Geldof devrait militer pour une plus grande ouverture des marchés
Vingt ans après le mythique Live Aid, dix concerts gratuits étaient présentés aujourd’hui à travers le monde à l’initiative de Bob Geldof, ex-chanteur des Boomtown Rats - formation britannique à qui l’on doit la chanson I don’t like Mondays. À quelques jours du sommet du G8 en Écosse, l’opération n’est pas anodine. On veut attirer l’attention des pays les plus riches sur la pauvreté en Afrique, qu’ils effacent la dette de l’Afrique et doublent leur aide au continent. Le slogan de l’événement est « Make Poverty History ». Noble cause s’il en est une, mais effacer une dette et doubler une aide mettront-ils un terme à la pauvreté ?
Le journaliste Richard Hétu nous faisait part d’un point de vue intéressant ce matin dans La Presse, celui de Brett Schaefer de l’Heritage Foundation : « L’Afrique a reçu une aide massive au cours des 40 dernières années, quelque chose comme 500 milliards de dollars. Où sont les résultats ? Il est clair que l’aide au développement ne suffit pas. » Selon Schaefer, si les pays riches veulent vraiment aider l’Afrique, ils doivent d’abord ouvrir leurs frontières aux produits du continent. « Les barrières commerciales érigées par les États-Unis et l’Europe constituent une entrave au développement de l’Afrique. Il est malheureux que les organisateurs de Live 8 mettent l’accent sur l’aide plutôt que sur cette question. » Rien de nouveau vous me direz, mais que ce point de vue se retrouve dans La Presse, ça c’est nouveau !
Car l’aide, en fin de compte, en plus d’être une subvention aux pays les plus pauvres, en est une aux producteurs américains et européens qui voient leurs territoires respectifs protégés d’une éventuelle concurrence. Plutôt que de militer pour plus d’aide de la part des pays riches, Geldof & Cie auraient mieux fait de militer pour une plus grande ouverture des marchés. Mais les artistes et le marché, vous savez ? Bien sûr, une simple ouverture de nos marchés ne règlera pas tous les problèmes de l’Afrique ? surtout si les gouvernements au pouvoir ne changent pas leur façon de faire ?, mais ça aura une bien plus grande incidence sur la vie des Africains que ce dont parle Sir Geldof (voir « Éliminons l’aide aux pays pauvres », le QL, no 82).
Comme le soulignait Troy Gill, professeur d’histoire à l’Université McGill, dans un texte publié dans le New York Post : « Les gens iront aux concerts, ils se sentiront vertueux pendant quelques heures et puis ils oublieront l’Afrique pour encore 20 ans. C’est ce qui s’est produit après Live Aid. » Organisé en 1985 par Geldof à Londres et à Philadelphie, l’événement avait amassé des dizaines de millions pour lutter contre la famine en Afrique. Vingt ans plus tard, les choses ont empiré ?
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