Francophobie marocaine et crise diplomatique

L'origine de la brouille entre Rabat et Paris remonte à février 2014. Lorsque la police française avait souhaité entendre le chef des services de renseignement marocain, Abdellatif Hammouchi, au sujet d'accusations de torture à l'intérieur de ses services. Il se trouve que l'homme en question se trouvait dans la résidence de l'ambassadeur du Maroc à Paris, lorsque la police lui avait remis une convocation du juge d'instruction concernant cette affaire. Les policiers n'auraient donc pas respecté les canaux diplomatiques prévus pour ce genre d'interventions. 

Selon RFI, le royaume du Maroc, suite à ce couac, a suspendu sa coopération avec la France, ce qui pose pas mal de problèmes notamment dans le domaine judiciaire. Car, extraditions, mandats d'arrêts internationaux et commissions rogatoires ne sont plus exécutés. Pour ne pas arranger l'ambiance déjà froide entre les deux pays, et bien que la loi marocaine et une convention bilatérale l'interdisent, un mariage gay franco-marocain a été validé par la Cour de cassation. Un événement qui arrive comme une cerise aigre sur un gâteau de marié difficile à digérer de l'autre côté de la Méditerrannée.

Signe que les choses ne s'arrangent vraiment pas, la rencontre entre les deux ministres des Affaires étrangères des deux pays, Laurent Fabius et Salaheddine Mezouar a été reportée à une date ultérieure.

Le pouvoir marocain est-il commanditaire de la caricature de Hollande en nazi ?

Comment en être sûr, rien ne pourra jamais le prouver, mais deux éléments devraient nous interpeller. D'abord, la loi marocaine sanctionne d'un mois à un an de prison et d'une amende de 10 000 à 100 000 dirhams, une offense commise publiquement contre un chef d'Etat étranger. Un journal qui tire seulement à 12 000 exemplaires semaine, peut-il supporter une punition financière de cet ordre. Ensuite, l'hebdo n'est absolument pas coutumier de se genre de numéro outrancier. Voulait-il se faire un sérieux coup de pub, ou copier et se venger de Charlie hebdo avec ou sans l'accord du gouvernement.

Le choc de la photo et le poid des mots

En vrac et selon Abderrahim Ariri, directeur de la publication d’Al Watan Al An.

« c’est très peu à l’encontre du président français, il mérite pire, le gouvernement français n’assure pas la sécurité des citoyens musulmans en France, comme c’est le cas pour la communauté juive. Plusieurs lieux de culte musulmans sont attaqués quotidiennement sans que cela n’alerte les autorités françaises, la gauche comme la droite française sont partis dans une compétition à qui va causer le plus de tort à la communauté musulmane après ces attentats, la France prépare le pays à priver les musulmans de leurs droits, logements et emplois, si ça continue comme ça ».

« C’est une sonnette d’alarme pour la classe politique, au Maroc et en France […] Depuis l’attentat contre Charlie Hebdo, nous avons beaucoup de témoignages qui nous indiquent que l'islamophobie a pris des proportions très inquiétantes en France. » 

Et de faire le rapprochement avec les 116 actes anti-musulmans constatés après les attentats de Paris, avec la Nuit de cristal de 1938. Pour finalement en déduire une conclusion qui fera sans doute dresser les cheveux du président de la République française : 

"Hitler a considéré cet assassinat comme un don du ciel et en a profité pour mobiliser les Allemands contre les juifs, assure Abderrahim Ariri. 

L'acte terroriste est un don du ciel pour Hollande, qui en a profité pour se redonner une virginité politique."