François Mitterrand et le mont Beuvray, une histoire gauloise
Dans un État populaire (démocratique), écrivait Montesquieu, il faut un ressort de plus qui est la VERTU. Que les citoyens français se soient interrogés sur le grand secret de leur ancien Président, ainsi que sur le petit, est dans la logique de nos principes républicains. Conséquence du contrat moral par lequel le « prince » se lie aux citoyens, il importe, en effet, que la clarté soit faite sur tout ce qui peut paraître obscur. Mais dans la folie médiatique qui s’est emparée de la Presse à la suite de la divulgation de ces deux secrets, il est étonnant qu’aucun journaliste ne se soit vraiment attaché à comprendre les véritables raisons qui ont amené François Mitterrand à ne pas se faire enterrer sur le site du mont Beuvray comme il l’avait prévu.

Oppidum de beaucoup le plus important et le plus riche du peuple éduen, selon César, Bibracte est une des rares forteresses gauloises à avoir été citées par le Grec Strabon. C’est sur ce haut lieu que Vercingétorix fédéra, pour la première fois de notre Histoire, les différents peuples de la Gaule avant la bataille d’Alésia. Au Ier siècle avant J.C., les Eduens de Bourgogne avaient la prédominance en Gaule.
Le souvenir de Bibracte s’est perdu au fil du temps. L’esprit conditionné par les auteurs latins, nous nous sommes appelés d’un nom qui n’a jamais existé « Gallo-romain » et on nous a appris sur les bancs des écoles à mépriser la barbarie « païenne » de nos pères.
Le 18/9/85, le Président fait sa première grande visite officielle au site du mont Beuvray, entouré de nombreux ministres dont celui de la Culture, Jack Lang. M. Pierre Joxe est présent. Le mont Beuvray est déclaré « site national ». Sur la plaque commémorative, on inscrit la phrase suivante : « Ici s’est faite l’union des chefs gaulois autour de Vercingétorix ». A l’issue de son allocution dans laquelle il appelle les Français à la cohésion nationale, François Mitterrand se recueille face à la grande plaine de l’Histoire comme il aimait le faire depuis la roche de Solutré.
On rêve. On affirme que les fouilles laissent augurer de très importantes découvertes. On s’engage devant l’opinion à la tenir au courant avec la plus grande célérité et sans restriction aucune. A Autun, on déclare : « Le mont Beuvray sera peut-être le plus grand site de l’Occident. »(Journal de Saône-et-Loire, 1985).
Le 22/11/90, la presse annonce que le Président de la République a décidé la construction sur l’oppidum d’un centre archéologique européen, d’un musée de la civilisation celtique et l’aménagement de ce site de 135 hectares.
Site national, chantier-école international, drainant chaque année la fine fleur de l’archéologie nationale et européenne, outil de rêve pour l’archéologue, le Beuvray reçoit chaque année un budget de 3 millions à 3, 5 millions de francs. Le chantier engloutit l’équivalent du budget annuel d’une direction archéologique telle que celle du Centre.(Journal de Saône-et-Loire,1989).
Mais les fouilleurs se découragent vite de ne rien trouver de véritablement concluant. A Paris, on s’impatiente. A la Cour des comptes, on ne se pose pas de questions. Après la visite d’Emile Biasini, secrétaire d’Etat aux grands travaux, le coût total du projet est estimé à 200 millions de francs dont 80% pris en charge par l’Etat. Le contribuable ne saura jamais quel aura été le montant final des dépenses.
Le 4/4/95, François Mitterrand, Président de la République Française, inaugure sur la hauteur du mont Beuvray considérée comme le site de Bibracte, le dernier de ses grands travaux : le Centre Archéologique Européen avec son musée consacré aux Celtes. La construction de ce centre, dont l’ambition est de montrer aux touristes la grandeur de la civilisation protohistorique et celtique qui rayonna sur toute l’Europe avant la conquête de la Gaule par les Romains de Jules César, devait marquer le point culminant d’un projet de grande envergure au bénéfice d’une archéologie française en quête de reconnaissance nationale et internationale (Archéologie de la France,éditions de la Réunion des musées nationaux, 1989, préface de M. Jack Lang).
Le 15/5/95, François Mitterrand accorde au Monde une interview (édition du 29 août), dans lequel il met en exergue l’importance de l’Histoire, véritable culture de l’homme politique, mais il rejette sur l’historien la responsabilité de l’interprétation... étonnant testament.
Dans la revue Gallia, tome 55 de l’année 1998, on apprend que les onze années de fouilles archéologiques au mont Beuvray - qui se continuent encore de nos jours - n’auraient plus pour objet que de comprendre l’urbanisme du lieu, ce que confirme Madame Trautmann, ministre de la Culture, au Journal officiel du 19-04-1999, pp. 2337-2338.
Par lettre CP 21823 de 28/01/03, M. Aillagon, Ministre de la Culture, demande à M. Michel Clément, Directeur de l’Architecture et du Patrimoine, d’étudier le dossier relatif à la localisation des anciennes capitales gauloises avec la plus grande attention. Aucune réponse à ce jour.
Sur le sommet du mont Beuvray, que fuient aujourd’hui les hommes politiques, on continue toujours à remuer la terre.
Pour en savoir davantage sur les contestations des sites officiels et sur les sites proposés, il suffit d’interroger l’internet.
E. Mourey,site internet : http://www.bibracte.com
23 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON