Garantir le pluralisme et l’indépendance des médias
François Bayrou a été un des premiers à dénoncer les relations consanguines voire incestueuses entre les pouvoirs politique, économique et médiatique. Une de ses manifestations est le bipolarisme des médias en matière politique (le duo Ségo-Sarko). Voici des propositions concrètes pour lutter contre ce poison qui envenime la démocratie.
François Bayrou : Les médias suivent un mécanisme implacable : les minutes de télévision créent les bons sondages, qui eux-mêmes suscitent des articles qui engendrent les minutes de télévision. C’est un formatage qui pousse à la bipolarisation de la vie politique...
Je dénonce deux phénomènes :
D’abord, que les groupes qui possèdent des médias soient par ailleurs en affaire avec l’Etat : c’est une anomalie démocratique qu’il y ait des liens de clientèle entre l’Etat et les groupes de presse, dans d’autres activités comme l’armement ou le bâtiment.
Deuxièmement, je dénonce la revendication des liens d’intimité entre les patrons de ces groupes de presse et certains hommes politiques.
Autant le second phénomène est une affaire de démarche personnelle, autant le premier peut se régler par la loi. Je propose une loi interdisant aux grands groupes qui vivent des commandes de l’Etat d’acquérir des entreprises de médias. »
Je proposerais même pour élargir le sujet :
OBJECTIFS :
- favoriser le pluralisme de la presse et des chaînes et garantir leur indépendance ;
- empêcher les positions dominantes, les trop fortes concentrations ;
- empêcher la détention capitalistique de journaux de presse et de grands médias par des groupes vivant de commandes publiques (armement notamment) ;
- veiller à ne pas sombrer dans la déculturation, l’abêtisation due à l’apauvrissement des programmes, le remplacement progressif des émissions éducatives, de réflexions, de savoir, par les jeux télévisés, les plateaux people, les télé-réalités.
PROPOSITIONS :
- inscrire dans Constitution l’indépendance des médias par rapport aux pouvoirs économiques et politiques (en plus de celle entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire, déjà mise à mal...) ;
- étendre le rôle du CSA, de la même manière que l’AMF tient ce rôle pour protéger les épargnants de dérives de délits d’initiés, d’ententes entre investisseurs sur les opérations de bourse et de banque d’investissement. L’AMF veillerait à la surveillance capitalistique (un actionnaire peut en cacher un autre !) pour vérifier les concentrations abusives et les collusions d’intérêt, et le CSA imposerait des règles de programmation (par exemple quota minimum en prime time pour servir l’éducation, le savoir et la réflexion, comme le propose la rédaction du journal Marianne) et serait garant de leur respect, veillerait à ce que les journalistes de grands médias qui présentent les journaux télévisés et les émissions à caractère politique ne soient pas trop orientés politiquement ni personnellement trop liés à des personnages politiques... De plus, en cas de non-conformité au respect d’équité des temps d’antenne accordés aux candidats présumés (cf.communiqué de presse du CSA du 4 janvier 2007), il faudrait prévoir des sanctions en cas de non respect, avec une obligation de rééquilibrage et même de rattrapage de temps d’antenne des candidats lésés ;
- trouver d’autres formes de financement aux grands médias et organes de presse, par exemple un financement "mutualisé", par les clients lecteurs et auditeurs, de la même façon qu’on peut l’envisager aussi pour des médias citoyens sur internet. Ceci existe dans le domaine de l’assurance et de la banque (mutuelles, crédit coopératif...) qui pourtant existent aussi en structure capitalistique.
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