François Hollande, tapis rouge au salon de l’agriculture !
Hollande en visite au salon de l'agriculture a fait presque carton plein ! La foule d'anonymes pleine d'espoir l'a suivi, porté, lui, aux anges, sans la poussiéreuse claque PS à la rescousse. Un mou François Hollande ? A part sa poignée de main, pas si sûr que ça...

Paris 28 février, porte de Versailles, salon de l'Agriculture 2012. Comme chaque année pendant les vacances de février, le zoo de la méga-ferme parisienne est ouvert aux milliers de visiteurs en manque d'odeur de crottin. Seuls les pavillons où sont présents les animaux seront pris d'assaut à grands renforts de jeux et d'attractions pour les gamins hystériques qui n'ont jamais vu une vache 'pour de vrai'.
Aujourd'hui, François Hollande vient prendre sa température électorale soi-disant auprès des agriculteurs mais surtout auprès des milliers d'électeurs potentiels en balade pastorale. Donc, importante démarche de com' incontournable pour tous les candidats très préparés pour cette grande fête éminemment populaire. Hypocritement au nom de l'Agriculture française, celle-ci pourtant égorgée de quelque 90% d'agriculteurs qui n'arrivent pas à atteindre le SMIC. Peu importe. L'électorat des paysans est infime. Le but pour les politiques est de s'y montrer et pour les Parisiens de s'y amuser. D'ailleurs, seulement 11% d'agriculteurs s'y rendent…
Dès mon arrivée en début d'après-midi, Hollande a déjà écumé une partie du pavillon 1, "Elevages et ses filières". Il a assisté à la traite et lavé une Prim'Holstein dont BFMTV a passé en boucle la vidéo,Prim'Holstein, vache laitière championne toutes catégories d'origine du Nord de la Hollande, cherchez le lien… Il a croisé Jean-Pierre Raffarin qu'il a remercié pour avoir désapprouvé les propos de Nicolas Sarkozy dénonçant les soutiens de François Hollande, c'est-à-dire, les riches Pierre Bergé, Xavier Niel, Matthieu Pigasse, propriétaires du Monde, et le groupe Bolloré où sa compagne, Valérie Trierweiler, travaille sur la chaîne Direct 8. Sympa Raffarin. Hollande apprécie. "De rien, bonne visite", a répondu l'ancien premier ministre. Il a aussi esquivé un œuf lancé contre lui par une main hostile mais maladroite, mangé des tas de 'cochonneries' et bu, un peu, quelques crus régionaux. Il n'en est qu'à la moitié de sa balade électorale. Restent six heures.
Je le cherche. Au pavillon 4, "Elevage et ses filières", personne. Pas de meute à l'horizon. En fait, il y a deux pavillons "Elevages et ses filières" avec différents animaux livrés en pâture morbide. Le 1, avec bovins, ovins, porcins, aviculture, basse-cour, le 4, avec chevaux, ânes, poneys, chats, chiens, oiseaux, tourisme, etc. Evidemment, cette bête politique-là se trouve toujours au 1 mais je ne le sais pas encore.
Au 4, dans un stand sans nomination, une partie du staff PS est parqué derrière des jardinières avec deux ou trois journalistes caméras baissées. Michel Vauzelle, toujours plus rouge coquelicot que jamais, se pavane comme un paon sans roue à arborer. Jean-Claude Gayssot et François Patriat discutent du bout des lèvres avec quelques curieux amassés qui découvrent de près ces gens qu'ils ne connaissent pas, pour la plupart. Faisant partie du clan, quelques femmes, écharpe Hermès (what else ?) posée sur l'épaule, grands brushings démodés, papotent ostensiblement. Deux mâchent à se déboiter la mâchoire un chewing-gum ou le paquet entier, bref, une hérésie parlementaire. Visiblement, le chef de meute est quelque part dans un autre pavillon et ne va pas venir les rejoindre de sitôt. La bande s'ennuie ferme. Une attachée de presse a l'air de savoir où il se trouve. Je lui emboite le pas et, bingo, deux cents mètres plus tard et au fameux pavillon 1, la meute est en vue.
Entourée d'une vingtaine de gardes du corps éparpillés selon ses directives, François Hollande tente vainement d'approcher les électeurs en visite. Le barrage vient surtout des caméras et micros qui forment un rempart impossible à franchir. Hollande le voit bien mais ne peut pas canaliser cette ferveur médiatique. Bon nombre de journalistes attendent le scoop, la farine, l'œuf c'est déjà du passé, bref, l'incident qu'il ne faut pas louper car ici, au salon de l'agriculture, pas de claque PS pour soutenir le candidat favori. Tout peut arriver. Mais, pour l'instant, et jusqu'à la fin d'ailleurs, les gens ne pourront pas vraiment l'approcher. Outre la barrière des cameramen qui sont logiquement assez grands, les dangereuses bousculades font peur aux parents accompagnés de leurs enfants. Hollande fera tout pour serrer le maximum de mains malgré sa petite taille (1,68m tout au plus) et cette garde non désirée.
Beaucoup mieux au naturel qu'à l'écran, il a l'œil à tout, le sourire doux. Les gens sont surpris et assez bienveillants dans l'ensemble et lancent souvent des "Hol-lande pré-si-dent !" "Hol-lande pré-si-dent !". À ce moment-là, l'adrénaline doit délecter les veines du candidat.
Hommes et femmes confondus, la réflexion la plus récurrente, concerne sa taille. "Qu'il est petit !", "il est où ?", "il est comme Sarko !", "je le croyais plus grand !", "quand il sera président il portera des talonnettes !", j'en ai entendu des centaines comme celles-là.
Il y a quand même des huées. Au pavillon 7, "Régions de France", bizarrement au passage devant le stand "Le domaine de Chirac", des huées hautement reprises l'ont suivi pendant un bon bout de temps. Il ne semblait pas pour autant en être affecté. Plus loin, j'ai entendu deci delà, "Hé le mou !", "Tête de veau !", "Tous les mêmes !", "Je voterai pas pour toi !", et le désormais mythique, "casse-toi pauv' con !", mais ce n'était que ponctuel.Entre deux hystéries collectives, je sortais prendre un bol d'air. Un maigre cortège médiatique passait accompagnant Ségolène Royal. J'approchais celle qui fut au second tour de la dernière présidentielle.
Plus grande que son ex, botoxée, les pommettes re-bombées à l'acide hyaluronique, le teint bronzé artificiellement, elle n'attirait pas du tout la sympathie des gens qui la regardaient passer, curieux mais sans se déplacer. Belles bottes en cuir noir, jupe rouge et veste blanche, sourire altier, elle se prêtait avec une pointe d'agacement aux rares poignées de mains. Elle est montée dans une voiture électrique entourée de quatre ou cinq vieux fans qui voulaient la photographier.
Pour changer de pavillon, Hollande et son chaos de micros devaient sortir et se mêler à l'énorme foule extérieure qui grouillait dans les larges avenues. Pas simple pour le service d'ordre qui râlait contre ses multiples changements de trajectoires, "il fait ce qu'il veut, c'est pas possible comme ça !".
Parlons-en du service d'ordre. Une cinquantaine d'hommes et quelques femmes le constituait. Une partie venait du salon, une autre du PS.
Il faut reconnaitre qu'ils ont tout fait pour prévenir et protéger les gens qui voyaient arriver sur eux cette déferlante incroyable. Protection aussi des stands pour éviter l'écrasement des produits, entre autres. Le candidat Hollande n'étant pas très fiable dans ses mouvements et ses déplacements soudains, ils avaient tous les yeux qui leur sortaient de la tête, mais dès que se profilait une issue de secours, certains s'esquivaient pour fumer une cigarette, abandonnant les autres. Hé hé…
A leur tête, blouson beige taille XXXX baillant sur une chemise rayée, vociférant, faisant de grands gestes directionnels malgré son oreillette, un colosse de presque deux mètres, une bonne centaine de kilos nourris sûrement de vache taurine, une sorte d'hybride entre une femelle gorille et un yéti. Jamais vu une bête pareille ! Chacun de ses postillons devait détruire une vie quelconque. A 18h40, le devoir accompli, la voiture de Hollande tout juste partie, il félicitait dans l'obscurité son équipe de grandes claques 'cajoleuses' qui les projetaient les uns contre les autres, bon, j'exagère un peu…
On peut dire ce que l'on veut, mais à l'extérieur, la popularité de François Hollande était évidente. Les gens issus de classes très populaires ou non étaient ravis, se bousculaient et scandaient "Hollande président" avec un réel plaisir.
Pour l'anecdote, j'ai voulu serrer la main de François, histoire de vérifier sa réputation de 'chmoll'. En effet, pas de poigne, l'impression d'avoir dans la main une chiffe molle sans réaction, mais, après des milliers de serrages, la main doit se liquéfier, non ?
Juste après ce court instant d'échanges dermiques certainement sublissimes, loin de cette caravane en délire, une seule et récurrente obsession, me laver la main ! Je pensais aux millions de germes, d'agents pathogènes de grippes, gastro-entérites, dermites, salmonellose, d'herpès labial, de matières fécales que cette main pourtant illustre auraient pu déposer dans la mienne.
Pour lui, à part une tendinite, des millions de bulletins potentiels.
Le siège des visiteurs autour d'une vache et son veau...
Cool le joueur de cor...
François Hollande, boire un petit coup...
Le "yéti-gorille" sans tête, tout en haut de l'image, blouson beige ouvert...
Images perso Cixi-Hélène
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