François Hollande, la Force Pépère ?
Tout ça… pour ça ? Elu depuis moins d’un mois, le Président de la République n'a donc pas réussi à intéresser plus de monde que Laurence Ferrari lors de ce qui était pourtant sa première intervention télévisée depuis son élection, avec à peine 6 millions de téléspectateurs. Le changement, c’est maintenant : pour sa première intervention télévisée en 2007, Nicolas Sarkozy, lui, avait réuni près de 12 millions de téléspectateurs devant leur écran.
Voilà qui ne surprendra pas ceux qui estiment que François Hollande a moins gagné l’élection présidentielle qu’il n’est sorti vainqueur du référendum du 6 mai. Tout ça pour ça, donc : malgré la présence du nouveau Président de la République sur le plateau de son journal télévisé, France 2 n’a réalisé qu’une audience… normale.
Jusque là, en effet, tout est normal : comme notre Président. Normal, c'est-à-dire « habituel », « dans la norme », exactement ce dont la France a besoin dans sa situation actuelle - tout fait normale elle aussi. Normal, notre Président, qui se déplace lui-même sur le plateau de David Pujadas, et qui attend son tour pendant tout le déroulement du journal, penaud, comme n'importe quel comédien ou rappeur l'aurait fait à sa place.
Sur la situation en Syrie ? Peut-être que nous parviendrons à convaincre les autres membres du conseil de sécurité qu’une intervention est nécessaire. Sinon, tant pis ? Sur le SMIC, impossible pour lui de parler d’augmentation « significative ». On promet de faire le maximum, mais si ce n’est pas le « coup de main », on s’en tiendra au « coup de pouce ». Quant aux promesses de campagne, elles seront toutes tenues. Au cours des 5 ans à venir.
Le problème, finalement, c’est le réel. Après avoir fait campagne avec l'histoire dans le rétroviseur, copiant sans retenue François Mitterrand, reprenant ses expressions, comme les « puissances de l’argent », dans sa lettre aux français, démarrant comme lui sa campagne à Clichy-la-Garenne, et la bouclant comme lui à Toulouse, François Hollande se dit aujourd’hui « dans l’action ». En fait, le voilà simplement revenu au présent, au réel.
Les choses sérieuses commencent, et mieux vaut ne pas comparer plus longtemps François Hollande et François Mitterrand. Ce dernier, 8 fois député, et surtout 11 fois ministre sous la 4ème République, était évidemment mieux préparé à prendre en mains le destin de la France que ne l’est François Hollande.
Les français le savent : sur la crise, sur l’Euro, sur la Grèce et l’Espagne, comme sur les Eurobonds, les choses vont vite se tendre avec Angela Merkel, dont François Hollande aurait dénoncé "l'égoïsme" au cours d'un conseil des ministres.
Sur la possibilité d'une intervention en Syrie, dont il affirme vouloir discuter avec la Chine, et, dès ce vendredi à Paris, avec Vladimir Poutine, les choses ont également toutes les chances de se tendre. Bien que, lorsque l'on évoque Vladimir Poutine, le mot "tendre" soit plutôt malvenu.
Sur toutes ces questions, les français seront bientôt en mesure de juger par eux-mêmes si le nouveau Président de la République est vraiment dans l’action, et pas dans la fiction, et si cette action se révèle au final réellement efficace, ou aussi vaine que celles d’une pleine brigade d’observateurs de l’ONU.
Ceux qui ont voté en 2012 contre le bilan de Nicolas Sarkozy voteront-ils en 2017 contre le dépôt de bilan de François Hollande ? Il est trop tôt pour le savoir, et les spéculations ne mènent à rien.
En revanche, ce qui est bien réel, c’est que François Hollande a deux problèmes : le premier, c’est qu’il n’a pas 5% de l’argent dont il a besoin pour mener sa politique. Et le deuxième… j’ai déjà oublié ce que c’était.
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