France Profonde : la politique du moutruche...
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« Maintenant que nous avons la certitude que notre Pays vivra dans l’alternance politique les futures décennies, nous pourrions en retirer les avantages d’un débat national apaisé et constructif. Mais c’est sans compter avec la hargne de nos dirigeants qui semblent n’exister qu’à travers une presse déchaînée et de plus en plus soutenue…par nos impôts.
Sans compter que nous pouvons voir se dessiner une autre cristallisation idéologique : l’économie contre l’environnement. Avec le souci sans cesse exprimé, plus ou moins insidieusement par leurs porte-paroles, de nous faire peur en nous promettant que, s’ils ne sont pas suivis, nous vivrons pauvres, pour les uns, ou que nous allons tous mourir, pour les autres.
C’est pourquoi, dans cette dernière année de mandat municipal, en même temps que mes Vœux pour chacun d’entre vous, j’ajoute le souhait que nous puissions continuer à œuvrer ensemble, avec de l’Humanité et si possible de l’Humour, en tout cas pas de l’Humeur, et peut-être de la Peur »
Sic, sic, sic : texte intégral garanti.
Sick, sick, sick : un populisme à vomir.
Voilà les vœux (tardifs, mais on les eût préférés inexistants) d’un élu local.
Et si je me permets d’offrir ce lamentable morceau de bravoure à votre appréciation, chers lecteurs, c’est parce qu’il me semble représenter ce qui se pense de pire dans la majorité des villages français, vous savez, ceux de la vieille affiche de « La force tranquille ». Bref, parce qu’il a une portée nationale.
Indépendamment de la mention d’idées politiques personnelles, inadmissibles sous la plume ( ?) d’un supposé représentant de tous les administrés d’une commune, ce discours fait preuve d’un mépris absolu pour ce qu’il est convenu d’appeler le Peuple, dans le style « Dormez tranquille, bonnes gens, je veille au grain et vous offre même la vie éternelle »…
La crise n’existe pas, non non non, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes (sous-entendu du moment que je conserve mes précieux privilèges de praticien libéral). Et surtout, n’ayez pas peur – comme nous le rabâche la Bible depuis deux mille ans !
Contrairement à une opinion bêtement répandue, ça n’est pas parce que nombre de (petites) villes sont désormais construites à la campagne qu’elles échappent aux malédictions actuelles de la société.
A savoir que, cette petite ville en question se trouvant à dix kilomètres d’une centrale atomique plutôt vétuste, il est effectivement très humoristique de se moquer ouvertement des aspects écologiques du problème ! Si le raz de marée de Fukushima ne la menace pas a priori, il en est bien autrement des fuites permanentes (souvent annoncées et aussitôt démenties) qui s’y produisent et qu’il est honteux de vouloir sous-estimer !
A savoir aussi que tout le monde (grandes fortunes exceptées mais leur rareté rend ici leur utilisation statistique pratiquement nulle) risque actuellement de devoir faire face, à plus ou moins brève échéance, à un souci de pauvreté. Les salariés, qui risquent le licenciement annoncé… Les retraités, qui risquent la baisse de leur pension… Les étudiants, qui risquent le chômage programmé ( et dont 60 000, aux dernières nouvelles, se prostituent pour payer leurs études)… Les agriculteurs, qui risquent l’endettement et la ruine. .. Les familles vont devoir faire face à la taxation des prestations, les assurés sociaux à la baisse permanente des remboursements, les malades à l’obligation des dépassements d’honoraires et à la rareté croissante de l’accès aux soins… L’école ne fait plus face et n’éduque plus (de educare : conduire vers), l’ascenseur social, pour peu qu’il eût existé, est en panne définitive… Et même l’église démissionne (mais ça, c’est pas grave !)
Sûrement pas de quoi pavoiser et hurler très fort que tout va très bien, Madame la Marquise, même avec un sens de l’humour très développé !
Quant à « la presse déchaînée et soutenue pas nos impôts », il faut, pour se permettre d’avancer de telles stupidités, ne jamais regarder la télévision et ne jamais lire les journaux, où les consensus mous tiennent largement la vedette…
Alors, voyons les choses en face : on va (presque) tous devenir pauvre et on va tous mourir un jour, c’est absolument certain, quoi qu’on fasse, et même si l’on nous affirme le contraire à longueur de J.T. ! C’est peut-être le moment de prendre notre destin en mains et d’essayer de changer un peu la vie ???
De faire en sorte que ces années qui nous restent et qui s’annoncent bien grises, voire plutôt noires, se débarrassent des affrontements partisans, de la course au « toujours plus » et au « mieux que » que nous proposent chaque jour la publicité et la sacro-sainte loi du marché. Au lieu de dormir sur des lauriers désormais bien fanés, inventons d’autres voies… Oui, c’est sûrement simpliste. Oui, c’est peut-être utopique… Mais on sait que les utopies ne sont que des vérités prématurées …
Et aussi que « La civilisation approche peut-être d’un de ces longs hivers qu’elle connaît de temps en temps. La période chrétienne, pittoresque, passionnée et malheureuse, peut prendre fin. Une catastrophe de ce genre ne devrait pas nous désespérer. »
C’est un « peut-être » qui devient de plus en plus sûr ! Crions « Tant mieux » : on va enfin découvrir autre chose !
Et, si nous avons commencé par les divagations d’un prétendu politicard, finissons par l’injonction d’un poète :
« Verse-nous ton poison pour qu’il nous réconforte
Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau,
Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel qu’importe ?
Au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau. »
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