Gare à l’urbanisme... Vive la ville !
L’urbanisme, pour la plupart des citoyens, consiste en une accumulation de textes réglementaires régissant le droit de la construction.
Les pétitionnaires d’un permis de construire, connaissent ce « parcours du combattant » dans le maquis administratif : services techniques de la municipalité, Direction Départementale des Territoires (ex DDE), Agence des Bâtiments de France, Service Départemental d’incendie et de secours... Sans oublier internet et les consultations du cadastre et des plans locaux d’urbanisme en ligne.
Souvent, ce parcours impose le recours à un professionnel, afin de démêler l’écheveau.
Mais ceci n’est que la face cachée de l’urbanisme.
La face apparente, vécue et subie, est constituée par les « opérations d’urbanisme », déclenchées par les municipalités.
Au cours de son exercice municipal, le maire se fait une obligation de programmer un certain nombre de projets urbains qui marqueront son mandat et assureront son éventuelle réélection.
Pour les projets mineurs, tels que les aménagements de rues ou places, les pouvoirs publics ont suscité la création de conseil de quartier, censés organiser la participation des citoyens. (mis en place par la loi du 27 février 2002 sur la démocratie de proximité)
Le projet est présenté par le maire ou un de ses adjoints devant un conseil dont le rôle se limite à une chambre d’enregistrement.
Pour des projets un peu plus importants, il arrive que la « participation » fasse l’objet
d’une enquête, comme on a pu le voir récemment pour l’aménagement es berges de l’Yonne à Auxerre.
Lors de la consultation sur internet, j’écrivais ce texte le 6 Octobre 2012 :
« La ville d'Auxerre a présenté trois projets. En réalité il s’agit de trois variantes du même projet, dont le thème central est un nouveau plan de circulation : une boucle en sens unique agrémentée de trois ronds-points, à cheval sur les deux rives de l’Yonne.
Seule la rive gauche fait l’objet de ces variantes :
Projet A : « Toute la place aux piétons ». Projet B : « Une formule équilibrée ».
Projet C : « La ville gagne sur les quais »
L’analyse des titres montre à quel point on peut biaiser une consultation « démocratique » de la population.
Les projets A et B font état d’un changement fonctionnel (« toute la place aux piétons ») , ou spatiale (« la ville gagne sur les quais »). Le projet B, « une formule équilibrée », ne fait état ni d’espace ni de fonction, mais d’un avis, d’une opinion. Qui peut affirmer qu’il n’aime pas l’équilibre ? Surtout à Auxerre, ville phare du centrisme. On peut d’ores et déjà parier sur la victoire du plan B...
Voilà pour la consultation. »
Le projet B bien été choisi et est actuellement en cours de réalisation.
Pour les projets de plus grande importance, on oublie participation et enquête et on privilégie l’opacité et le « fait du prince ».
C’est actuellement le cas pour l’aménagement d’une place de 2 hectares qui abrite le marché de la ville, un parking et un bâtiment classé, la maison des arquebusiers : la place de l’Arquebuse.
Dans le but de rénover cette place, la ville d’Auxerre, prétextant le manque de moyens financiers, propose de la céder à un promoteur privé. Celui-ci, en pure logique financière, présenté un projet qui bétonne l’intégralité de la place : supermarché, boutiques, restaurants, hôtel, parking, et... marché enterré réduit à sa plus simple expression en supprimant toute vente extérieure sur étals.
Les espaces verts sont réduits à la portion congrue et Il n’y a plus d’espace public.
Le projet a été adopté en conseil municipal le 20 décembre 2012.
Aucune concertation n’a eu lieu et la révision simplifiée du PLU est déjà en cours.
Nos villes se sont construites au cours des siècles et Auxerre constitue un étonnant exemple d’équilibre dans son cadre intra-muros.
Je ne suis pas historien, mais j’émets lhypothèse que la ville médiévale n’a pu se développer que dans le cadre d’une véritable démocratie communale, que seul un pays comme la Suisse a su sauvegarder en partie.
Les citoyens doivent reprendre le contrôle de leur ville. Non pas en créant une liste électorale, mais en s’organisant en réel contre-pouvoir, indépendant des conseils de quartier.
"Le changement commence maintenant" ; mais dans l’espace proche, celui de notre vie quotidienne...
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