France Inter, c’est fini sur les Grandes Ondes ?
Mais cela va gêner certaines personnes dont visiblement tout le monde se fiche, en particulier môaaa !
Non, je plaisante, ce n'est évidemment pas pour les gens comme moi que l'arrêt de la diffusion de France Inter sur grandes ondes va être le plus problématique.
Tout d'abord, le fait de conserver la radio sur ondes longues pourrait permettre de diffuser à la population française des messages urgents en cas de besoin. J'espère que le besoin ne s'en fera jamais sentir, évidemment, mais on devrait, par mesure de précaution, conserver ce canal de communication, juste au cas où. Ca éviterait ensuite de venir pleurnicher si un jour on en avait eu besoin mais que ce canal n'avait pas été disponible. Personnellement, je ne trouve pas si obsolète que cela de diffuser des messages d'urgence à la radio.
Ensuite, il y a des personnes sur le territoire français pour qui, apparemment, les ondes longues sont la seule façon de recevoir France Inter car, en raison de leur situation géographique, elles ne parviennent même pas à capter la FM là où elles se trouvent. J'imagine des personnes situées dans des coins reculés de montagne, par exemple. Cet article de Télérama précise que seulement 96% du territoire français reçoit France Inter sur la bande FM. Cela laisse 4% sur le bas côté de la route. Là, c'est vraiment problématique. Il n'y a aucune raison pour que l'on ne prenne pas en compte les personnes qui vivent dans ces 4% de territoire, et qu'on les oublie. France Inter en FM touche d'ailleurs bien plus que France Info qui ne couvre que 88% du territoire.
C'est vrai que cela coûte cher de continuer à diffuser sur les grandes ondes, mais cela revient à dire à tous ces gens : "écoutez, fichez nous la paix, vous nous coûtez cher et finalement vous n'êtes pas si importants que cela. Tant pis pour vous."
Alors bien sûr on peut toujours, me direz-vous, écouter France Inter en direct sur Internet. Mais c'est oublier plusieurs choses :
Et d'une, si votre fournisseur d'accès plante (ça peut arriver), ou si votre matériel informatique plante, vous êtes subitement privé de votre écoute "en direct".
Et de deux, si vous avez fait le choix, comme nous l'avons fait, de ne pas avoir le WiFi chez vous mais de conserver votre connexion Ethernet (entre parenthèses je n'ai plus de maux de tête depuis qu'on n'a plus le WiFi, c'est une coïncidence ou cela a réellement un rapport ? J'aimerais bien le savoir...), vous ne pourrez écouter votre radio que dans une seule pièce, le nez scotché devant votre ordinateur. Un peu limité, vous ne trouvez pas ?
Et de trois, mais tout le monde s'en fiche d'eux donc pourquoi est-ce que je prends la peine d'en parler, il y a des personnes âgées qui n'ont pas l'habitude, ou pas envie (c'est leur droit) de se servir d'Internet pour écouter la radio, qui ont passé leur vie entière à tourner le bouton d'un poste de radio et recevoir la seconde d'après le son, et qui peuvent voir d'un mauvais oeil le fait de devoir...
1) Allumer l'ordinateur
2) Attendre que l'ordinateur soit allumé (bon, d'accord, ça ne prend que quelques secondes, mais déjà, à ce stade, le poste de radio serait en marche depuis longtemps)
3) ouvrir leur navigateur Internet
4) Se connecter sur le site Internet de France Inter
5) Accéder au "direct" de France Inter
6) Attendre (quelques secondes, certes...) que le direct se charge
... pour pouvoir écouter la radio.
Et puis il y a des gens, peut-être des personnes âgées là aussi, qui n'ont tout simplement pas Internet chez eux, et cela ne fait pas d'eux des extraterrestres ou des attardés mentaux pour autant. Je suis restée entre 2004 et 2011 sans avoir Internet chez moi (je l'avais entre 1997 et 2004 puis j'avais décidé de résilier mon abonnement) et je n'en suis pas morte, même si j'ai continué à l'utiliser dans les webcafés et les bibliothèques lorsque j'en avais besoin.
Ces personnes là, si elles sont situées dans les zones non couvertes par la FM, elles sont définitivement laissées de côté.
Finalement, il y a les expatriés, dont je fais partie. Pour nous, c'est moins grave (du moins c'est mon opinion) car nous ne pouvons pas dire que nous vivons l'injustice de ne plus recevoir France Inter sur un poste de radio alors que nous nous trouvons sur le sol français lui-même. Pour nous c'est plutôt ennuyeux, et surtout décevant.
Pour vous raconter un peu ma vie, le matin, quand je me lève (très tôt, et en plus je me lève à l'heure anglaise donc une heure plus tôt que vous, si, si...) j'aime bien tourner le bouton de la radio (vintage) et capter le doux son de France Inter sur les grandes ondes alors que je prépare le petit déjeuner dans la cuisine. C'est sympa comme truc à faire. J'en parlais en mai dernier dans cet article de mon blog.
Evidemment, le son que l'on capte est parfois un peu altéré par des grésillements et les craquements, ceci dépendant, semble-t-il, du temps qu'il fait. Même si nous avions le WiFi et que j'avais un ordinateur dans la cuisine, je me vois mal devoir passer par toutes les étapes décrites plus haut pour, enfin, parvenir à écouter les nouvelles françaises du matin.
Comme je l'ai déjà dit ici ou là, être expatrié ne signifie pas vouloir couper les ponts avec la France. D'autant plus que, dans les pays où nous vivons, et il y a des expats français partout dans le monde, nous sommes considérés comme les ambassadeurs et représentants de notre pays. Il est donc important, et pas seulement pour nous-mêmes, de rester au courant de l'actualité française car lorque les gens veulent avoir un renseignement sur la France, ou comprendre mieux ce qu'il s'y passe, c'est à nous qu'ils posent leurs questions.
Pour ce qui est de la télévision, heureusement qu'il existe TV5 Monde, qui propose une sélection de programmes francophones, sinon il faudrait passer par tout un système d'abonnements pour pouvoir regarder une émission en français. Mais quid de la radio, alors ?
France Inter, je l'écoute en direct sur l'ordinateur si je travaille sur quelque chose qui ne demande pas une concentration maximum, et donc le silence. Je pourrai donc continuer à l'écouter de temps en temps et j'en suis très contente. Par conséquent, je ne suis pas à plaindre, mais je suis tout de même déçue à l'idée de ne plus pouvoir tourner le bouton de mon poste de radio (vintage) le matin lorsque je mets ma superbe cafetière (vintage, des années 70) en route, ou le soir lorsque je fais la cuisine (avec mes supers -et ultra solides, pas du Made in China !- appareils électroménagers des années 60).
Au temps jadis des heures glorieuses de la réception de la radio française par les expatriés européens, je recevais France Info, mais j'ai cessé du jour au lendemain de la capter. J'entends toujours au loin, très loin, dans le brouillard des craquements et des gémissements de ma vieille radio, un espèce de truc qui m'a tout l'air de ressembler à Europe 1, à moins que ce ne soit RTL, mais la réception est tellement mauvaise que j'ai vite laissé tomber.
Je continue (et j'espère continuer !) à capter une radio belge géniale, nommée La Première, que j'écoute déjà de temps en temps car elle propose d'excellentes émissions, et même si je me sens forcément moins concernée lorsque j'entends un reportage sur ce qu'il se passe à Namur ou Charleroi, je trouve ça très bien de ne pas me restreindre à ce qu'il se passe en GB ou en France. Sur La Première, ils donnent d'ailleurs des nouvelles de ce qu'il se passe en France, alors que la réciproque est rarement vraie.
Couper un canal de communication en français... et après cela, la France se plaint de perdre de l'influence dans le monde et de voir la langue française de moins en moins parlée et apprise (regardez ce qu'il se passe dans les pays de l'ex Indochine par exemple) !
Mais avant de penser aux expatriés, ou même à la présence de la langue française dans le monde, il faudrait penser à toutes les personnes situées en France qui ont besoin, et pas seulement envie comme moi, de continuer à recevoir France Inter sur les ondes longues.
J'ai signé une pétition ici pour demander le maintien de France Inter sur les ondes longues. Comme j'ai été super frustrée de voir mon commentaire coupé lors de la publication de ma participation (ça m'apprendra à écrire des trucs concis au lieu de m'étaler) du coup j'ai rédigé ce petit article qui m'a permis de bougonner, de ronchonner et de grognasser autant que je le souhaitais.
Une pétition sera-t-elle efficace lorsque 13 millions d'euros d'économie sont en jeu ? J'en serais surprise, mais je crois qu'il est tout de même important de la signer, ne serait-ce que pour mesurer le nombre de personnes qui se sentent concernées par cette disparition programmée.
Alors, en attendant la disparition future des postes de radio eux-mêmes (sait-on jamais...) je vous souhaite une excellent journée, à l'écoute de votre radio préférée ! :-)
(L'image utilisée en illustration provient de cet article : "Radio France en ondes moyennes et longues : suicide ou euthanasie ?" Cet article est beaucoup plus technique et explique bien mieux que ce qu'une profane comme moi ne saurait le faire la raison pour laquelle restreindre la diffusion de France Inter sur la bande FM est un abbération.)
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