Galileo : caramba, encore raté !
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L'orbite prévue n'a pas été atteinte par les deux satellites Galileo lancés par une fusée Soyouz depuis la Guyane, a annoncé la société Arianespace ce vendredi 22 août 2014.
Dommage que la technique ne suive pas les discours.
Galileo ?
Ça devait être un système de navigation bien de chez nous, européen, plus performant et plus précis que le GPS yankee, et, qualité suprême, civil, alors que le méchant américain est militaire.
Les horloges atomiques plus récentes devaient assurer un meilleur relevé.
La résolution de moins d’un mètre pour les services de haute précision, et de moins de cinq mètres pour le grand public, devait ridiculiser celle du GPS qui est de 15 à 50 mètres
De plus, les deux fréquences utilisées, opposées à l'unique du GPS, devaient résister aux perturbations dues à l’ionosphère.
Et si je m'abstiens de décliner la suite des qualités techniques, je peux vous donner un aperçu des offres promises.
Pour vous et moi, le service sera gratuit et transparent grâce aux puces compatibles avec les systèmes américain et russe (Glonass).
Les zones d'ombre, comme dans certains quartiers, seront éclairées.
Et financièrement, Galileo sera rentable grâce aux multiples applications commerciales basées sur des signaux payants, plus précis et plus robustes, à destination des avions, des trains, des prochaines voitures sans conducteur, et de tout de ce que vous allez imaginer.
Galileo devait fonctionner vers la fin de la décennie après une succession de retards.
Retard à la décision : c’est en 2001 que l'Europe décide de se doter de son propre système de géolocalisation, alors que le programme GPS avait été lancé en 1971 par Richard Nixon pendant la guerre froide, était achevé en 1995, et restait sous la coupe des militaires qui pouvaient le couper en fonction de leurs intérêts stratégiques .
Quelles sont les causes des retards ?
Budgétaires ? Organisationnelles ? Techniques ? Rivalités étatiques ?
Toujours est-il que si 30 satellites Galileo sont prévus, c'en est seulement 2 qui sont mis en orbite en octobre 2011, rejoints par 2 autres en 2012.
En février 2014, les tests et la validation permettent le déploiement.
Avec les 2 satellites lancés en août, et les 2 autres avant la fin de l’année, un premier service, limité, aurait pu être offert début 2015.
Et à l'aide de satellites supplémentaires, de stations relais terrestres et de quelques 7 milliards d’euros de la Commission européenne, Galileo devrait être opérationnel vers 2019-2020.
Pour pallier les déficiences temporaires, un accord a été conclu avec GPS.
Mais le planning sera-t-il enfin respecté par la PME allemande OHB qui doit fabriquer 22 des 30 satellites et qui avait été sélectionnée aux dépens de Thalès et d’Airbus Group ?
Mais la géopolitique va-t-elle laisser la Russie permettre à Arianespace d'utiliser ses fusées Soyouz ?
Mais la santé financière de l'Europe va-t-elle lui permettre de continuer à investir ?
Mais le système va-t-il fonctionner sans problème technique ni dérive budgétaire ?
Et si jamais les conditions sont réunies et que tout marche, quelle sera la place de Galileo face à la concurrence américaine, russe, chinoise, indienne et japonaise ? Sans compter d'autres pays qui pourraient émerger.
L'enjeu est avant tout stratégique, mais aussi économique.
Que savons-nous des circuits de décision ?
Comment pouvons-nous influer sur les choix, sur les moyens, sur les budgets, sur les dates ?
A propos, dites-moi, de quoi avons-nous parler lors des élections européennes du printemps dernier ?
Il me vient une impression de gâchis. Mais ce doit être l'aigreur due à mon âge avancé.
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