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Accueil du site > Tribune Libre > Gabon : Quand Sarkozy vend la chair des Français

Gabon : Quand Sarkozy vend la chair des Français

 Kant avait proclamé les incongruités de la démocratie. De Gaulle a annoncé : la Société des Nations-SDN aujourd’hui Onu- est un gros machin ; Nicolas Sarkozy a diagnostiqué l’immaturité historique des peuples africains. L’histoire nous indique que l’Afrique noire est mal partie. La réalité des faits historiques oblige à rappeler combien ces peuples restent prisonniers de leur passé : le passé colonial. La France. Nous assistons aujourd’hui avec ce qui ce passe au Gabon, à l’emprisonnement de nos Républiques, non parce qu’elles sont mal gérées, mais parce que leur existence n’a plus de sens.
 
  Blanc comme nègre(1)…
 
Les violences des lendemains des élections en Afrique, sont autant de symptômes de la fin de l’Etat de droit, avec son dogme sacré, le suffrage universel. Cette accélération des violations de l’Etat de droit, constitue une remise en question des fondements des droits des peuples face aux puissances de ceux qui écrivent l’Histoire : les colons. Si nous voulons, ceux qui ont les industries de l’armement ; les industries de l’écriture de l’Histoire par la barbarie et la mort.
Dans les Cités préhistoriques, enfermer quelqu’un sous le joug d’un maître : était agir par complaisance et pour le prolongement d’un système putatif, inhérent au pouvoir et à son emprise sur les citoyens. Ce système marquait l’organisation d’une société où la force était l’expression du droit. La société de contrat, dont la démocratie est une composante est inadéquate et inadaptée avec l’expression primitive des Cités antiques : la force. La démocratie repose sur un diptyque : la liberté et le vote. L’abolition du droit de vote par un système de servilité et d’exploitation, incarné par la droite française en Afrique, est sociologiquement inéluctable avec l’aspiration des peuples africains à s’auto gérer. Il faut se rendre à l’évidence : les élections tuent plus que la tuberculose, la malaria et le Sida.
Cette droite qui se réclame gaulliste a montré par l’absurde, qu’une société des peuples, ou une société moderne selon elle, se manifestait par la mise en avant du profit et non des peuples. C’est absolument à l’opposé, de l’enferment contre lequel De Gaulle se battait au sein de la Société des Nations. La dissimulation de la vérité et des chiffres exacts dans l’élection présidentielle au Gabon, n’est que la poursuite d’un processus de colonisation qui ne convient plus à notre société moderne. Depuis que la droite est aux affaires, en Afrique nous avons noté trois cas flagrants de successions dynastiques : Kabila fils en RDC, Faure Gnassimbé au Togo, Ali Bongo au Gabon. Voilà donc notre Nicolas moderne qui nous fait retourner dans l’Antiquité.
 
 La France était-elle neutre ?
 
« Au Gabon, les trois principaux candidats à la présidence se sont respectivement déclarés vainqueurs en début de semaine. Mais lequel a l’argument de la France ? Alain Joyandet le si pâlot Secrétaire d’Etat à la coopération, l’a seriné pendant quinze jours dans toutes les gazettes : La France n’a pas de candidat. On n’en doute pas. Des trois, pourtant, c’est le seul Ali Ben Bongo, fils du disparu Omar, qui, avant la consultation a été reçu à l’Elysée. Sûrement pour lui signifier toute la répugnance qu’il inspire au régime de Sarko. »(2)
 
Les discours de neutralité clamés par les autorités françaises, laissent plus d’un observateur pantois, d’autant plus qu’ils ne constituent pas moins, la garantie du retour au calme et à la confiance. Tous ces indices assemblés, signent la défaite de la confiance dans les élections en Afrique. Loin de résoudre un problème moral et politique, les réceptions impériales offertes par Nicolas Sarkozy à plusieurs dictateurs africains, sanctuarisent la Françafrique par ses pratiques d’ingérence et de complicité contre les intérêts des Africains. Dans le cas d’espèce, Nicolas Sarkozy n’a fait qu’entériner un mouvement d’immobilisme, avec en prime la sensiblerie et l’hypocrisie. Comment expliquer aux Africains la présence des rafales de l’armée française au 40ème anniversaire de Kadhafi ? Comment faire comprendre aux incultes Africains qu’après une élection aussi contestée, que Nicolas Sarkozy ait adressé un message de félicitations à Ali Bongo, et pourtant que le bon sens aurait voulu que la France exige une commission d’enquête internationale , autant qu’elle le demande en Iran, pour déterminer le vainqueur ? Ceci est d’autant malsain que la plupart des observateurs de l’UA donnaient l’opposition vainqueur, et qu’Ali Bongo venait en troisième position derrière Mamboundou et Mba Obame. Nous sommes encore plus tristes quant au silence de la France, après le mitraillage de la station radio de Mba Obame ; qui pis est, l’opérateur Orange a suspendu l’envoi des SMS, après les premières tendances qui donnaient l’opposition gagnante.
 
Condamner les Gabonais à accepter de force un Ali Bongo comme président, est une action qui consiste à les faire se sentir humiliés, violés et désespérés. Avec les nouvelles tournures des événements de Port-Gentil, il va sans dire que les intérêts français et des Français du Gabon seront en danger. Reconstruire le Gabon en particulier et l’Afrique en général, après tant d’années de bétonnage, est avant tout, prendre en compte la vie des hommes et des femmes vivant dans ce pays et ce continent.
 
De Gaulle disait à l’époque que les français sont des veaux, est-ce une raison de les sacrifier sur l’autel des intérêts particuliers en Afrique ? En tout cas, puisque les Français sont des veaux, les affamés de la démocratie ont un plat cuisiné tout offert par Sarkozy.
 
 Aimé Mathurin Moussy
 
(1) Blanc comme nègre, Omar Bongo Odimba
(2) Le canard enchaîné n°4636 du 2 septembre 2009
 

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6 réactions à cet article    


  • Bois-Guisbert 7 septembre 2009 10:31

    Parmi les critères que j’applique pour déterminer l’aptitude d’un peuple à la démocratie, le tout premier réside dans la capacité des battus d’accepter leur défaite.


    • Fox 1er octobre 2009 13:30


      Les « battus » ne sont pas battus, ils ont été volés.
      Les données chiffrées données par les deux candidats Mba Obame et Mamboundou le prouvent.
      Même la Cour Constitutionnelle inféodée au candidat Bongo n’a pu que se résoudre à engager un décompte des vôtes.
      A sa façon, pour le moment. C’est à dire sans comparer les PV détenus par les différents candidats des 2800 bureaux de votes, qui doivent nécessairement être identiques pour chaque bureau, et revêtus des mêmes signatures (Président, vice président, assesseur, 2nd assesseur).
      Donc Bois Guisbert, de deux choses l’une, soit vous êtes Bongoiste, et je vous plains, soit vous n’avez pas assez creusé le sujet, et vous engage à lire les sources d’informations fiables. LePost.fr / L’Express / Ouest-France / Koaci / Le Monde.....
      Le candidat Mba Obame a déposé un recours disponible sur internet sur son site web : 
      www.andrembaobame.com - 200 pages à lire, pour les curieux.
      Lire aussi upg-gabon.org, le site du principal parti d’opposition.


    • Bois-Guisbert 7 septembre 2009 10:33

      Parmi les critères que j’applique pour déterminer l’aptitude d’un peuple à la démocratie, le tout premier réside dans la capacité des battus d’accepter leur défaite.


      • tiptop 7 septembre 2009 18:40


        Excellent article. Voici ce que j’écris dans « Ali Bongo, Robert Bourgi deux frères ? »

        Petite piqure de rappel pour ceux qui ne comprennent pas pourquoi les Gabonnais (pas dupes de cette comédie électorale) s’en prennent à l’ambassade de France. Année 1990, c’est le fameux mais hypocrite discours de Mitterrand de la Baule sur la nécessaire démocratisation des ex colonies françafricaines. Les potentats locaux se sont crus obligés de plus afficher des scores staliniens aux élections. 90% ça fait tache. Quelques années plus, les Pasqua boys, vrais spécialistes en élections truqués, exportent leurs logiciels maison chez Bongo. Pour la cuisine électorale, ils ont fait leurs preuves à Paris (Tiberi s’en souvient encore !). Bref tout est fait pour sauver les apparences et que rien ne change.

        Aujourd’hui encore quand Robert .Bourgi, le monsieur Afrique de Sarkozy
        dit que : « Ali Bongo est son candidat », qui peut douter de son
        influence quand on connait le pouvoir opérationnel de la cellule
        africaine élyséenne sous la 5ème république ? Comment s’étonner ?
        Jean de la guérivière (journaliste au monde, auteur des « fous
        d’Afrique »), quelqu’un d’assez complaisant vis-à-vis de la
        françafrique, rappelait qu’en 1998 une mission d’observateurs
        Français s’est rendu au gabon pour surveiller la régularité du
        scutin lors des présidentielles. Qui organise ce voyage ? Robert
        Bourgi avocat du président Bongo depuis plus de 20 ans et déjà
        conseiller de l’Elysée pour les affaires africaines. La lettre dans
        laquelle il rend compte des préparatifs au chef de l’état gabonais
        commence par un savoureux « Bonjour Papa » et se termine ainsi « Allez
        Papa, vous nous reviendrez à Paris en triomphateur des élections.
        Dieu vous garde. Votre fidèle et respectueux Robert. » En clair, en
        donnant du « papa » à Omar, Ali Bongo a tout du « frère » pour lui !
        Ecouter Robert sur http://www.voxafrica.com/fr/p/news/headlines/gabon-les-revelations-exclusives-de-robert-bourgi

        Pour ceux pas encore convaincus de l’incroyable duplicité et cynisme de nos dirigeants en matière de magouille électorale en terre d’Afrique, lisez ce communiqué de Survie France pour les élections récentes de sassou Nguesso au congo Brazzaville. L’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) qui a organisé une mission d’observation électorale et rendu un rapport documenté conclut : « Cette élection présidentielle, vu le très faible taux de participation, les fraudes et irrégularités constatées, n’a été ni juste, ni transparente et équitable ; et n’a pas exprimé la volonté du peuple congolais » (1). Cependant une certaine Coordination des observateurs franco-africains (COFA) juge, elle, le scrutin « globalement satisfaisant » au prétexte que « les standards européens ne sont pas à adapter au Congo ». Cette coordination, présidée par Jean-Michel Fourgous, député-maire UMP d’Elancourt (France), comprend, entre autres, Jean-François Mancel, député de l’Oise, Lev Forster et Pierre André Gaborit, tous deux avocats à la Cour de Paris et Ari Ben Acoune, directeur des services d’une communauté d’agglomération. Jean-Michel Fourgous et Jean-François Mancel s’en sont pris également, dans un communiqué, au chef de la délégation de la Commission Européenne au Congo, M. Miguel Amado pour ses « propos partisans ». M. Amado avait déclaré que l’une des raisons pour lesquelles l’UE n’avait pas envoyé d’observateurs à la présidentielle congolaise était le gonflement du fichier électoral. Selon lui, le fichier électoral a été gonflé de plus de 60% avec 2,2 millions d’électeurs pour une population de 3,6 millions d’habitants. Parmi les observateurs, M.M. Jacques Toubon et Patrick Gaubert, députés européens, ont déclaré : « Le matériel électoral était bien sur place dans les bureaux de vote, les listes d’émargement étaient disponibles et les représentants locaux de la Conel commission nationale électorale mise en place par Sassou Nguesso étaient équipés de téléphones portables pour parer à tout problème ». Le soutien impudent apporté par ces hommes politiques et juristes français à la propagande du dictateur Sassou Nguesso constitue une agression à l’égard du peuple congolais bâillonné et opprimé. Une manifestation de protestation contre cette parodie d’élection a en effet été violemment réprimée à Brazzaville le 15 juillet. L’Observatoire congolais des droits de l’Homme dénonce également « le harcèlement des journalistes étrangers venus à Brazzaville couvrir cette élection et la confiscation du processus par le gouvernement qui une fois de plus vient de confirmer à l’opinion publique nationale et internationale son manque de volonté d’instaurer une véritable démocratie dans le pays. »

        Il est trop tôt pour décortiquer la fraude électorale au Gabon mais il est important de comprendre que si les français ne connaissent pas bien M. Bourgi, les gabonnais ,eux , savent à leur dépend le savoir faire de ce monsieur et de ses réseaux en matière électorale.


        • Triodus Triodus 8 septembre 2009 09:33

          .. ?? seulement 4 réactions pour un sujet qui concerne sacrément la france tout de même ! C’est peu..


          • Fox 1er octobre 2009 13:19

            Et non Calmos,
            Les Gabonais nous aiment.
            Tellement qu’ils avaient refusé leur indépendance en 1960, car ils voulaient rester un département français.
            Mais vois tu ils sont chauffés à blanc après une nième défaite électorale, alors que l’opposition est largement majoritaire dans le pays (au moins 75%), et le rôle de la France représenté par Sarkozy et Bourgi est loin d’être compris par les démocrates.
            Ces résultats ne se trouvent pas dans les urnes, à cause de la fraude électorale menée par le candidat arrivé en tête.
            L’heure est au recours juridiques.
            De nombreuses documentations sur le sujet ont été produites par des français qui connaissent l’Afrique et des gabonais qui veulent faire prendre conscience à la communauté internationale de ce déni de démocratie.
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