Fraude fiscale et blanchiment : une routine

Toutes les banques dites françaises ont des succursales au sein des « paradis fiscaux », des « places offshore » ou des espaces dits de « réglementation limitée ». La quasi totalité des entreprises d’une taille conséquente et d’activité « globale » disons, pour faire simple du CAC 40 et bien au delà, utilisent aussi ces mêmes places ; possèdent des sociétés écran à la périphérie des pays où elles investissent, et mettent en place des montages juridiques qui « noient » la responsabilité fiscale et pénale en créant des identités tout aussi multiples en délocalisant, via les sièges sociaux multiples de leurs sociétés multiples. Les banques et les entreprises ont par ailleurs des « intérêts croisés », et des participations aux conseils d’administration qui le sont autant. Les centres de compensation, situés dans des espaces de juridiction limitée permettent par ailleurs de faire communiquer les flots financiers, servent de garantie (elles aussi multiples) et permettent, par des transvasements d’actifs, des bilans toujours en équilibre, ou, si les places financières l’exigent des « profits » ou des « pertes » à volonté. Par ailleurs, le secteur financier offre à ses clients les plus aisés ces mêmes facilités, soit au niveau d’une participation privilégiée aux structures ci-dessus, soit à celui de leurs services extra territorialisés. Enfin, les paradis fiscaux, les ports francs, les places offshore et inshore-offshore proposent directement des produits, des participations et des services à ces mêmes « clients fortunés » par des publicités directes ou via les banques, les conseils juridiques ou des commerciaux. Tout un secteur juridique au sein de pratiquement tous les pays, n’est voué qu’à cela.
Ce fonctionnement, systémique et bien rôdé, constitue ce que communément on pourrait appeler « mécanisme de plus-value de la rente ». Que l’activité primaire soit commerciale, de service, agricole ou industrielle elle vise in fine cette « cuve commune » où les « profits primaires » échappent au fisc et profitent à des « loyers de l’argent » se situant bien au-delà d’une rentabilité « communément admise ». A travers le marché obligataire (qui est en soi une lessiveuse de milliers de milliards par le fait même que tout « appel obligataire » efface les identités précédentes des fonds), et toute une autre série de produits financiers dont les « one » ou « special purpose companies » des fonds dissimulés intègrent l’économie formelle via les besoins des dettes souveraines et du privé.
Ainsi, les notions même de blanchiment, de fraude fiscale, de spéculation sur les dettes des uns et des autres sont intimement liées. Et pour le dire plus clairement encore, quiconque fraude le fisc à travers les paradis fiscaux ou les places offshore ne planque pas simplement ses capitaux mais participe à la spirale de la dette et de ses bénéfices…
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