France Soir : Quotidien adepte du moins que rien
France soir, dans son édition du 31 mars, a décidé que l’Homme du jour était Vladimir Poutine, actuel président très controversé du gouvernement russe. Depuis sa renaissance, le journal ne cesse de faire parler de lui, ne cesse de dévaluer le visage de la presse. Retour sur ses débuts.
Certains journalistes, comme Edwy Plenel de Mediapart.fr, estiment que l’information a un coût, et que baisser le prix de la presse ne peut se faire qu’au détriment de la qualité de celle-ci. Le cas de France soir ne saurait que confirmer cette idée. D’ailleurs, à seulement 100 000 exemplaires vendus par jour, le quotidien ne parvient pas à faire des bénéfices (il faut 150 000 ventes pour que les comptes restent positifs) et a décidé d’augmenter le prix de l’édition du week-end à 90 centimes.
Une information recyclée… Un effort moins que rien !
Au 2ème nouveau numéro, le quotidien annonçait fièrement en Une, « des photos exclusives » de Johnny Hallyday. Pourtant, quelques temps après, le site Pure People avançait que les photos dataient en vérité de 2006.
De la politique ? Oui, mais moins que rien !
Le propriétaire du journal, le russe Alexandre Pugachev, était l’invité de la matinale de Canal Plus pour évoquer la nouvelle formule du quotidien. Il a voulu, à cette occasion, préciser qu’il ne s’occupait pas de politique. En effet, il a tenu sa promesse puisqu’au lendemain des élections régionales, comme l’a relevé le site Arrêts sur Images, la Une oubliait de mentionner les résultats des élections et la défaite de la droite.
Une connivence avec le pouvoir ? Oui mais plus que rien !
Du Sarkozy partout, tel devait être le mot d’ordre pour la première édition du journal. On y voit, en effet, deux larges photos illustrant la visite du président après le passage de la tempête Xynthia. L’article rapportait également l’exaspération de Sarkozy à propos des constructions sur des zones inondables, omettant (volontairement ?) de dire que c’est ce même Sarkozy qui les encourageait un an plus tôt.
Si quelques doutes devaient subsister sur le penchant politique de France Soir, il suffisait de lire l’éditorial de Gérard Carreyrou, conseiller éditorial de France Soir, et ancien directeur de l’information de TF1 qui lançait un appel à tous les abstentionnistes de l’UMP, pour aller voter au second tour. Il ajoutait : « Est-ce qu’on va brûler tout ce qu’on avait adoré , est-ce qu’on imagine tout d’un coup qu’il n’y a plus rien à attendre de ce côté-là et qu’on va laisser le champ libre à la nouvelle coalition de Martine Aubry, Cécile Duflot et Jean-Luc Mélenchon ? ».
Pour décrypter cette proximité entre le journal et Nicolas Sarkozy, faut-il encore savoir, comme l’a rapporté le nouvel Obs, que Sergueï Pugachev, le père du nouveau propriétaire du titre, pourrait bénéficier de la construction, par la France, d’un ou plusieurs navires Mistral, que Nicolas Sarkozy semble avoir décidé d’accepter de vendre à la Russie.
Dès lors, il n’est plus étonnant d’ apprendre par le journal lui même, que sa directrice générale déléguée s’est vue remettre l’insigne de chevalier de la Légion d’honneur... par Nicolas Sarkozy.
Démonstration faite, le fait que Poutine soit l’homme du jour n’est pas surprenant de la part d’un journal qui a pour actionnaire principal , un homme que l’on surnomme « le banquier de Poutine ».
La presse est en crise ? Oui, elle l’est, mais c’est aussi de son propre fait, dû à ses propres connivences et ses erreurs, qui ne peuvent qu’aggraver la suspicion que l’on a sur elle.
D.Perrotin
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