Gauche ouverture...
J’ai voté Nicolas Sarkozy au deuxième tour de l’élection présidentielle.
Voila une entrée en matière qui aura le mérite de la clarté, même si, dans l’isoloir, c’est avec un enthousiasme réduit à la portion congrue que j’ai glissé le bulletin dans l’enveloppe.
Je reconnais sans aucune difficulté un certain scepticisme quant aux réelles capacités du personnage à imposer une gouvernance novatrice, en véritable rupture avec les lourdeurs devenues traditionnelles d’un "pouvoir à la française"...
"L’exception française" en quelque sorte, est une expression pompeusement utilisée d’ordinaire pour qualifier notre culture, et qui, appliquée aux mandats présidentiels successifs de ces trente dernières années, a largement contribué à laisser ce pays s’empêtrer dans un immobilisme suicidaire, le condamnant à regarder en spectateur inerte, ses voisins européens se réformer à tous les niveaux.
Car quoi qu’on en dise, c’est bien de réformes dont il va falloir oser parler, réformes que les citoyens ont massivement (84 %) appelées de leurs vœux le 6 mai dernier !
Evidemment, ses détracteurs verront dans le volontarisme exacerbé de Nicolas Sarkozy un "brassage de vent" inutile et démago, et continueront de se repaître de ses excursions maltaises ou de l’abstentionnisme de Cécilia.
Mais cette obsession de dépoussiérer (enfin..) l’image du chef de l’Etat et ce coup de balai "nerveux" sur des protocoles, usages et autres méthodes de travail éculées qui ont plus que plombé l’exécutif, ne peuvent être que salutaires.
Et parmi ces "décrottages", la volonté d’ouverture vers des compétences de sensibilités différentes est probablement une bonne idée, même si quelques coincés du dogme n’y voient que trahison, félonie ou désertion.
Mais l’exercice est d’autant plus intéressant qu’il est risqué, et le choix des "ralliés" de l’opposition susceptibles d’intégrer l’équipe gouvernementale doit être mûrement réfléchi et de la plus extrême rigueur.
Partant de ce principe, comment faut-il interpréter cet appel du pied fait par Nicolas Sarkozy à Jack Lang ?
Certes, la tentation doit être grande de porter un violent coup au moral du PS en lui "ponctionnant" cette icône incontournable de la mitterrandie "canal historique".
Certes, l’irrépressible obsession de l’intéressé à rester dans le cône de lumière coûte que coûte en ferait un "corrompu" idéal, qui ne fera que confirmer les multiples reniements et débinages qui ont émaillé une bien trop longue carrière..
Certes...
Mais resservir aux Français ce personnage qui est une parfaite synthèse de ce que le paysage politique de ce pays a de plus caricatural, n’est-il pas de nature à réinjecter une bonne dose d’archaïsme dans un gouvernement qui se veut en "rupture" ?
Pas sûr que les 54 % d’électeurs sarkozistes voient d’un très bon œil une mission confiée à cet opportuniste exalté, dont ils connaissent parfaitement les errances et turpitudes, à commencer par celles que ses propres amis du PS ont été amenés à subir. (A commencer par le couple Royal Hollande, dont les oreilles sifflent encore !).
Qui peut croire à la nécessité impérieuse de s’attacher les services de ce "fouineur de Marocain " prêt à vendre n’importe quoi à n’importe qui pour un sous-portefeuille ministériel ?
A part quelques "bobocrates gauche caviar" incurables, les citoyens que nous sommes ont soupé de cette génération de politiques à la langue de bois hypertrophiée, qui les "travaillent" à la formule grandiloquente stérile, et à coups de bobards empaquetés dans de cérémonieuses tirades, emmaillottés dans de rutilents costards Cerrutti au bout desquels trônent d’impeccables brushings.
Ils veulent des élus qui mettent les mains dans le cambouis, et en finir définitivement avec les recettes périmées d’un logiciel politique utilisé par des hommes qui appartiennent au passé.
Prenez le temps de la réflexion, monsieur Sarkozy, et surtout de revisiter l’historique de M. Lang, notamment l’édifiante affaire Hodique (ici et là), avant de vous faire plus pressant auprès de lui.
Cherchez bien..
A droite, à gauche ou au centre, les chargés de mission potentiels parfaitement compétents ne manquent pas et rongent probablement leur frein !
Méfiez-vous des effets pervers que ne manqueront pas de générer ce genre de parachutages inappropriés.
N’importe quelle étude d’opinion vous confirmera "les réserves" provoquées par la nomination de M. Juppé à un poste clé, vécue par beaucoup comme une entorse à l’éthique et aux principes d’irréprochabilité qu’ils appellent de leurs vœux depuis des lustres.
Restez en là avec les affectations hasardeuses..
Laissez donc M. Lang là ou il est...
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