France 2024/25 : Le joker de l’oligarchie
Un flirt médiatico-politique qui se termine mal. La macronie-lepénie et leurs invités se disputent la vaisselle sale.
L’oligarchie et son joker.
Si nous ne voulons pas nous voir imposer, à l’insu de notre plein gré, le joker de l’oligarchie qu’il n’est même plus besoin de nommer, alors il s’agit de ne pas perdre de vue les éléments qui structurent la trame politique actuelle ni méconnaître ou sous-estimer les procédés d’influence en œuvre au cœur de ce que l’on continue de nous présenter comme une démocratie représentative . Si nous voulons pouvoir nous conduire comme des citoyens éclairés, il s’agit ne pas perdre de vue les ficelles qui se tissent et se resserrent depuis un moment déjà et qui à nouveau nous entraînent vers un toboggan dont nous venons de déjouer les pièges et la supercherie électorale. Comme si tout cela était juste une parenthèse, une récréation, une joute un peu contrariante mais sans conséquence alors que c’est en réalité un coup d’état institutionnel. Se jouant de nos textes constitutionnels en pariant sur l’anémie de nos réflexes démocratiques qu’une certaine classe politique a savamment cultivée depuis des années. Une alternative démocratique, sociale, économique et écologique proposant un programme dont la pertinence et la cohérence ont été reconnues par plusieurs centaines d’économistes dont une prix Nobel. Arrivée en tête d’une élection, un détail, et qui est tranquillement passée aux oubliettes comme si éternellement nous étions dorénavant prisonniers du terrain et des règles d’un pouvoir qui s’auto-légitime grâce au quatrième pouvoir (1). Celui-ci étant dans les mains lui-même du cinquième pouvoir (2). Cette nouvelle féodalité a un joli nom, oligarchie.
Si nous voulons vraiment un jour être enfin respectés en tant que citoyens, commençons par nous débarrasser une bonne fois pour toute de la laine que l’on nous colle à la peau à chaque bain médiatique quotidien. Qui nous rassemble plus sûrement que l’appel d’un barde sur la place du village. Une force médiatico-politique et financière d’une puissance et forme jamais vues en réalité jusqu’ici. Et qui s’est imposée et que nous ne pouvons que subir sans que nous n’ayons eu aucun moyen démocratique d’en décider et/ou d’en demander la diversité, la régulation et l’indépendance vis-à-vis des forces de l’argent.
Opération fillonade versus macronade.
Nous venons d’assister dans la débandade au coming out de la droite et de l’extrême-droite. Un coming out étant le plus souvent une révélation un peu spectaculaire dont pour beaucoup nous avions déjà la connaissance. Nous en sommes à l’heure de vérité. La croisée des chemins. La levée des doutes et ambigüités. Le moment où nous pouvons dire sans retour en arrière possible, comme dans le conte d’Andersen, « le roi est nu » (3).
Qui est vraiment surpris à part la partie de l'électorat RN qui se découvre abusé et les cadres et élus des droites acculés à se débattre au milieu des chausse-trappes qu’ils ont eux-mêmes préparées en s’imaginant couler ensemble la gauche historique et l’alternative qu’elle représente. En croyant pouvoir monopoliser le terrain de jeu pour leurs compétitions afin de déterminer qui serait finalement retenu par l’oligarchie pour conduire ses affaires.
Nous voici rendu au temps de la débandade des sondages. La débandade d’un Jordan Bardella ne retrouvant plus en pleine campagne le pitch de son plan Matignon. La débandade d’un Ciotti s’enflammant d’un coup dans un ralliement prématuré. Se voulant pionnier et que voilà déjà prisonnier. Prenant le risque de faire capoter par son empressement des arrangements entre amis qui avaient besoin de discrétion pour ne pas heurter ni démobiliser toute une partie de l’électorat de la maison qu'il a ralliée. Voir s’afficher un front républicain anti RN récupérer des voix tout en secourant et dopant un RN en danger devant la gauche revient en fait à trahir la parole donnée à tous ses électeurs. Ceux qui ne veulent pas du RN et ceux votant RN qui découvrent après-coup la collusion électorale LREM, LR, RN alors qu’ils croyaient soutenir un parti s’affichant social et souverainiste. Comme déjà en 2022 quand la NUPES menaçait. Révélant une nouvelle fois la priorité et la communauté des intérêts ici partagés à la tête des partis.
Puis vint l’inévitable moment Macron /le Pen avec le marché de dupe rendu encore plus visible. Des têtes pensantes un peu foutraques imaginant dans un optimisme forcé sauver les apparences avec un Barnier en intérim. Cavalier (au sens du jeu d’échec) un peu sacrificiel. Pratiquant le machiavélisme maladroit de celui qui a déjà perdu ses illusions s’il en eût un jour. Aveugle pour une part sur lui-même de grimper ainsi dans cette galère avec une Marine le Pen, tout aussi aveugle. Se réjouissant de se voir donner ici le rôle du tambour donnant la cadence aux rameurs. Sans vouloir voir mais nous donnant à voir que c’est l’affréteur, le capitaine et l’équipage tous ensemble qui en réalité posent problème. Et que, de surcroît et par dessus tout, c’est du voyage et de sa destination, floutée comme il se doit, mais sur laquelle dorénavant plus grand-monde de la colonne vertébrale du pays, le monde du travail, n’a de doute. Nous en sommes arrivés au point qu’il n’est même plus besoin de préciser quels intérêts et quels rapports de force sont en jeux et à la manoeuvre. Avec Fillon puis en 7 longues années nous avons eu le temps d’apprendre et de comprendre.
Une banalisation réussie.
Le bon côté des choses, c’est que c’est une banalisation réussie. Mais pas celle qu’imaginaient les petits stratèges de la maison Macron et Le Pen. Qui collaborent, rivalisent et se surveillent en même temps, chacun espérant tirer profit comme il pourra de la partie en cours. Nous révélant là, sans le vouloir, déjà leurs connivences et ressemblances. Leur deal sulfureux entre titulaire et remplaçant (4).
Tous s’inspirant à la fois du flipper, du billard à bande et de la commedia dell’arte afin de tenter d’organiser la comédie politique et ses péripéties en espérant en plier l’issue finale à leur avantage. Ces gens ont oublié l’essentiel. Nous avons des cerveaux et savons nous en servir. Nous faisons citoyenneté entre nous dans la vraie vie et nous ne ressemblons pas malgré les apparences dont ils nous inondent à l’humanité telle qu’ils la rêvent (et la méprisent). Celle que l’on nous présente dans les petits scénarios de la publicité, celle que l’on entend à travers les filtres de ceux qui ont été choisis pour avoir le droit de poser une question dans les matinales, celle qui s’appelle « les français pensent que » et qui nous dit si nous sommes conformes, bien dans la norme, en répondant aux questions préparées par les sondeurs, commandées par les médias, qui ensuite nous en expliquent les réponses. En nous faisant communier au travers d’un nouveau culte qui nous est imposé. Celui des sondages avec la parole sacrée de leurs oracles, les sondeurs. Nous distillant des schémas de pensée et éléments de langage que nous reprenons tous plus ou moins dans nos réflexions et discussions. Nous pensant éclairés et informés. Reconnaissons que nous ne savons comment y échapper totalement dans le cadre actuel puisque, force de diffusion, concentration des médias aux mains de milliardaires et service public démuni des outils de l’indépendance obligent, cette puissance structure nos échanges jusque dans les réseaux sociaux et bien entendu bien dans des articles ici-même et dans bien des commentaires.
Un joker déjà bien carbonisé.
Nous nous souvenons tous de la montée pénible puis accélérée d’un coup d’un Fillon gravissant son Golgotha médiatique et judiciaire (pour une fois la justice fut étonnamment prompte) en route vers le sacrifice final. En vue, apparemment de la vérité enfin révélée et de l’édification des foules. Alors, ne partageons pas trop vite l’illusion d’être parmi les spectateurs éclairés, illusion entretenue par un amour-propre flatté par d’habiles manipulateurs nous faisant croire dans la confidence de leurs révélations. Les foules, les spectateurs inconscients d’être conduits comme des moutons, c’est nous et ce sera toujours nous. C’est nous si nous abdiquons notre esprit critique et notre capacité à résister à l’embrigadement par la répétition des éléments de langage, la mise en scène des événements et des faux débats qui les accompagnent. Toute une mise en forme qui nous construit et nous impose jour après jour la réalité médiatique de ces gens qui nous conduisent sur leur chemin, là où ils veulent nous emmener.
Pour le plus grand nombre, nous nous sommes laissés embarquer dans la laborieuse puis acrobatique fillonade évoquée plus haut. Qui a accouché d’un joker, devenu en quelques semaines chouchou de toute la presse et médias, l’intronisant irrésistible prince sauveur (de quoi au juste ?). Présenté comme incontournable, le Macron. Les mêmes pouvoirs médiatico-politiques qui s’imposent au pays vont-ils cette fois-ci encore réussir, en nous divisant et nous éblouissant suffisamment avec une réalité fictive mais omniprésente, voire oppressante si nécessaire, en usant de suffisamment d’habileté, à nous imposer cette fois-ci, après leur récente tentative en forme de bégaiement ou de répétition (27 sondages sur 27 annonçant le triomphe quand même) le joker final de l’oligarchie que l’on nous annonce, bien sûr, sous un autre attelage et apparat ? À quel scénario final aurons-nous droit ? À du grotesque jusqu’au ridicule ? Ou au grand cirque façon Macron 2017, qui sait, avec des événements imprévus immédiatement configurés pour nous pousser dans des bras accueillants ?
Toutes les vieilles recettes sont toujours là. Prêtes à nouveau à servir. Depuis longtemps calibrées pour nous éloigner de l’essentiel qui nous réunit. Nos aspirations de démocratie, de justice sociale et de responsabilité politique et écologique qui n’en peuvent plus d’attendre. Des recettes calibrées pour nous embourber une fois de plus dans la confusion et la division alors que l’encre de la loi qui vient encore de servir pour les mêmes raisons à l’approche des législatives n’est pas encore sèche. Nous laisserons-nous prendre à ces recettes et d’autres que nous connaissant tous comme l’insécurité. Comme si récupérer électoralement sans fin ces sujets faisait de certains des responsables honnêtes et compétents. Alors que même sur ces sujets, à y regarder de près, ces gens sont en réalité plus qu’incompétents et ne sont que de pauvres démagogues. Qui sans les haut-parleurs que mettent à leur service des milliardaires ne seraient que groupusculaires. Nous valons tous beaucoup mieux que cela et nous avons à mettre une démocratie sur pied en ayant déjà perdu beaucoup de temps grâce à des gens qui la redoutent et qui font tout pour lui barrer le chemin. Ensemble. Qui n’entend pas dans l’ascenseur qui nous emmène la petite musique de fond « Plutôt cela que le danger d’une démocratie citoyenne socialement et écologiquement responsable et équitable ».
Une parole de citoyens, fière d’elle-même et de ce qu’elle a à dire, et qui arrive encore à sortir d’un temple de la démocratie.
Terminons sur une note revigorante et des paroles plus franches. Goûtons à un véritable baume médiatique nous faisons circuler le sang et agitant nos neurones. Venant d’un temple de la démocratie où encore, de temps en temps, notre parole de citoyens, fière d’elle-même et de ce qu’elle a à dire, arrive encore à sortir. Une parole qui nous rappelle pourquoi nous devons nous rassembler sur les fondamentaux d’un socle partagé. Pourquoi nous devons voter résolument, à chaque fois, avec persévérance, sans défaillance ni atermoiement, pour ceux qui sans discontinuer nous proposent des analyses et des bases claires. Sans se renier ni renier leurs engagements .Loin de la comédie et de la diversion des caricatures des personnes, des anathèmes et des promesses sans contenus concrets qui ne sont que des leurres .Voter sur un programme clair et explicite qui nous engage tous dans notre lucidité , notre responsabilité et crédibilité. Et au premier chef les responsables et les mandants des mouvements et partis politiques qui sont nos délégués qu’il nous appartient d’élire ou de récuser. Programme qui témoigne une fois pour toute de qui nous sommes et voulons être et à qui nous avons affaire aussi. Si vraiment, c’est une démocratie citoyenne socialement juste et écologiquement responsable que nous voulons construire avec les efforts et les responsabilités qui vont avec.
« Monsieur Barnier : vous ne devriez pas être là face à moi. »
Le discours de Clémence Guetté porte sur la motion de censure (video10 mn, 8/10/24). Ici une jeune élue du peuple dit tranquillement ses quatre vérités à un premier ministre d’un autre temps et autre monde qu’on dirait déjà accablé et encombré d’un titre récupéré d’une vilenie faite dans le dos de la démocratie. Déjà vaincu par le poids de la culpabilité, de la dissimulation et de l’honneur perdu.
Une parole où se mêlent une colère sereine et un bonheur manifeste de débusquer et détailler les étapes et la phase terminale d’un régime en train de payer le prix de la ribambelle d’hypocrisies, de mensonges, d’ injustices et de blessures successives qu’il a infligés au pays depuis 2017avec ses complices. Une parole portée par l’énergie du lendemain qui nous pousse vers une démocratie citoyenne et un travail difficile mais dont les fruits bénéficieront équitablement à tous. Enfin.Une des voix d’une génération au travail et qui tient ses promesses et nous rassure sur l’avenir. C’est débordant d’intelligence, de précision, de justesse et d’une impertinence gaie qui dissout sans échappatoire possible toutes les boursouflures de la comédie en cours.
C’est à diffuser largement et à se repasser à chaque fois que nous avons besoin de fraîcheur, de joie et d’énergie .De mémoire aussi de qui a fait quoi. Un bonheur. Merci à Clémence Guetté de la part des électeurs du NFP qui eux n’ont eu besoin de trahir personne. Nous sommes fiers de vous et de nous.
Lucidité, rassemblement, responsabilité et travail comme réponse aux acteurs de la division du pays.
N’oublions cependant pas d’être plus que jamais vigilants et résolus dans ces moments décisifs où les acteurs de toute cette politicaillerie ont tant à perdre. Et montrons-le ostensiblement avec fierté et détermination afin de confondre ceux qui ne manqueront jamais d’essayer de nous entraîner dans leurs habituelles comédies grinçantes et danses macabres. Celles de toutes les caricatures existantes et de leurs dernières trouvailles. Des adversaires politiques qui ne reculent devant rien jusqu’à l’accusation d’ignominies relevant de l’infraction à la loi. Pour lesquelles ils n’apportent jamais aucun élément probant ni ne prennent le risque d’une plainte au judiciaire qui les disqualifierait encore un peu plus. Y trouvant leur beurre car ils contribuent ainsi au pourrissement du débat et de la clarté démocratique.Afin qu'elles ne puissent se manifester avec les risques qui les exposeraient. Afin de tenter d’arrêter la dynamique de rassemblement et de changement qui traverse toutes les couches sociales de la société depuis si longtemps maintenant. Des citoyens qui n’en peuvent plus d’attendre et de devoir assister à toutes ces dérobades et mystifications de comédiens médiocres qui n’ont d’espoir et d’échappatoire que dans nos divisions et résignation. Soyons également extrêmement vigilants quant aux intimidations judiciaires et policières à l’encontre des responsables politiques, des militants et des citoyens qui ne renoncent pas à l’être. Parce que nous savons tous que le pli est pris depuis un moment déjà et que le vide à chaque fois révélé de ces menées accusatoires n’arrête pas ces gens. Soyons des citoyens pleinement présents et faisons payer cher dans les urnes ceux à l’origine de ces menées et ceux qui, pas vraiment fâchés de voir de potentiels concurrents ainsi traités oublient qu’ils seront de par leur manque de courage et de sens politique les prochains sur la liste.
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