Frites, sexe et pouvoir
Antoine Parmentier a donné ses lettres de noblesse à la pomme de terre aux environs de 1770. On lui attribue d’avoir présenté cette tubercule comme un aliment de première ligne en cas de disette. Il inventa même le célèbre hachis Parmentier. Mais on oublie que la pomme de terre fut introduite en Europe deux siècles plus tôt, soit en Espagne en 1534.

De l’invention de la frite à l’appétit sexuel
Les belges la consommaient bien avant l’apparition du célèbre hachis. Un jour il inventèrent les frites Comment ? Les habitants de la ville de Namur avaient coutume de pêcher des petits poissons dans la Meuse, et de les frire pour les manger. Un jour où la pêche n’avait pas donné, ils décidèrent de couper des pommes de terre en forme de petits poissons - du fretin, d’où le mot frites - et de les faire cuire dans l’huile. Ainsi furent inventées les frites.
Les belges ont la frite, mais vu leur absence de gouvernement, ils ne risquent pas de mélanger le sexe et le pouvoir.
Pas comme les français ou les italiens. Et les autres ! Parmi les récents, il y a Dominique Strauss-Kahn, qui partage avec Silvio Berlusconi le goût des coups illégitimes. DSK fut épinglé peu après son entrée en fonction au FMI pour avoir séduit une employée. Bah, quand on a un gros tempérament, à quoi bon attendre ?
Berlusconi, on connaît ses aventures, du moins ce que la presse en dit.
Dans les deux cas on constate un gros appétit sexuel.
« Les primatologues le savent bien, chez les Bonobos du Congo c’est le sexe qui motive la prise de pouvoir des mâles. Dans la société primate, le pouvoir de séduction des mâles augmente au fur et à mesure de leur progression dans l’échelle sociale. Ainsi le premier privilège du chef est de pouvoir séduire plus de femelles que ses subordonnés et qui plus est, les plus courtisées. »
Et cela marche ! Les hommes de pouvoir, ou au pouvoir, accumulent souvent les maîtresses. Ces hommes tiennent-ils donc du singe ? Je citais dans un précédent billet le côté clan des loups dans l’humanité. Mais le loup n’accumule pas les « conquêtes ». Il y a donc aussi un clan des singes.
Morale et sexualité
Le pouvoir, l’argent, la multiplicité des femelles, est peut-être une programmation du mâle. La morale n’y peut visiblement rien. A moins de considérer que la morale de ces personnages est moindre que leur goût de la réussite personnelle. La morale est un ensemble de règles, recommandations et interdits sur le comportement. Mais l’appétit qui pousse à viser le premier rang politique est peu compatible avec l’interdit.
Considérons donc que sauf exception, l’expression d’une sexualité multiple et débridée est un élément de la nature humaine, et en particulier un signal de l’ambition et du sentiment de puissance. Entre l’archaïsme du comportement animal et la pureté supposée du mâle public, il y a au moins quelques millions d’années. Des millions d’années que l’on n’a pas encore totalement franchis.
Les mâles montrant ouvertement leurs envies, on a tendance à considérer que cette sexualité leur appartient. Il semble que les femmes soient plus discrètes. Pourtant, si un homme séduit une femme, il y a bien une femme qui accepte d’être séduite.
La jeune Ruby n’a pas été forcée par Berlusconi. Elle y a vu son intérêt et a gagné beaucoup d’argent. Pourquoi attribuer seulement à Berlusconi une dégradation supposée de l’image de la femme ? Il ne fait que suivre son envie. Ruby elle, suit son intérêt. A aucun moment elle n'a exprimé une perte de sa dignité. Je ne vois donc pas comment on peut dire que le premier ministre italien a porté atteinte à la dignité des femmes, qui plus est dans leur ensemble. Petite patenthèse : cela me fait penser aux réactions de solidarité claniques : toucher un membre du clan c’est toucher tout le clan. Rien que de normalement archaïque là-dedans.
Mais une question me vient. On reproche à Berlusconi pire que d’avoir éventuellement couché avec une mineure : on lui reproche un comportement immoral portant atteinte à l’honneur et à la dignité des femmes. On n’est pas sur le plan pénal mais moral. On est dans la quête de la pureté ou d'une irréprochabilité morale. Bien. Alors, toutes les femmes qui sont descendues dans la rue sont-elles irréprochables moralement ? N’ont-elles jamais trompé leur homme ? Jamais accepté une relation parce que l’homme était riche ? Jamais accepté un cadeau d’un homme qui tente de les séduire ? Sont-elles donc pures ? Si oui, alors leur colère est légitime. Si elles ne le sont pas je ne vois pas de quelle autorité elles font des reproches à Berlusconi.
L’honneur des femmes
Je constate de plus qu’il n’y a pas de reproche formulé envers Ruby. Pourtant, s’il y a dégradation de l’honneur et de la dignité des femmes, n’en est-elle pas la cause directe ? Ainsi que les autres femmes qui ont participé aux soirées ? (Par son comportement Berlusconi atteindrait plutôt à l’honneur des hommes !) Est-ce donc la prostitution qui dégraderait l’honneur des femmes ? Dans ce cas le débat doit se porter sur ce thème.
A propos de Dominique Strauss-Kahn : sa maîtresse avait écrit une lettre, citée par l’Express sur son site le 17 février 2009 : « M. Strauss-Kahn a abusé de sa position pour entrer en relation avec moi. » Et de poursuivre : « Je n'étais pas préparée aux avances du directeur général du FMI. [...] J'avais le sentiment que j'étais perdante si j'acceptais, et perdante si je refusais. »
Rien ne l’obligeait à dire oui puisque, selon elle, elle aurait été perdante dans les deux cas, qu’elle accepte ou qu’elle refuse les avances de DSK. Elle a pris le temps de réfléchir et a accepté d’être en relation. Elle n’est donc pas victime.
Je ne crois pas qu’il soit bon de faire porter la charge des fautes sur les hommes et celle des victimes sur les femmes. Est-ce pour échapper à la réputation douteuse qu’on pourrait leur faire ? En réalité c’est là que l’image de la femme en prend un coup, et un coup probablement pire : c’est de les montrer comme lâches et irresponsables de leur actes. J’ai personnellement une plus haute opinion des femmes : je les crois capables de dire oui ou non, même au risque d’y perdre des plumes. A mon sens le respect des femmes passe par la reconnaissance de leur responsabilité dans leur vie, de leur capacité de choix, de dire oui ou non.
L’honneur perdu c’est la lâcheté. L’honneur retrouvé c’est la responsabilité. Cet honneur, ce n’est pas une journée dans les rues qui va le faire revenir, ni un discours qui ferait de l’homme un prédateur. L'honneur c’est d'être responsable de ses choix jour après jour. C’est d’assumer ses désirs et ses actes.
Grisélidis Réal, péripatéticienne célèbre, montrait plus de dignité en s'assumant qu’une foule dont le but est de lyncher moralement un homme, même si cet homme n'est pas exempt de critique.
Sources des extraits :
http://www.lexpress.fr/actualite/politique/affaire-dsk-la...
http://www.polemistes.com/pour-ou-contre/le-sexe-est-il-l...
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