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Accueil du site > Tribune Libre > Frédo, l’ami de la poésie

Frédo, l’ami de la poésie

Hier, grande soirée de fin des francofolies 2009, malgré la polémique.
Après Pep’s, un peu quelconque, nous avons eu droit à Zéphyr un groupe de rappeurs qui n’a pas eu beaucoup de mal à écrire ses textes puisque ceux ci consistent à éructer "Ca va La Rochelle ?", "la famille", et quelques borborygmes incompréhensibles entre les deux. Je passe sous silence les inévitables moments de pure démagogie : "on s’aime tous, mes frères..."
Comme nous étions partis pour 7 heures de musique, j’avais quelques inquiétudes...
Puis Caravan Palace est monté sur scène. Et La Rochelle a pris feu. Un swing extraordinaire, mâtiné d’électro, servi par des musiciens de talent et une chanteuse infatigable, sexy et touchée par la grâce. Du pur bonheur.
Le public ne s’y est pas trompé entre les "standing ovations", les rappels, les applaudissements frénétiques. Le public des Francos est réputé chaleureux ; il n’a pas fait mentir sa réputation.

Goran Brégovic, avec son "orchestre pour enterrements et mariages" a pu le mesurer. Soutenu d’un bout à l’autre de sa belle prestation, c’est visiblement ému qu’il a fait part de son plaisir d’être apprécié par les Rochelais qui connaissaient visiblement bien son œuvre et ont repris en cœur "in the death car" mythique musique du non moins mythique "Arizona dream".

Puis La Rue Ketanou et arrivé avec son cri de guerre : "c’est pas nous qui sommes à la rue, c’est la rue qu’est à nous". Que de chemin parcouru depuis leur prestation déjà superbe dans l’île de Ré il y a plus de 10 ans... Une première partie pleine d’énergie, avec un accordéon ensorcelant et des textes affutés, des voix guailleuses et une énergie appréciable.
Un show interrompu par le traditionnel feu d’artifice. Puis un retour sur scène avec un orchestre philharmonique de 50 musiciens et un chef d’orchestre branché sur le 200 volts !
Il se passe toujours quelque chose aux Franco...
Je ne parlerai pas de la prestation de Birdy Nam Nam, un groupe français d’électro, "lauréat du titre de champion du monde de DJ en équipe en 2002 au concours DMC". Pas mon truc, j’ai préféré partir. Et je n’étais pas le seul.

Entre deux prestations, Gérard Pont, le directeur des Francofolies de la Rochelle, est monté sur scène pour annoncer solennellement qu’il était "le patron" et que "ce n’était pas les "politiques qui faisaient la programmation".

Ce qui nous ramène à Odelsan, à la polémique et à la dernière connerie de Frédéric Mitterrand. Visiblement le nouveau ministre a de nouveau franchi la ligne jaune, son premier fait d’arme ayant été d’annoncer sa nomination avant que le président ne le fasse ! Sarko n’a toujours pas digéré.
Il semble que la fréquentation de jeunes prostitués d’Afrique du Nord, dont il se glorifie dans un livre, ait altéré le goût du beau de "notre ministre de la culture".
Comme le dit l’ami Marc Vasseur : il fallait oser comparer le fameux chanteur de "l’avortement à l’opinel" à Arthur Rimbaud. Et bien il l’a fait !

"Je ne trouve rien de choquant ni de répréhensible à la manière dont [Orelsan] chante" le dépit amoureux, a annoncé Frédéric Mitterrand, en ajoutant que "Rimbaud a écrit des choses bien plus violentes et qui sont devenues des classiques".
Il a quand même précisé qu’il ne savait pas si Odelsan deviendrait un classique...
Dans le but louable de nous aider à nous forger une idée, l’ami Marc nous propose de comparer nos deux Rimbaud, le vrai et celui de Frédo

Orelsan "Rambo" :
Sale Pute :


J déteste les petites putes genre Paris Hilton les meuf qui suce des queues de la taille de celle de ”Lexington”
Tes juste bonne a te faire péter le rectum même si tu disais des trucs intelligents t aurais l air conne
J te déteste j veux que tu creves lentement j veux qu tombes enceinte et qu tu perdes l enfant
Les histoires d amour ça commence bien ça finit mal
Avant j t aimais maintenant j rêve de voir imprimer de mes empreintes digitales
Tu es juste une putain d avaleuse de sabre un sale catin
Un sale tapin tous ces mots doux c était que du baratin
On s tenait par la main on s enlaçait on s embrassait
On verra comment tu fais la belle avec une jambe cassée
On verra comment tu suces quand j te boiterais la mâchoire
Tes juste une truie tu mérites ta place a l abattoir
T es juste un démon déguise en femme j veut te voir briser en larme
J veut t voir rendre l âme j veut te voir retourner brûler dans le flammes.

Je vous épargne aussi son truc assez sympa sur la Saint Valentin ????

Arthur Rimbaud... donc pareil que l’autre d’après le con du jour... :

Le bateau ivre.

Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles,
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.

J’étais insoucieux de tous les équipages,
Porteur de blés flamands ou de cotons anglais.
Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages,
Les Fleuves m’ont laissé descendre où je voulais.

Dans les clapotements furieux des marées,
Moi, l’autre hiver, plus sourd que les cerveaux d’enfants,
Je courus ! Et les Péninsules démarrées
N’ont pas subi tohu-bohus plus triomphants.

On voit donc que par sa comparaison notre ministre se place délibérément du coté des vrais amis de la poésie ! J’ose à peine imaginer le tandem annoncé Frédo Mitterrand-Frédo Lefebvre ! En tous cas, s’ils se reproduisent, gardez moi un petit : c’est pour mettre dans un bocal...

Alain Renaldini


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8 réactions à cet article    


  • norbert gabriel norbert gabriel 15 juillet 2009 15:58

    tout à fait d’accord, et je ne comprends pas ce qu’orelsan venait faire au côté de Caravan Palace et Goran Bregovic... j’aurais quitté le spectacle sans hésiter, je ne peux pas imaginer rester une seconde auprès de spectateurs qui applaudissent les propos tenus par ce type. Et je n’imagine me^me pas qu’il soit hué, c’est ça le pire. dans la bouillie musicale qui est déversée, il est parfois compliqué de comprendre ce qu’il dit.
    Et il est très désobligeant pour Rimbaud d’être mêlé à un débat dans lequel il n’a rien à faire.
    Puisque notre ministre de la culture ne trouve rien de dérangeant dans les textes d’orelsan,
    j’en déduis que « sale pédé bougnoule » n’est pas critiquable à son avis, pas plus que « sale négro » ou « sale juif » On a fait une sacrée avancée dans le libéralisme langagier.


    • norbert gabriel norbert gabriel 15 juillet 2009 16:03

      chanter le dépit amoureux en termes excessifs ne serait pas choquant ni répréhensible, et le dépit politique ? on peut employer les mêmes qualificatifs ?
      remplacer les mots « pute » « chienne » par Nicolas ??? c’est une ouverture intéressante..


      • orage mécanique orage mécanique 15 juillet 2009 16:10

        Quitter un spectacle avant la fin n’est pas une preuve de culture c’est même l’inverse.
        Un spectacle peut être « difficile » à suivre, mais il faut être curieux et comprendre pourquoi on ne l’aime pas et pour cela il faut rester jusqu’au bout et s’y intéresser.
        De la même façon pour Orelsan, il faut avoir une certaine approche du second degré, de l’humour noir, de la frime rapeuse et de l’humour adulescent pour « comprendre » ses textes qui sont plutôt bons.
        Quand à Frédéric Miterrand, il a beaucoup de défauts mais n’est pas inculte et Rimbaud n’a pas écrit que « le bateau ivre »

        Mes petites amoureuses

        Un hydrolat lacrymal lave
        Les cieux vert-chou
        Sous l’arbre tendronnier qui bave,
        Vos caoutchoucs

        Blancs de lunes particulières
        Aux pialats ronds,
        Entrechoquez vos genouillères,
        Mes laiderons !

        Nous nous aimions à cette époque,
        Bleu laideron !
        On mangeait des oeufs à la coque
        Et du mouron !

        Un soir, tu me sacras poète,
        Blond laideron :
        Descends ici, que je te fouette
        En mon giron ;

        J’ai dégueulé ta bandoline,
        Noir laideron ;
        Tu couperais ma mandoline
        Au fil du front.

        Pouah ! mes salives desséchées,
        Roux laideron,
        Infectent encor les tranchées
        De ton sein rond !

        Ô mes petites amoureuses,
        Que je vous hais !
        Plaquez de fouffes douloureuses
        Vos tétons laids !

        Piétinez mes vieilles terrines
        De sentiment ;
        - Hop donc ! soyez-moi ballerines
        Pour un moment !...

        Vos omoplates se déboîtent,
        Ô mes amours !
        Une étoile à vos reins qui boitent
        Tournez vos tours !

        Et c’est pourtant pour ces éclanches
        Que j’ai rimé !
        Je voudrais vous casser les hanches
        D’avoir aimé !

        Fade amas d’étoiles ratées,
        Comblez les coins !
        - Vous crèverez en Dieu, bâtées
        D’ignobles soins !

        Sous les lunes particulières
        Aux pialats ronds,
        Entrechoquez vos genouillères,
        Mes laiderons !


        • Guy Liguili Guy Liguili 15 juillet 2009 19:34

          Orelsan aurait écrit « Mes petites amoureuses » qu’il serait un génie. Hélas...


        • Pirate17 Pirate17 15 juillet 2009 19:55

          Penser que « quitter un spectacle avant la fin est de l’inculture » me semble pour le moins de l’intolérance ; Je ne me suis pas permis de juger Birdy Nam Nam, je suis parti. Ne goutant guère le genre je me suis éclipsé.
          Si vous pensez que la culture s’est s’imposer de regarder ou d’écouter des choses qui ne vous plaisent pas c’est une curieuse vision. Personnellement j’aime que cela rime avec plaisir...
          Pour revenir à Odelsan, j’aime beaucoup l’excuse du second degré. C’est précisément ce qu’il nous avait sorti à la suite de propos profondément homophobes.

          La culture que vous semblez revendiquer ne vous permet pas d’oublier le single Changement : "Les mecs fashion sont plus pédés que la moyenne des focs. Pédé !« ,  »En boîte la CC circule/les pédés gesticulent« , ou encore »Les gars s’habillent comme des meufs/Et les meufs comme des chiennes/Elles kiffent les mecs efféminés comme si elles étaient lesbiennes« .

          Là aussi, il avait été servi le couplet de l’humour et du second degré. Hélas n’est pas Desproges qui veut ...

          Ce qui m’étonne, c’est que les propos ouvertement homophobes, ou les incitations à la haine et la violence peuvent être dans certains cas objets de poursuites judiciaires. Certains groupe de Rap, 7 au total, pour des textes bien plus anodins, en ont fait les frais en début du règne de Sarkozy. Sans qu’à l’époque les deux frédo (Lefebvre et Mitterrand) n’y trouvent à redire.
          Grand silence également lorsque »Les Ogres de Barback« ont été interdits de scène pour avoir critiqué le Président dans des termes qui n’avait rien d’orduriers ou de vulgaires. Souvenez vous, c’était à Oyonnax... Nous étions pourtant là devant un vrai délit d’opinion !

          Merci tout de même pour le texte de Rimbaud, moins connu que le bateau ivre. Pour autant, »mes petites amoureuses" (1871) me semble largement plus audible que celui d’Odelsan.
          De parti pris me direz-vous....

          Enfin, pour mettre fin à ce trop long commentaire, il semble que l’orientation politique de cette polémique soit sans fondement et que l’attaque venue de J. L. Foulquier et dirigée contre S. Royal ne soit qu’une basse vengeance d’un soutien UMP qui ne supporte pas que sa candidate (Mme Morvan) ait été laminée aux dernières élections municipales de La Rochelle.

          Sartre disait que la vieillesse est un naufrage. Foulquier est en train de se noyer devant nous...


        • Lapa Lapa 15 juillet 2009 19:54

          Que voulez-vous on a les génies que l’on mérite. Hier les tags qui sont élevés au niveau de Rembrandt, aujourd’hui le rap nauséabond au niveau de Rimbaud. demain le caca de mon fils sera de l’art pour peu qu’un ministère de subventions ciblées veuille bien le faire croire.

          Sinon les fautes d’orthographe dans le texte elles sont aussi d’Orlesan ou c’est un ajout culturel ?


          • franck2009 16 juillet 2009 09:07

            Toujours rappeler que Frédo a fait son chemin dans le documentaire people...Pour lui l’enfumage des foules et le lèche-cultisme des ’ grands de ce monde ’ est la recette maintenant éprouvée de la réussite républicaine.

            Nous noterons au passage son côté ’ bulldog’ qu’il a mis en exergue au cours de son intervention au parlement au cours de la discussion Hadopi 2...une espèce d’arrogance mêlée de brutalité. L’arrogance héritée de sa famille et la brutalité pour se mettre au niveau des sarkozistes les plus zélés.

            Là dedans, la poésie n’a pas grand chose à faire. Le pauvre guignol, rappeur de son pitoyable état et sa chanson toute pourrie n’était que prétexte pour flinguer Royal avec l’appui d’un autre ’ bulldog ’ du showbizz celui-là, j’ai nommé l’inénarrable Jean-Louis Foulquier...toujours à l’affût d’un coup foireux pour se trouver ici où là, peu importe, une nouvelle prébende. Gageons que le nouveau maître des lieux, Frédéric Mitterrand, qui en son temps courra le cachet lui-aussi, saura se souvenir de la médiocrité d’âme de son ancien-commensal en le nommant vice-roi des intermittents du spectacle.

            Tout celà avec votre pognon bé sûr ....


          • orage mécanique orage mécanique 16 juillet 2009 09:21

            bienvenu dans le monde du poujadisme et de l’art à la papa,

            citant Rimbaud il ne s’agissait nullement de comparer celui-ci à Orelsan, qui l’oserait  ??? mais simplement de faire comprendre que l’art n’était pas exempt d’aspérité.
            L’aveuglement politique empêche parfois la raison de s’exprimer.

            Oui les textes d’Orelsan sont remplis de second degré et d’humour noir mais aussi de beaucoup de frime, et oui vous n’avez pas les outils pour le comprendre et vous n’essayez pas de le comprendre .
            Ce que vous faites là c’est comme accuser Brassens d’apologie à la zoophilie avec sa chanson du Gorille (inutile de faire un commentaire pour dire qu’Orelsan n’a pas le talent de Brassens)

            Je pensais sincèrement que notre génération aurait eu suffisamment d’expérience et éviterait de comparait l’art dans ces époques .... De mon temps c’était bien mieux ! Manifestement il n’en est rien.

             

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