Fusillades meurtrières au cœur des « médinas » parisiennes
Les 8, 9, et 10 mai 1945, des Musulmans massacrent des Européens dans le Constantinois, l'ordre y est rapidement rétabli mais l'heure de l'hallali a sonné. L'année suivante, l'Union démocratique du Manifeste algérien et le Triomphe des libertés démocratiques, partis nationalistes militant pour l'indépendance, remportent un important succès aux élections législatives, poussée confirmée par les municipales de 47 mais infirmée lors des élections pour l'Assemblée algérienne d'avril 1948. Les nationalistes sont laminés par les Musulmans traditionalistes et les indépendantistes favorables à la coopération avec la France. Le conflit algérien et son cortège d'horreurs ne vont pas tarder à atteindre la métropole.
Le FLN a pris la décision d’ouvrir la Fédération de France dès l'année 1954 et celle de son bras armé, l'Organisation spéciale (OS), en 1956 dont les groupes de choc et groupes armés ont pour missions : le sabotage - les fusillades - les assassinats - les attentats. La plupart de ces hommes de main sont des gens simples, ouvriers ou employés peu qualifiés dont le FLN prend en charge leur formation, se réservant le recueil du renseignement et la logistique. Entre 1957 et octobre 1961, quatre mille musulmans ont été assassinés en France par les tueurs liés à la Fédération de France du Front de Libération National dans des règlements de compte politiques avec le Mouvement nationaliste algérien. La France a été divisée en six puis en sept wilayas (régions administratives) avec à leur tête un contrôleur.
Tous les musulmans doivent s'acquitter tous les deux mois d'un impôt patriotique (2 000 francs mensuels pour les ouvriers et employés, un pourcentage sur le chiffre d'affaires pour les commerçants) auprès des collecteurs du FLN qui veut s'imposer comme parti unique, celui qui refuse de payer soit parce qu'il est impécunieux, soit non politisé ou acquis au MNA de Messali Hadj, a une amende, s'il persiste dans son refus, il est assassiné pour servir d'exemple et effrayer ses coreligionnaires. Certains musulmans n'hésitent pas à se faire passer pour des émissaires du FLN afin d'empocher l'argent pour leur propre compte, ce qui débouche sur de sanglants règlements de compte...
Les Algériens sont arrivés en France au début du XXe siècle avant d'être ensuite mobilisés lors de la Première Guerre mondiale à laquelle ils paieront un lourd tribut. Le conflit terminé, tous ne sont pas rentrés, bientôt rejoints par des compatriotes ils vont se regrouper dans des bidonvilles. La première mention de la nation algérienne le sera dans le numéro 89 de l'Étoile de 1936 ! Avant cela, il n'existait pas à vrai-dire de nation algérienne, mais un peuple aux origines berbères et arabo-musulmanes diverses qui avait vécu en paix, en partie, grâce à la présence française.
Après la Seconde Guerre mondiale à laquelle de nombreux musulmans ont participé, l'immigration économique est favorisée afin de reconstruire le pays. Les Algériens qui émigrent en France proviennent des régions les plus pauvres et les plus reculées ; le plus souvent illettrés et ne parlant pas le français, ils vont être les victimes d'entrepreneurs ou de logeurs sans scrupule. Les syndicats français vont entreprendre de les aider... tout en les utilisant dans un but plus politique que syndical. Les premières actions de Messali Hadj vont s'inscrire dans le cadre de la section algérienne de la CGT. L'Amicale générale des travailleurs algériens (AGTA) qui comptait alors 3 000 ouvriers dans les usines Renault de Boulogne-Billancourt, apportait un soutien de premier ordre au FLN : impression des tracts - hébergement d'agents clandestins - messagers - transport d'armes - caches, etc., aidé par : des porteurs de valises, des passeurs, des « taxis », la plupart étant des Français proches du réseau Jeanson... L'action de cette section va rapidement se détacher de la CGT jugée colonialiste et rejoindre l'Étoile d'Afrique du Nord, une extension du Secours rouge international d'obédience marxiste.
La Préfecture de Police de Paris va rapidement mettre en œuvre un service d'assistance technique aux Français Musulmans d'Algérie (SAT-FMA) animé par des jeunes gens parlant l'arabe ou le kabyle afin d'aider les travailleurs dans leurs démarches administratives et à trouver un emploi, aide qui contrecarrait l'emprise du FLN en facilitant l'infiltration policière des milieux musulmans de Paris intra et extra-muros. Le FLN n'allait pas se contenter de mitrailler ou de grenader des postes de police situés au cœur de la capitale, il allait prendre aussi pour cible les fonctionnaires du SAT-FMA. Le responsable du bureau de Nanterre du SAT-FMA, le capitaine Montaner a rapidement compris que l'on arriverait à pas grand chose avec les méthodes de police conventionnelle ou traditionnelles, ce que les « pontes » et autres experts actuels semblent avoir hélas oublié la leçon. Les fonctionnaires de police de la Préfecture de Police de Paris, des Renseignements Généraux et ceux de la Surveillance du Territoire porteront des coups très durs au FLN. En 1961, ils en interpelleront la quasi totalité, notamment : des responsables - des porteurs de valises, et ils saisiront de nombreux documents suffisant pour étêter le mouvement. Le capitaine Montaner proposa la création d'une police supplétive, idée accueillie favorablement par le Ministre de l'intérieur Papon et le Premier ministre Michel Debré.
Cet ancien officier des Sections algériennes spécialisées (SAS) commença par recruter 150 volontaires à Alger qui allaient constituer l'embryon de la Force de Police Auxiliaire (FPA) créée le 1° décembre 1959. Après leur instruction au Fort de Noisy-le-Sec (Seine Saint-Denis), ces supplétifs musulmans qui seront plus tard surnommés les « harkis de Paris », vont prendre leur quartier dans le 13° arrondissement de paris rue du Château-des-rentiers, Boulevard de la Gare, dans 18° (Goutte-d'Or), et au 9 rue Harvey, fiefs du FLN, et instrumenter en uniforme pour le maintien de l'ordre ou en civil pour les missions de renseignement ou d'infiltration. En quelques mois seulement, la collecte de l'impôt patriotique diminua de moitié, les arrestations s'enchainaient, et les saisies d'armes s'amoncelaient. Devant les succès remportés par la FPA dans la « bataille de Paris », le FLN décida qu'il allait devoir exterminer les hommes appartenant au FPA, il allait pouvoir compter sur l'aide d'un syndicat qui noyautait la police nationale ! Quarante-six policiers auxiliaires y perdront la vie, soit un taux de perte de 11 % et une soixantaine seront blessés ! La FPA fut dissoute le 30 juin 1962, les policiers auxiliaires qui en firent la demande furent titularisés gardiens de la paix de la Préfecture de Police, et le transfert de leur famille organisé en échange des services rendus. L'indépendance de l'Algérie intervenue en 1962, la population maghrébine en France comptait alors 350 000 individus, et nombre d'Algériens qui avaient milité pour l'indépendance de leur pays, l'Algérie, se décidèrent cependant pour rester en France, le pays honni...
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