Garde-à-vue pour DSK… La cour s’amuse…

La cour s’amuse pendant que le monde bascule. La croisière s’ennuie. Ces dernières semaines, nous avons assisté à un spectacle plutôt incongru, proche d’un vaudeville joué devant les caméras, par des acteurs venus du gouvernement et quelques seconds rôles parmi lesquels Christian Jacob dont l’histoire ne retiendra pas la saillie placée contre DSK qui fit couler pas mal d’encre. DSK justement, qui joue au chat et à la souris, avec la plus affable complaisance des journalistes. Ira, ira pas ? Les spéculations suivent les déclarations et ainsi de suite. Le PS va finir par être qualifié de primaire, pour avoir joué cette pièce de théâtre déclinée en Solferino académie. Le PS est en promo devant les caméras. Hollande entre Eric et Ramzy, Aubry entre Boon et Poelvorde. Jean-Michel Apathie peine à commenter ces phases de jeu politique malgré son accent de terroir tout spécialement adapté aux analyses des mêlées politiciennes, mais quelque peu désarmé lorsque le demi de mêlée Villepin est sorti sur le terrain alors que son équipe avait complètement disparu. Surréaliste tableau d’une république qui cherche son capitaine. Où sont-ils, sur le terrain ? Oui, sur un grand champ reconstitué à Paris, grand moment surréaliste, si les villes ne sont pas à la campagne comme l’aurait imaginé Alphonse Allais, la ferme est dans la capitale et tous, Mélenchon, Villepin, Aubry, Montebourg, Hollande, défilent mais il est vrai que seul un animal politique peut prétendre se lancer dans la course présidentielle.

Pendant ce temps où l’on joue et parie sur les primaires au PS, on agite le spectre du FN et les sondages affichent quelques chiffres censés donner le frisson sur un éventuel remake du 21 avril mais cette fois à l’envers, aux dépends de Nicolas Sarkozy. La cour médiatique s’amuse à nous faire peur. Elle donne quelques leçons de démocratie de temps à autre, fustige quelques têtes de l’exécutif, se paye quelques têtes et notamment le chef du shadow cabinet sur facebook. Pendant ce temps, la ministre responsable de la diplomatie est devenue absente. Il a fallu envoyer deux pièces rapportées pour recoller les morceaux en Tunisie. Ensuite, un porte-parole du quai d’Orsay a bien tenté de bredouiller quelques mots face aux médias en réaction aux propos de Kadhafi, mais on ne s’improvise pas MAM en un jour. Le lendemain, MAM a de nouveau été entendue sur les ondes, après un briefing chez Sarkozy, puis on spécule sur le retour de Juppé au quai d’Orsay, vingt ans après sa prestation chez Balladur à ce poste et l’on commente Zemmour, et l’on s’envoie des piques, des vacheries. Les ministres et les têtes d’affiches passent de médias en médias pour bavarder de choses sans importance. Pendant ce temps, le monde vacille, les pays arabes se révoltent, la transition est incertaine, difficile, le sang coule, la Chine devient la deuxième puissance, l’Iran envoie deux navires patrouiller en Méditerranée, les gauchistes se révoltent dans le Wisconsin, le pétrole flambe et ici en France, la cour s’amuse.

Dimanche dernier, DSK a été cueilli par la patrouille médiatique à sa sortie de l’Elysée. Le convoi étant bien sécurisé, le directeur du FMI a été placé en garde-à-vue pendant un quart d’heure dans les locaux de la deuxième chaîne de télévision. Pas d’inquiétude, il a été bien traité, comme tout citoyen, conformément aux directives européennes. Une caméra a même filmé cette garde-à-vue. Le suspect a été interrogé pour répondre d’un délit. Il est venu en tant que directeur du FMI mais les juges d’instruction médiatiques l’ont épinglé au motif d’un abus de confiance perpétré à l’encontre des citoyens français. L’intéressé aurait profité de son séjour à Paris pour dissimuler une déclaration de candidature aux primaires. Ce qui constitue en plus un abus de bien socialiste. Deux chefs pouvant justifier d’une inculpation s’ils sont avérés. Lors de cette garde-à-vue, l’inspecteur Delahousse, le plus doué de sa génération, a longuement interrogé DSK, usant de toutes les ficelles pour lui arracher des aveux, devant la France toute entière derrière son poste. Mais le directeur du FMI n’a pas craqué, il a été coriace, il n’a pas délivré le moindre indice laissant accroire à sa possible candidature aux primaires. Pourtant, Delahousse, comme du reste sa hiérarchie, étaient certains que DSK avait caché son jeu, tel un rusé parrain de la politique politicienne ayant commis un délit mais niant les faits, en contredisant la version des témoins. Chapeau DSK ! Les médias ont dû se résoudre à le libérer et l’intéressé s’est réfugié à New York qui lui a accordé l’asile politique. Aux dernières nouvelles, les autorités de la Deux, pas plus que le parti socialiste, n’ont adressé une requête afin de demander l’extradition de DSK afin qu’il réponde à nouveau aux questions du prochain juge d’instruction en charge de cette affaire, Denisot ou peut-être Laurence Ferrari, surnommée la Eva Joly de chez Dior. Il se murmure qu’Anne Sinclair pourrait être convoquée prochainement en tant que témoin assisté.

Restons zen et soyons positif. L’interrogatoire de DSK n’a pas été forcément inutile. Nous pourrions espérer que l’enregistrement soit projeté dans les écoles de formation de la police, afin de montrer comment un interrogatoire de garde-à-vue doit se dérouler, avec courtoisie et respect pour le suspect à qui l’on doit accorder la présomption d’innocence. Le monde bascule, pendant ce temps, la cour s’amuse.