François Hollande, la Gonzo-Présidence et la morsure des « Sans-dents »
Je connais le pouvoir des mots ; je connais le tocsin des mots
Ce n’est pas le genre que les boîtes applaudissent
De tels mots des cercueils peuvent jaillir de terre
Et iront s’étalant avec leurs quatre pieds en chêne ;
Parfois ils vous rejettent, pas de publication, pas d’édition.
Mais les mots sacro-saints qui vous étouffent continuent à galoper au dehors
Maïakovsky, Poème (1930)
Il n'est pas sûr que Madame Valérie T. - laquelle aura complaisamment pris soin de noter soigneusement une sorte d'éphéméride relatant sa vie auprès d'un être dont elle a aussi malgré tout partagé la vie -, n'ait vraiment bien compris l'ampleur que peut prendre le jeu particulièrement insane auquel elle s'est livrée en publiant une tranche de vie.
Femme bafouée, méprisée, répudiée, dont la vie privée est devenue publique, décidant peut-être par vengeance (peu importe) de révéler sous un jour peu flatteur les traits de caractère et la personnalité profonde d'un personnage qu'elle a probablement aimé et qui serait insignifiant s'il n'était pas aussi notoire, il est évident qu'elle ne pouvait sérieusement ignorer les ravages qu'un qualificatif aussi vénéneux dont elle impute l'usage sous forme d'un trait d'humour ou supposé tel à l'actuel chef de l’État est en mesure de causer.
Qualificatif encore plus méprisant – s'il est avéré qu'il l'ait employé -, de la part d'un homme censé être le président de tous les Français, dont le fonds de commerce politique, économique et social est précisément cet humanisme dont se prévaut le socialisme et qui se trouve aujourd'hui incarné par un champion porteur d'une marque d’infamie, véritable lettre écarlate qui devrait le conduire sans barguigner au minimum à s'expliquer, et si le fait est avéré, à présenter ses excuses à la nation tout entière - au moins à une partie de celle dont il a sollicité les suffrages et qu'il l'a élu -, et à remettre sa démission pour avoir failli.
Je n'userai pas ici à votre encontre, Monsieur le Président, par déférence pour une fonction présidentielle et l'image d'une France que vous aurez amplement contribué à affaiblir, ruiner, mais aussi à ridiculiser et avilir autant sur la scène nationale qu'internationale, de cet écart de langage que votre prédécesseur avait commis.
Permettez-moi simplement, tant qu'il en est encore temps, de vous inviter très respectueusement à rejoindre cet anonymat que vous n'auriez jamais dû quitter avant que tous ces gens que vous identifiez comme des édentés, ne viennent vous signifier légitimement , prochainement, la rage de leur morsure.
La plaisanterie a en effet assez duré. Tout comme le Gonzo-journalisme, la Gonzo-présidence suppose un réel et exceptionnel talent que vous n'avez pas.
N'est pas Hunter S. Thomson qui veut.
Au moment où une guerre de civilisation se répand dans l'Orient proche avec une peste islamique que nul ne prend sérieusement les moyens de combattre malgré sa barbarie, au moment où une guerre d'invasion européenne d'un autre âge déstabilise la partie orientale de l'Europe, au moment où une pandémie effroyable se répand en Afrique, au moment où l'on assiste à une inféodation atlantiste qui fait litière de l'indépendance nationale tant sur les plans économique et militaire, vous comprendrez que cette nouvelle contribution à la vie des dames galantes des Histoires d'amour de l'Histoire de France avec l'une de vos favorites soit quelque peu déplacée. Là encore le talent mais aussi l'élégance vous auront fait défaut.
N'est pas Brantôme qui veut.
Nous aurons été nombreux à vous dire, vous expliquer et vous écrire que vous faisiez fausse route. Il aura fallu que le réel vous saute au visage pour que vous compreniez peut-être enfin - mais en tout cas trop tard -, que tous les signaux sonores et lumineux qui vous entouraient ne vous signifiaient rien d'autre le décrochage imminent de l'avion et la possibilité qu'il aille au tapis.
Vous avez alors décidé, après deux années et demie d'un mandat calamiteux qui n'aura été qu'une succession d'échecs, de changer de paradigme économique et de vous rapprocher de ces « riches » que vous n'aimiez pas en devenant leur homme lige, trahissant au passage vos engagements électoraux et votre propre électorat.
Ce faisant, vous ne recevrez qu'un double châtiment : celui des suzerains qui ne méprisent rien tant que les valets en qui ils ne placeront jamais leur confiance et celui de tous ceux – humbles ou non –, que vous aurez leurrés et qui vous signifieront que les « pauvres » ont eux aussi leur dignité.
Les gens ont de la mémoire, voyez-vous. Certains sont même rancuniers. Quand bien même ce sentiment ne les grandirait pas, je puis comprendre qu'ils aient parfois de bonnes raisons de l'éprouver. Vous devriez le savoir.
30 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON