France 2022. Ouverture de la campagne présidentielle. Le fait du prince
Tranquillement s’accorder deux heures de propagande personnelle à quelques jours de la mise en œuvre des règles du temps de parole pour les candidats ou candidats supposés pour d’emblée signifier qu’ici nous vivons dans un régime démocratique spécial et qu’il n’a pas l’intention d’y renoncer.
Effacer ses traces et désigner ses adversaires dans le confinement démocratique officieux dont les grands médias sont chargé de surveiller les frontières.

A quoi sert un journaliste ? Deux ici en l’occurrence.
A donner la réplique dans un scénario sur mesure de construction (de reconstruction) d’une image. Du bon boulot de cabinet spécialisé à première vue.
Quelques fautes de goûts malgré tout. Invoquer le danger de la peur et de la violence en l’associant à un mouvement social sans en expliquer les origines, c’est nous inciter à un retour sur un épisode d’incompréhension, d’impuissance, d’incompétence, de recours au pourrissement en nous murmurant en préalable de la période qui arrive l’avertissement de la menace. Comme si nous avions oublié les causes profondes et immédiates, les circonstances, le partage si l’on peut dire et les moyens de la violence. Oublié aussi les épisodes de perquisitions ciblées (17 pour un mouvement politique +1 dans la presse) quelques mois après une élection si fragile qui se sont finalement avérées sans objet.
Subliminal direz-vous. C’est l’ingrédient magique des spécialistes de la communication politique et autre. Qui agit comme souhaité tant qu’il n’est pas détecté.
Autres fautes de goût. Devoir invoquer le bon fonctionnement de la démocratie dans la gestion de la crise sanitaire, la bonne gestion du temps, l’autorité nécessaire de la parole scientifique comme une justification attire le regard sur les errements, les affirmations hâtives, le recours à notre infantilisation voire à notre brutalisation, sur l’immense dérive médiatique de ceux qui ont cru que leur rôle étaient de relayer et d’amplifier sans recul les éléments de langage régulièrement renouvelés et d’épouser et de faire vivre les polémiques comme lors des grandes affaires judiciaires perdant de vue leur contribution attendue sur la cohésion et l’intérêt général.
Le fait du prince, c’est aussi de désigner soi-même ses adversaires politiques, les nominés de la galerie électorale officielle.
Avec une mention spéciale pour qui vous savez en mobilisant la belle écriture des petits enfants. En signifiant sans le dire explicitement qu’ils sont tous d’accord sur le fond mais qu’il y en a de plus sérieux et adroits comme lui. Bien sûr qu’il va supprimer lui-aussi des fonctionnaires, diminuer et déséquilibrer un peu plus le partage de la richesse et de la qualité de vie en augmentant la durée de vie au travail, mais avec lui ce sera réfléchi et moderne, ce qui était les mots mêmes de Sarkosy en 2007.
Une mention spéciale aussi pour la démocratie. Il n’y a pas apparemment ici dans ce discours d’alternance possible, d’alternative démocratique envisageable, pas de gauche encore moins de gauche authentique qui pose la question du pilotage économique par le politique et non par le marché et ses délégués élus du minima électoral quand ce n'est pas des circonstances, qui pose la question de la mise à jour de nos institutions et de la nécessité de processus démocratiques associant les citoyens, la question de la nécessaire évolution des traités européens.
Merci de nous le rappeler officiellement. Nous n’en tiendrons pas compte. Non par esprit de contradiction mais par souci de la république et de la démocratie.
Repères :
● A noter ; Le fait du prince, suite : Donald Tusk, alors président du Conseil européen avait proposé à E Macron en 2017 de maintenir le début de la présidence française du Conseil de l’UE à la date prévue avant le départ des britanniques au 1/07/22 ou d’inverser la présidence semestrielle avec les tchèques. Instrumentalisation ou pas ? (source Marianne n°1291 du 10 au 16/12/21)
● Spécial retraite : Un petit bijou écrit par une modeste retraitée. Chez moi on disait : « C’est tout un art de plumer l’oie sans la faire crier. »
Vous êtes peut-être taxé sans trop de douleur mais au moins vous saurez comment. Savoureux.
● Si on veut s’échapper du catéchisme écologique calibré pour les périodes électorales et récupérer au passage matière à réflexions :
Invité du « Grand Face-à-Face XXL » sur France Inter Cyril Dion, réalisateur, écrivain, militant écologiste, auteur de « Petit Manuel de résistance contemporaine. Récits et stratégies pour transformer le monde » (Actes Sud
● France Culture :Le rendez-vous de la presse étrangère par Caroline Broué (27/11/21-25 mn).
L’Europe face à la cinquième vague de Covid / Comment éviter les débordements dans les stades de foot ?
Pas de contenus permettant de disposer de repères essentiels à un état des lieux et une prise de recul. Des chiffres prédéfinis comme inquiétant et le vocabulaire et la rhétorique de l’amplification.
Un discours convergent de quelques correspondants et un glissement progressif vers les termes d’antivax, de néofascistes, de violences contagieuses foot/rue/ et quoi d’autre ?
Il me semble que cette génération de journalistes surpasse celle du nuage de Tchernobyl.On dirait un club de bons amis se congratulant.
● La droite et le rêve américain de Macron par Denis Sieffert publié le 10 novembre 2021
https://www.politis.fr/articles/2021/11/la-droite-et-le-reve-americain-de-macron-43760
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