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Accueil du site > Tribune Libre > France, USA, Cuba, où sont les droits de l’homme ?

France, USA, Cuba, où sont les droits de l’homme ?

Je vais reprendre cet article de Mondialisation.ca, qui prend pour référence Amnesty International. Ce n'est pas que cet organisme fasse preuve généralement d'une grande objectivité, mais enfin s'il fustige les USA et la France en dédouanant largement Cuba en ce qui concerne les droits de l'homme, il va être difficile de ne pas le croire. Les désagréments mineurs que semblent subir les opposants cubains (pouvant aller jusqu'à neuf heures de rétention administrative, rendez vous compte !), semblent faire pâle figure face à ce que pratiquent très habituellement les grandes démocraties que sont la France et les USA. Si c'est Amnesty International qui le dit...

Cuba, la France, les Etats-Unis, et la question des droits de l’homme

Par Salim Lamrani

Mondialisation.ca, 28 décembre 2016

Région : Amérique latine & CaraïbeÉtats-UnisEurope

Thème : Désinformation médiatiqueDroits humains et État policier

Introduction

La question des droits de l’homme à Cuba a toujours suscité de très nombreuses controverses en Occident. Les médias se sont toujours montrés unanimes pour stigmatiser les autorités de La Havane, les accusant notamment de perpétrer des violations massives des droits fondamentaux de leurs concitoyens. Les classes politiques – à quelques exceptions près – ne sont pas en reste et pointent régulièrement du doigt l’île de la Caraïbe à ce sujet. Une constante est notable : l’opposition cubaine occupe l’espace médiatique en Europe, aux Etats-Unis et plus généralement à travers le monde et, dans le même temps, le point de vue des autorités cubaines sur ces questions cruciales est systématiquement passé sous silence.

Pourtant, il est relativement simple de se forger une opinion sur la situation des droits de l’homme à Cuba et à travers la planète. Amnesty International, organisation fondée en 1961, publie chaque année un rapport sur la situation des droits humains au niveau mondial. Ainsi, pour obtenir une image globale, il suffit de consulter les études annuelles qui sont disponibles en plusieurs langues. Les médias n’hésitent pas se baser sur ces travaux pour évoquer la problématique des droits de l’homme à Cuba. Néanmoins, il est curieux d’observer qu’aucune analyse comparative n’est proposée à l’opinion publique. Pourquoi ne pas comparer, par exemple, les derniers rapports d’Amnesty International sur Cuba, la France et les Etats-Unis ? Cela ne permettrait-il pas à l’opinion publique de se faire une idée plus précise sur la réalité des droits de l’homme à Cuba en prenant comme références deux grandes démocraties occidentales qui s’érigent souvent en juges moralisateurs ?

L’étude comparative est une démarche scientifique salutaire qui permet de briser clichés et préjugés. Cet article se propose donc de présenter les conclusions d’Amnesty international sur la situation des droits de l’homme à Cuba, en France et aux Etats-Unis. Le but est de fournir au public les éléments factuels concrets qui lui permettront de se forger une opinion plus juste sur la Cuba d’aujourd’hui.

Les droits de l’homme à Cuba

Selon le dernier rapport d’Amnesty International, « les libertés d’expression, d’association et de circulation continu[…]ent à être soumises à des restrictions draconiennes ». L’organisation note que « plusieurs milliers de cas de harcèlement à l’égard de détracteurs du régime, d’arrestation et de détentions arbitraires ont été signalés[1] ». AI se fait plus précise en signalant que « des défenseurs de droits humains et des journalistes » subissent des « détentions de courte durée » pouvant aller jusqu’à « neuf heures ». Pour l’année, AI avance le chiffre de 8 600 personnes, en se basant sur les données de la Commission cubaine des droits humains et de la réconciliation nationale. AI souligne par exemple que « trois militants qui auraient tenté d’approcher le pape pour évoquer les droits humains » ont été arrêtés.

L’organisation dénonce le fait que des opposants subissent des « actes de répudiation », c’est-à-dire des « manifestations organisées par des partisans du régime avec le concours d’agents des services de sécurité ». AI pointe du doigt « des poursuites pénales motivées par des considérations politiques ». Elle signale que l’appareil judiciaire est sous l’emprise du pouvoir politique, sans fournir davantage d’information.

AI rappelle également que les autorités contrôlent Internet en « bloquant et filtrant certains sites, ce qui restrei[nt] l’accès à l’information et les critiques antigouvernementales ». AI souligne que le réseau de téléphonie mobile a été perturbé lors de la visite du pape en septembre 2015.

En revanche, AI ne signale aucun cas de violences physiques de la part des autorités contre les opposants ou les citoyens, ni de cas de mauvais traitements, de torture, de disparition, ou d’assassinat commis par les forces de l’ordre, et ne dénombre, à ce jour, aucun prisonnier politique.

Les droits de l’homme en France

Pour ce qui est de la France, pour l’année 2015, Amnesty International note que les autorités « ont souvent poursuivi des personnes pour des déclarations qui ne constituaient pas des incitations à la violence et relevaient de l’exercice légitime de la liberté d’expression[2] ».

AI souligne également que « les autorités ont assigné à résidence 26 militants écologistes dans le cadre de la COP 21 en raison de leur participation présumée à des manifestations violentes dans le passé ».

L’organisation dénonce l’adoption d’« une nouvelle loi autorisant la surveillance de masse de toutes les communications électroniques à destination – ou en provenance – de l’étranger ». Le pouvoir exécutif peut autoriser ce type de surveillance « sans aucune consultation préalable ni contrôle judiciaire indépendant, dans le but d’atteindre des objectifs définis en termes vagues ».

AI condamne également les violations réitérées des « droits des réfugiés et des migrants ». Elle souligne que les conditions de vie dans le campement de Calais s’apparentent « à un traitement inhumain », en se basant sur un rapport du Conseil d’Etat. L’entité exprime également sa préoccupation « face aux actes de violence, de harcèlement et de mauvais traitements commis contre des migrants, des demandeurs d’asile et des réfugiés par des agents des forces de l’ordre à Calais ». AI regrette « le recours abusif à la détention administrative contre les migrants de Calais ». L’organisation souligne que « des mineurs non accompagnés ont continué d’être régulièrement placés en détention dans la ‘zone d’attente’ de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle ».

L’organisation liste plusieurs cas de « discrimination » à l’égard des populations Roms, en notant que « des migrants et des demandeurs d’asile ont également fait l’objet d’expulsions de force de campements de fortune tout au long de l’année ».

AI rappelle également que la Cour européenne des droits de l’homme s’est saisie de « trois affaires concernant des personnes transgenres qui n’avaient pas pu obtenir la reconnaissance de leur genre féminin à l’état civil ».

AI rapporte enfin des atteintes à la « liberté d’expression » en pointant du doigt la condamnation de 14 personnes qui « avaient participé à des initiatives non violentes dans un supermarché pour appeler au boycott des produits israéliens ».

Les droits de l’homme aux Etats-Unis

Pour ce qui est des Etats-Unis, AI dénonce l’impunité persistante pour les autorités responsables de crimes[3]. Ainsi, « aucune mesure […] n’a[…] été prise pour mettre un terme à l’impunité dont bénéficiaient les responsables des violations systématiques des droits humains commises dans le cadre du programme de détention secrète mis en œuvre par la CIA ». L’organisation note que « la plupart, voire la totalité, de ces détenus avaient été soumis à une disparition forcée et à des conditions de détention ou des méthodes d’interrogatoire qui violaient l’interdiction de la torture et des autres traitements cruels, inhumains ou dégradants ».

AI dénonce la persistance de détentions arbitraires et note que les « prisonniers de Guantánamo étaient toujours privés de leurs droits fondamentaux ». « À la fin de l’année, 107 hommes étaient détenus à Guantánamo ; la majorité d’entre eux n’avaient pas été inculpés ni jugés ».

AI signale également les violences policières et souligne qu’« au moins 43 personnes, dans 25 États, sont mortes après avoir été touchées par des décharges de pistolets Taser administrées par des policiers, ce qui portait à 670 au moins le nombre total de décès survenus dans de telles circonstances depuis 2001 ». L’organisation rappelle que « la plupart des victimes n’étaient pas armées et ne représentaient manifestement pas une menace de mort ou de blessure grave au moment où elles ont reçu les décharges ».

AI dénonce plusieurs centaines d’homicides commis par les forces de l’ordre. Elle souligne qu’entre « 458 et plus de 1 000 personnes » ont été tuées « par des responsables de l’application des lois » en 2015. L’organisation pointe un fait récurrent : « Les données limitées disponibles indiquent que les hommes noirs sont surreprésentés parmi les victimes d’homicides imputables à la police ».

AI condamne les violences contre les migrants et notamment contre les « plus de 35 000 enfants migrants ». Elle souligne que beaucoup de familles « ont été détenues dans des locaux où elles étaient privées de nourriture saine et d’eau potable et n’avaient pas accès à un avocat ni aux soins médicaux éventuellement nécessités par leur état ». L’organisation note également des discriminations à l’égard des minorités sexuelles en rappelant que « les personnes transgenres étaient généralement détenues en fonction de leur genre à la naissance, ce qui les rendait vulnérables à des sévices, ou maintenues à l’isolement sans accès à une thérapie hormonale ».

Au sujet des droits des femmes, AI rappelle que « les Amérindiennes et les femmes autochtones de l’Alaska victimes de viol étaient toujours privées d’accès aux soins de base, y compris des examens médicaux et d’autres services de santé essentiels comme la contraception d’urgence ». Elle ajoute que « les Amérindiennes et les femmes autochtones de l’Alaska continuaient de subir un niveau disproportionné de violence ; elles risquaient 2,5 fois plus que les autres femmes de subir un viol ou une autre forme d’agression sexuelle ». AI pointe également « des écarts marqués dans l’accès des femmes aux soins de santé sexuelle et génésique, y compris la santé maternelle ». De la même manière, « le risque de mourir des suites de complications liées à la grossesse était toujours quatre fois plus élevé pour les Afro-Américaines que pour les femmes blanches ». AI dénonce également les attaques commises contre le droit des femmes à disposer de leur corps en rappelant que « plus de 230 projets ou propositions de loi visant à restreindre l’accès à un avortement légal et sans risque ont été déposés dans un grand nombre d’États ».

Au niveau des conditions carcérales, AI rappelle que plus de 80 000 prisonniers (sur une population carcérale de 2, 2 millions de personnes) sont « détenus dans des conditions de privation physique et d’exclusion sociale ». Pour ce qui est de la peine capitale, l’organisation note que 27 hommes – dont un âgé de 74 ans – et une femme ont été exécutés en 2015, et que 3 000 personnes « étaient sous le coup d’une condamnation à mort ». AI souligne également qu’un handicapé mental, Warren Hill, a été exécuté le 27 janvier 2015. Elle note que « tous les experts qui l’ont examiné, y compris ceux qui avaient été désignés par l’accusation, ont convenu qu’il présentait un handicap mental, ce qui rendait son exécution anticonstitutionnelle ».

Une comparaison nécessaire

La lecture de ces trois rapports est révélatrice. Ainsi, alors que Cuba est constamment stigmatisée sur la question des droits de l’homme, une comparaison des conclusions d’AI pulvérise les clichés sur l’île. Par exemple, pour Cuba, Amnesty international n’a pas rapporté de cas de violation des droits des réfugiés et des migrants (France, Etats-Unis), de traitement inhumain (France, Etats-Unis), d’acte de violence et de mauvais traitement commis par les forces de l’ordre (France, Etats-Unis), de mineurs placés en détention (France, Etats-Unis), de discrimination à l’égard des minorités (France, Etats-Unis), de discrimination à l’égard des personnes transgenres (France, Etats-Unis), d’impunité pour les autorités responsables de crimes (Etats-Unis), de disparition forcée (Etats-Unis), de torture et autres traitements cruels, inhumains et dégradants (Etats-Unis), de violences policières (Etats-Unis), d’homicide commis par les forces de l’ordre (Etats-Unis), d’homicide commis par les forces de l’ordre en majorité contre les hommes noirs (Etats-Unis), de personnes privées de nourriture saine, d’eau potable et de soins médicaux par les autorités (Etats-Unis), de violation réitérée des droits des femmes issues des minorités (Etats-Unis), de privation de soins de base et de services essentiels pour des femmes victimes de viol (Etats-Unis), de discrimination contre les femmes enceintes en raison de leur origine ethnique (Etats-Unis), d’attaques contre le droit des femmes à disposer librement de leur corps (Etats-Unis), de prisonniers détenus dans des conditions de privation physique et d’exclusion sociale, de peine de mort appliquée (Etats-Unis), de peine de mort appliquée contre une femme (Etats-Unis), de peine de mort appliquée contre un homme âgé de 74 ans (Etats-Unis), de peine de mort appliquée contre un handicapé mental (Etats-Unis) ou de peine de mort appliquée en violation de la Constitution du pays (Etats-Unis).

Ainsi, au vu de ce comparatif, il est difficile pour la France ou pour les Etats-Unis de s’ériger en procureur sur la problématique des droits de l’homme. Ségolène Royal, Ministre de l’Ecologie, a fait preuve de clairvoyance en rappelant la chose suivante : « La France n’a pas de leçons à donner[4] » à Cuba. De son côté, le futur Président Donald Trump s’est montré moins inspiré en exigeant de Cuba une amélioration de la situation des droits de l’homme et l’instauration d’une économie de marché[5]. Nul doute qu’il devrait revoir son jugement après la lecture du rapport d’AI sur les Etats-Unis.

Conclusion

La comparaison des différents rapports d’Amnesty International apporte un éclairage significatif. Contre toute attente, Cuba présente un meilleur bilan que son principal détracteur, à savoir les Etats-Unis. Du côté de la France, les critiques émises par AI incitent à l’humilité. Ainsi, ni la France, ni les Etats-Unis, ne disposent de l’autorité morale nécessaire pour s’ériger en juge.

Il est important de rappeler que les rapports d’Amnesty International n’évoquent aucunement le respect des droits économiques et sociaux – qui sont des droits humains fondamentaux – tels que l’accès à l’alimentation, à un logement, à la sécurité, à l’éducation, à la santé, à la culture, au sport, aux loisirs, domaines dans lesquels Cuba excelle selon toutes les organismes des Nations unies, qui citent son système de protection sociale comme l’exemple à suivre. Un chiffre est éloquent : selon l’UNICEF, le seul pays d’Amérique latine et du Tiers-monde à avoir réussi à éliminer la malnutrition infantile est Cuba.

Les rapports d’Amnesty International contredisent les discours occidentaux sur Cuba. En fournissant une information partielle, partiale et sans aucune mise en perspective de la situation cubaine avec le reste du monde, les médias, au lieu d’informer l’opinion publique, l’induisent en erreur en construisant une image sur l’île des Caraïbes qui ne correspond pas à la réalité.

Salim Lamrani

Université de La Réunion

 Source de la photo : © SIPA

http://www.francetvinfo.fr/replay-radio/expliquez-nous/expliquez-nous-le-blocus-de-cuba_1771347.html

 


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26 réactions à cet article    


  • Harry Stotte Harry Stotte 31 décembre 2016 18:48

    Amnesty International, c’est cette officine qui, au plus fort de la terreur khmère rouge, écrivait dans son fameux rapport annuel :



    « En l’absence de tout observateur impartial, il a été impossible de vérifier les allégations d’exécutions massives et de représailles. alors que le département de la recherche a remarqué qu’un certain nombre de ses allégations reposaient sur des affirmations sans solidité et des récits de seconde main, » 1976, p. 89

    • doctorix, complotiste doctorix 31 décembre 2016 20:39

      @Harry Stotte

      Vous savez, depuis 40 ans, il y a un truc tout nouveau qui est arrivé : c’est internet.
      Arrêtez de nous servir de la vieille soupe

    • Harry Stotte Harry Stotte 31 décembre 2016 22:54

      @doctorix


      « Vous savez, depuis 40 ans, il y a un truc tout nouveau qui est arrivé : c’est internet. »


      Où l’on peut trouver à étayer tout et son contraire, en choisissant ses sources, en conséquence. 


      Par ailleurs, on ne voit pas en quoi l’apparition d’Internet aurait pu, ou pourrait, modifier la ligne résolument à gauche de cette organisation qui, en pleine guerre froide, plaça à la tête de sa Section de recherches un certain Derek Roebuck, précédemment leader du parti communiste de Tasmanie.

    • doctorix, complotiste doctorix 31 décembre 2016 23:17

      @Harry Stotte

      Les choses ont bien changé depuis. Amnesty était par exemple très en faveur de l’agression contre la Libye, puis contre le gouvernement syrien. Cette organisation est maintenant toujours aux côtés des agressions colonialistes, comme la plupart des ONG, en particulier celles que soutient Soros.
      Donc, si elle n’a pas trouvé grand-chose à dire sur Cuba, c’est qu’il n’y avait vraiment rien.

    • Harry Stotte Harry Stotte 1er janvier 2017 12:55

      @doctorix

      « Les choses ont bien changé depuis. »



      Peut-être, ouais. 


      « Amnesty était par exemple très en faveur de l’agression contre la Libye, puis contre le gouvernement syrien. »


      Vous me l’apprenez, mais ça ne modifie en rien la mauvaise opinion que j’ai de l’officine en question depuis pas mal d’années.


      Je dois préciser que ma nature ne me prédispose pas à être un droit-de-l’hommard frénétique, que ma weltanschauung réprouve le droit d’ingérence dans un pays tiers, quel qui soit et quelles que soient les circonstances, et que je suis contre toutes les instances internationales qui prétendent réguler la vie des nations et leur façon de vivre en société. 


      Je suis donc, logiquement, pour la suppression d’institutions comme la Cour européenne des droits de l’homme et la Cour pénale internationale de La Haye

    • doctorix, complotiste doctorix 1er janvier 2017 21:38

      @Harry Stotte

      Tant que la CPI n’aura pas traîné sur le banc des accusés Bush père et fils, Clinton mâle et femelle, Obama, Hollande, Blair, Cameron et Sarkozy, tous des assassins de masse et criminels contre l’humanité, auprès desquels les dictateurs officiels sont des enfants de choeur, elle n’aura aucun crédit.
      Les dictateurs tuent par centaines, ceux-là tuent par millions.
      Mais ce n’est pas demain la veille.

    • Acerekebolah Acerekebolah 31 décembre 2016 18:57


      J’ai passé beaucoup de temps à Cuba ces derniers temps et je confirme que l’ambiance est moins pesante dans les autobus de La Havane que dans le métro parisien.

      Pour l’immense majorité des cubains les droits de l’homme tels qu’on les entend en France ne sont pas un sujet de préoccupation. Ce qui inquiète le cubain, c’est de savoir ce qu’il va manger demain... et à quel prix.

      Rodés à la survie, les cubains sont maintenus dans une précarité permanente qui enlève toute pertinence à la notion même d’avenir.     

      Pour comprendre à quel point le gouvernement cubain maltraite son peuple, renseignez - vous sur le montant d’un salaire et sur le coût de la vie à Cuba, c’est là que se situe le crime principal de ce régime. 

      Quand vous cautionnez cette aberration surréaliste, vous considérez comme normal le litre de lait à 2 cuc (1 cuc = 1 $US), comme normal que la lessive ou l’huile soient vendus à un prix double de celui du marché français, tout cela alors que les salaires sont CENT FOIS inférieurs aux nôtres. L’embargo n’explique que pour une part infime cette disproportion qui fait de chaque cubain un candidat à la prison, puisque le simple fait de manger tous les jours implique un « détournement de ressources » ou autres activités illégales. 

      Le futur « patron » du pays, Miguel Diaz Canel, est surtout connu pour avoir rempli les prisons de ces « délinquants économiques » dans la région de Santa Clara qu’il dirigeait.

      Les cubains qui émigrent en masse ne voient pas leur départ comme une fuite vers la liberté mais plutôt comme le seul moyen de vivre honnêtement et de contribuer à la survie de leur famille restée au pays.

      René Dumont exprimait ses doutes dans son livre de 1970 « Cuba est-il socialiste ? ». Maintenant on peut vérifier tous les jours les inégalités croissantes entre une classe dirigeante qui voyage beaucoup, vit dans les demeures de la bourgeoisie de l’ancien régime, fréquente des restaurants ou un seul repas vaut 2 fois le « smic » cubain... Tout cela en prônant une frugalité absolue pour le citoyen de base.

      A part ça, l’état cubain est effrayé à l’idée de communications libres entre les citoyens. La « disparition physique » de Fidel a été suivie de celle des cartes qui permettent de se connecter à internet. Le système chinois de filtrage de mots clef sur les téléphones mobiles n’est pas au point, les messages arrivent parfois entièrement rédigés... en chinois.

      Les mécanismes de la terreur sans violence sont bien au point, le film « Retour à Ithaque » de Laurent Cantet en démonte les mécanismes. Le scénario est signé Leonardo Padura, écrivain vivant à Cuba, ce qui démontre qu’une petite tolérance existe aujourd’hui. A sa sortie il y a 2 ans, ce film avait été interdit dans un premier temps, puis autorisé pour une diffusion confidentielle... le gouvernement assimile certains principes capitalistes, le « cause toujours » est souvent plus efficace que le « ferme ta gueule » 



      • doctorix, complotiste doctorix 31 décembre 2016 19:40

        @Acerekebolah

        L’embargo n’est que partiellement responsable de la précarité, dites-vous...
        L’embargo a toujours été imposé par les nantis aux pays pauvres et objets de convoitise, non pas pour punir les dirigeants, qui s’en foutent, mais pour mécontenter le peuple afin qu’il se retourne contre eux. Cet embargo est évidemment responsable de la misère, et c’est pure mauvaise foi d’en minimiser le rôle.
        Nous citer René Dumont il y a 46 ans est assez risible...
        Mais l’article portait aussi sur les USA et la France, vous n’argumentez pas la-dessus ?
        Les USA comptent le quart de la population carcérale mondiale(2,2 millions de prisonniers sur 10M) pour 5% de la population mondiale. Il y a autant de prisonniers/100.000 habitants qu’en Corée du Nord. Ca ne vous inspire pas une belle envolée sur la démocratie ?

      • doctorix, complotiste doctorix 31 décembre 2016 20:12

        @Acerekebolah
        Par ailleurs, vos chiffres sont (volontairement ?) erronés. Le prix du lait à Cuba (1,26E) est moins élevé qu’en France et peut tomber à zéro dans certains cas.

        La douzaine d’oeufs coute 90cts d’Euro.
        L’espérance de vie est de 79 ans à la naissance.
        La mortalité infantile est à 4,83 contre 5,98 aux USA, malgré l’embargo mortifère depuis plus de 50 ans.
        Un médecin pour 151 habitants, pour 299 en France.

      • doctorix, complotiste doctorix 31 décembre 2016 19:51

        Je trouve quand même assez curieux que Wikipedia ait pu dégoter la population carcérale Nord-Coréenne (800/100.000 habitants), n’ait pu cacher celle, scandaleuse, des USA (743), mais ne soit pas foutu de nous indiquer celle de Cuba.

        Serait-elle tellement ridiculement basse qu’on n’ose l’exposer ? Serait-elle même nettement inférieure à celle d’Israël (319) ou même de la France (102), et donc en totale contradiction, là encore, avec la propagande ?

        • Acerekebolah Acerekebolah 31 décembre 2016 21:09

          @doctorix

          Je n’ai pas dit que l’embargo n’existait pas, mais il y clairement à Cuba une caste de profiteurs qui abuse de l’argument pour bien vivre, même s’il faut affamer la population.

          Citer Dumont ne me semble pas déplacé, il voyait déjà des failles il y a 46 ans et elles n’ont cessé de s’agrandir. Les croyants dans le Fidelisme ont rencontré la foi surtout au vu des premières années de la révolution, la suite a été une longue dégradation vers le népotisme et la gestion par des clans (l’armée en premier lieu). L’allégeance au chef constitue depuis longtemps le seul critère de promotion. La compétence étant souvent associée à une certaine autonomie de pensée, on ne la trouve que rarement parmi les dirigeants. 

          Le prix du lait ??? J’en achète souvent pour des enfants et il n’est jamais inférieur à 2cuc depuis 2 ans. Peut-être vos 1,26 euros datent d’il y a 6 ans quand l’euro valait presque 1,5 dollar ? 
          (Un chiffre plus facile à vérifier pour vous, le prix du lait en France est à partir de 0,6 euro dans le hard discount et non pas supérieur à 1,26 €...) 

          De toute façon, ces prix sont hallucinants au regard des salaires. 
          La médecine est à peu près le seul service public qui fonctionne bien... sauf pour les salaires, les médecins reçoivent des cadeaux en nature, du cash, exercent un autre boulot (taxi, musicien...)

          Sur la population carcérale je suis comme tout le monde, je n’ai pas de chiffre fiable, mais je connais en revanche des cas d’incarcération pour des motifs totalement anodins. Un exemple, un cubain vivant au Canada accroche une voiture avec sa voiture de location, dégâts mineurs, coût inférieur à 50 dollars. Il essaie d’arranger l’affaire en proposant de payer la réparation.
          L’automobiliste cubain était responsable du parti, il l’a fait arrêter et juger pour tentative de corruption, condamnation à un an de prison (ramenée ensuite à 8 mois).
          Effectivement, ce n’est pas de la répression politique, mais juste une des conséquence de l’attribution de responsabilités à des abrutis (servile avec les puissants, ignoble avec les faibles).

          • Acerekebolah Acerekebolah 31 décembre 2016 21:28
            Et demain, à Cuba ? Enfin, après-demain, le 2 janvier, grosse manif populaire et spontanée...

            Voilà un peuple fier et courageux, privé des traditionnels concerts publics du 1er janvier, il pourra se lever tôt (2 heures du mat) pour aller soutenir l’armée et le gouvernement. 

            Les détails sont là c’est un média de l’état cubain.

            Los traslados iniciarán desde las tres de la mañana. Cuatro municipios se trasladarán a pie debido a su cercanía : Plaza, Centro Habana, Habana Vieja, Cerro. El resto con los ómnibus del sistema de trasporte público. 

            Et ceux qui n’iront pas verront leur salaire amputé... Mais ça non plus, ça n’a rien à voir avec les droits de l’homme.

            • doctorix, complotiste doctorix 31 décembre 2016 22:46

              @Acerekebolah

              Je suppose que vous avez raison sur bien des points.
              Mais, comme en Corée du Nord, la moindre des propositions humanitaires serait la levée de l’embargo imposé par l’Amérique.
              On ne peut espérer de nouveaux progrès dans ces deux pays (et on ne peut nier qu’il y en a déjà, qui sont bien réels) sans cette mesure élémentaire.
              Les embargos sont une honte pour l’Occident, et n’ont rien à voir avec des mesures humanitaires.
              Ils entretiennent une haine légitime et font le jeu des dictatures.

            • Acerekebolah Acerekebolah 1er janvier 2017 17:23

              @doctorix

              Cette histoire d’embargo est incompréhensible, le supprimer est enlever à une structure étatique dégénérée le seul et unique argument qui permet de masquer sa corruption et son incompétence.

              C’est d’ailleurs un sujet de discussion fréquent à Cuba « que vont-ils inventer quand l’embargo disparaitra ? ». Beaucoup de mes interlocuteurs pensent que « les conséquences de l’embargo » vont permettre de tenir quelques années de plus...

              D’après les dernières rumeurs, Raul pourrait annoncer son départ anticipé dès demain...



            • Xenozoid 1er janvier 2017 18:25

              @Acerekebolah


              puis je te demandé pourquoi tu as pris une foto du che, pour ton pseudo, qui provient d’asie du sud est ?
              a par ça, j’ai rien a dire ,je lis et je suis curieux

            • Acerekebolah Acerekebolah 1er janvier 2017 21:16

              @Xenozoid

              C’est vrai, je le reconnais, ce n’est pas moi sur la photo... C’est pas tout à fait asie du sud est, c’est le Kerala, un endroit bien plus intéressant que Cuba d’un point de vue politique. C’est le seul état au monde qui a eu un gouvernement communiste régulièrement réélu (la plus longue période a duré 35 ans). Le PC y est toujours très présent et ce n’est pas un hasard si aujourd’hui c’est l’état qui résiste le mieux à la progression du BJP en Inde (leur FN pour faire très très simple). 

              Et au Kerala, on trouve des photos du Che partout... à part ça, ils ne sont pas très doués pour la salsa et l’alcool y est totalement interdit.

              Et ta photo, elle date d’il y a très longtemps, non ?

            • Xenozoid 1er janvier 2017 21:24

              @Acerekebolah

              tu es rigolo/ je ne te demande pas pourquoi tu met une photo du ché en asie pour fotos mais pas une du che a cuba,car tu es a cuba non ?

            • Acerekebolah Acerekebolah 2 janvier 2017 01:07

              @Xenozoid

              Le Che n’existe plus, même son image a perdu une grande partie de son sens... J’ai vu en France de gros rebelles fumer des pétards dans leur T shirt du Che, j’ai vu des concerts à Cuba où ces mêmes T shirts étaient réservés à un service d’ordre pas commode.

              Les touristes qui arpentent les rues de La Havane dans des décapotables superbement rénovées adoptent souvent un béret à étoile ou l’éternel T shirt « Che officiel » avec une reproduction de sa signature...

              « Et à Kevin, on lui ramène un T shirt Havana Club ou il va préférer le Che ? »

              Le Che représente pour moi ce Cuba révolutionnaire fantasmé qui n’a jamais vraiment vu le jour. Ernesto, lui n’était pas un rigolo, c’était un pur qui aurait dégommé les corrompus aujourd’hui au pouvoir à La Havane.

              Les mecs comme lui ne peuvent pas devenir des gestionnaires, pas plus que Danton ou Robespierre, il l’avait sûrement compris. Pauvre Mr Guevara, vivre une vie héroïque pour se retrouver à l’état de logo, représentation d’un rêve, d’un pays imaginaire...

              En effet, que ce soit le pays que croient voir les touristes ou celui que le gouvernement cubain montre tous les soirs au journal télévisé, il ne s’agit pas de la réalité, mais de fictions bien calibrées où la tête du Che sert de certificat d’authenticité.

              A titre perso, je me sens bien mieux à Cuba qu’en France... mais je n’ai pas à ramer comme les cubains pour assurer le quotidien. Une bonne raison de plus pour admirer ce peuple génial.


            • jocelyne 3 janvier 2017 18:54

              @Xenozoid
              ne serait-ce pas le retour d’Asterix ?


            • Xenozoid 3 janvier 2017 19:48

              @jocelyne
              ça m’a frolé aussi,mais c’est pas le seule belge....lol


            • Xenozoid 3 janvier 2017 19:56

              @Xenozoid

              et il n’est pas revenu.encore/depuis

            • soi même 31 décembre 2016 22:25

              @ doctorix pensez vous réellement que les droits de l’homme n’est pas une farce ?

              Cela me rappel une maxime quand j’étais à l’armé,, Tout est permit, il est interdit de se faire prendre » .
               


              • Victor 1er janvier 2017 16:34

                Concours masturbatoire de pleurnicheries victimaires ... classique du colon du mondialisme qui se prend pour un indigène (un souchien donc) de la Ripoublik
                 

                 
                Les droits de l’homme n’existent pas, n’existent que ceux du citoyen politique d’un état.


                • eric 1er janvier 2017 20:12

                  Amnesty pourrait avoir au moins partiellement raison, Socialisme archaïque à Cuba, Archéo socialisme en France, démocrate obamien et Clintonien aux USA.

                  On vient de voir des démocrates manifester de façon violente contre les résultats démocratiques d’élections démocratiques. Cela c’est vu en France et on s’attend à le revoir prochainement.

                  Bon, à Cuba, il n’y a pas d’élection et aux état unis, les pauvres et persécutés tentent toujours du monde entier de venir y vivre. En France, il y a des élections dont les résultats insupportent aussi les gauches, mais en revanche, les pauvres n’ont souvent qu’une idée, se barrer en Angleterre. Et c’est vrai aussi de nombreux jeunes français.

                  Conclusion ? Il y a des degrés dans les gauches. Leurs difficultés idéologiques et pratiques avec les vrais droits de l’homme varient.


                  • doctorix, complotiste doctorix 2 janvier 2017 00:01

                    @eric

                    On finira bien par s’apercevoir qu’il n’y a qu’Asselineau qui présente un vrai programme de vraie gauche.
                    Celui du CNL, qui n’ pas pris une ride en 70 ans.
                    C’est un grand malheur que cet homme et ce programme ne soient pas connus, ou pas assez.
                    Cette rétention d’information n’est pas innocente, je crois que tous les autres partis et les media qui dirigent l’opinion savent le succès qu’il aurait, peut-être au point de passer au premier tour.
                    Nous allons passer à côté de grandes joies, d’une grande fierté nationale restaurée, et c’est désolant.
                    A moins qu’il ne passe, par extraordinaire, on peut s’attendre à de violentes émeutes en France.
                    Lui ou le chaos, comme aurait dit De Gaulle.

                  • gilbert18 gilbert18 13 janvier 2017 16:14

                    Je suis allé deux fois à Cuba (pas sur les plages de Varadero), et j’ai apprécié les qualités humaines et le courage des cubains, qu’ils soient ou non favorables au régime. Cet article qui remet les donneurs de leçons à leur place est une bonne chose. Puisse-t-il contribuer à faire revenir un peu de bon sens dans les esprits. Et surtout, que le gros voisin d’à côté fiche la paix aux Cubains (mais là, je rêve....).

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