaillantes (source BDF).
Dette au sens de Maastricht (source Eurostat) :
- France 2019 = 2 380.1 milliards. Soit 98.4% du PIB.
Cette dette - qui est en fait celle que nous léguons de nos enfants et petits-enfants - est le cumul de 3 administrations : les administrations publiques centrales (APUC), les administrations de sécurité sociale (ASSO) et les administrations publiques locales (APUL).
Nous continuons, inlassablement, à dépenser toujours plus que l’année précédente (+ 65 milliards par rapport de 2018).
À titre de comparaison, en 2019, la dette de l’Allemagne est à 59.7% de son PIB et celle du Royaume-Uni à 75% de son PIB. La marge de manœuvre de ces 2 pays, en cas de crise profonde, est considérablement plus importante que la nôtre. On sait aujourd’hui que nous manquerons de marge pour notre relance économique.
N.B : en 2020, nous allons devoir emprunter quelques centaines de milliards de plus qu’habituellement, pour sauver notre économie du désastre dû aux conséquences économiques du Covid-19. Notre dette pourrait dépasser les 120%, car elle sera conjuguée à la baisse importante de notre PIB !
Fin février 2020, la dette négociable de l’État avait déjà progressé de 25 milliards, s’élevant à 1 848 milliards, contre 1 823 fin décembre 2019. Pourtant, la crise du Covid-19 n’avait pas encore vraiment commencé.
Balance commerciale des biens (source Insee)
- France 2019 = − 72.7 milliards, soit une aggravation de 13 milliards par rapport à 2018.
En 2019, hors aéronautique, luxe et quelques autres pépites touristiques, nos offres, toujours peu adaptées à la demande mondiale... mais aussi à celle domestique, nous obligent à importer toujours plus.
À titre de comparaison, la balance de l'Allemagne était en 2019 excédentaire de 227.8 milliards (Insee). Quant au Royaume-Uni, avec un déficit de presque 200 milliards, sa sortie de l’Union européenne risque de ne pas arranger ses affaires.
Au final, les chiffres de la France restent souvent moins bons que ceux de la moyenne européenne.
La crise des gilets jaunes, les mouvements sociaux dus à la réforme des retraites, les conséquences des guerres commerciales déclenchées par D. Trump contre la Chine, contre l’Union européenne, mais aussi contre la France… n’expliquent pas tout. Notre pays continue à souffrir de nombreux maux profondément structurels.
Malheureusement, il est à craindre que nous traversions la récession de 2020 plus difficilement que les pays ayant un niveau de dette inférieur au nôtre, une balance commerciale plus équilibrée, ainsi qu’un meilleur taux d’emploi et de chômage. Nos marges de manœuvre sont retreintes, et il est à craindre que nous en sortions… plus difficilement et moins compétitifs.
Rendez-vous en mai 2021 pour le bilan de 2020.
1 : Les chiffres macroéconomiques des États-Unis entre 1929 et 1945 montrent l'ampleur de la crise en Amérique, puis sa sortie (Aimé Fay : La crise en quelques mots. Édition L’Harmatan, Paris 2015) :
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Crédit photo : chribactu.20minutes-blogs.fr. Texte modifié par A. Fay.
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