Général, sortez de votre tombe...
...et allez donc botter le train de ceux qui sont en train de s’essuyer les pieds sur vos idées. L’indépendance de l’armée française ne sera plus bientôt qu’un vain mot, un de vos successeurs veut réintégrer au plus vite l’Otan, et mettre partout des ordinateurs à la place des fantassins. Général de Gaulle, vous qui vous êtes fait toute votre vie une certaine idée de la France, sortez de votre cercueil drapé du drapeau tricolore, et allez sermonner l’usurpateur qui a le culot d’aller se recueillir sur votre tombe, ou d’essayer de récupérer des hauts lieux de la résistance au bénéfice de sa seule gloriole. L’armée française, à ce rythme là, deviendra une simple division de l’armée américaine, et nos vaillants pious-pious remplacés par des mercenaires privés venus de Corse ou d’ailleurs. Hier, nous avons eu la chance, mon Général, de saluer le courage d’un autre de vos frères d’armes, qui a préféré garder son honneur et ne pas céder ou répondre à l’emportement. Aujourd’hui, nous en condamnerons un pour faire bonne figure, car ce dernier est le prototype même de ceux qui vont faire courir votre beau pays à sa perte... d’indépendance. C’est pour cela sans doute qu’on a précipité sa nomination, car le général Benoît Puga est l’inverse même du général Cuche, "sorti de l’X et non de l’ordinaire". Il a déjà vendu son âme au diable, en acceptant se s’aligner tant faire que se peut sur les directives américaines qui vous pesaient tant, général. Pour lui, "ce n’est pas l’Europe, toute l’Europe, depuis l’Atlantique jusqu’à l’Oural, qui décidera du destin du monde, pour sûr !" Ce seront les Etats-Unis, pas moins !
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Laissez-moi vous conter comment, mon Général, vous comprendrez assez vite à quel point de "chienlit" généralisée nous sommes arrivés, dans ce pays, et l’armée n’en est pas exempte, mon Général, car vous n’êtes pas sans ignorer que "les français sont des vaux", et qu’ils viennent récemment de le montrer avec brio, en intronisant le successeur de celui qui vous avait déjà trahi. On est loin de votre mouvement politique, général : on n’ y est même à l’opposé depuis peu : trahi deux fois de suite, vous pouvez vous estimer doublement lésé, mon Général, et ressentir un certain désabusement, comme lorsque vous aviez répondu "vaste programme", à celui qui vous avez dit de vouloir "s’attaquer aux cons". Car pour vous citer à nouveau, mon général, en France, en ce moment, le moins que l’on puisse dire, c’est que nous manquons en tout de culture, et spécialement au plus haut niveau : “La véritable école du Commandement est la culture générale" ... aviez-vous dit un jour, car selon vous, "au fond des victoires d’Alexandre, on retrouve toujours Aristote.” La France, mon général, n’est aujourd’hui plus dirigée, et son armée encore moins. Et Aristote a fait place en haut lieu à Johnny Hallyday, c’est vous dire. Oui, le même que vous appeliez "yéyé" et qui vous a depuis, hélas, survécu.
Notre homme n’est pas un rond de cuir : d’avoir sauté à 35 ans sur Kolwezi Le 19 mai 1978 avec 400 légionnaires lui a donné plus que des galons. A se battre à un contre dix tigres katangais, il fallait oser, il l’ont fait, sous les ordres du colonel Philippe Erulin . Très vite, il fait le bilan de l’opération, qui représente déjà l’envoi de forces spéciales, puisque le 2REP de Calvi est composé d’hommes aguerris. Pour réussir ce genre d’opération, il faut trois choses : des unités professionnelles bien entraînées, des transmissions par satellite protégées pour ne pas alerter les adversaires, et des appareils de transport de grande capacité à long rayon d’action. Rappelons que pour aller sauter sur Kolwezi en Transall et C-130, les malheureux paras ont dû au préalable s’entasser dans trois DC-8 d’UTA, un Boeing 707 d’Air France recrutés pour l’occasion, et quatre DC-8 du transport militaire. Sans leur parachute et leur barda de 30 kg, qui prennent trop de place ! En prime chacun emporte avec lui un obus de mortier. La France se redécouvre des héros, dont certains ne sont pas tous blancs dans l’âme : "... les armes ont cette vertu d’ennoblir jusqu’aux moins purs", disiez vous, mon Général."
Alors qu’il est arrive à l’état-major de l’armée de Terre à Paris au sein du bureau Etudes, en 1992, a déjà éclaté la Guerre du Golfe...La France y a envoyé 19 000 hommes sur les 940 000 de la coalition, et l’opération Daguet a montré bien des limites, malgré l’exceptionnel faible taux de pertes humaines. C’est essentiellement la logistique et non les armes qui sont en cause. Lors de ce conflit, le syndrome kolwesien réapparait. La France manque cruellement d’avions de transport de grande capacité et de grande allonge pour acheminer les 60 tonnes d’eau par jour ou les 500 M3 de carburant. On recrute à la hâte des avions cargos 747 civils pour ce faire. Pour acheminer le tout par camion, on bricole : des camions au gas-oil marchent au kérosène (avec un additif sinon les moteurs explosent)... certains véhicules se retrouvent sur la touche : les VAB dont les pneus ne résistent pas aux déserts de pierre irakien. Bref, la France constate qu’elle n’est pas vraiment prête pour ce type de conflits...Les 800 troufions du 1er REC attendant cinq mois des douches. Il n’y en aura que deux au final.
Sortie de la guerre du Golfe, l’idée de faire la même chose que les anglais ou les américains a fait son chemin : un commandement commun aux trois armes est créé le 24 juin 1992 : le COS Commandement de Opérations Spéciales), dont Le général Le Page est le premier dirigeant. Un organisme tout de suite décrié : "Le reporter du Figaro Patrick de Saint-Exupéry qualifie le COS de « légion présidentielle ». Il considère que « cette structure hors hiérarchie, affranchie de tout contrôle démocratique, a mené une « guerre secrète » au Rwanda ». Il s’illustrera notamment en mettant au pas le vieux mercenaire gâteux Bob Denard, dans l’operation Azalée au Comores, qui a eu lieu en 95. L’homme avait longtemps travaillé pour votre vieil ami Foccart. On utilisera trois armes contre ce vieux fou : les marins du commando Jaubert, les parachutistes du 1er RPIMa et du 13e RDP et gendarmes du,GIGN qui se chargeront d’embarquer l’illuminé au poste. Ça sera son dernier haut fait, qui lui vaudra 5 ans de prison en 2006 qu’il n’aura pas le loisir de faire en mourrant avant. Pour l’anecdote, le mercenaire préféré d’un de nos fidèles lecteurs islamophobe, pour passer inaperçu aux Comores s’était... converti à l’islam sous le nom de Said Mustapha Madhjoub... Les Comores, ce n’est guère plus imposant que Monaco, mon général. Vous, vous aviez déjà trouvé la solution à ce genre de coup d’état lointain, sans inventer d’organisation nouvelle : "Si Monaco nous emmerde, on fait un blocus, rien de plus facile, il suffit de deux panneaux de sens interdit, un au cap d’Ail et un second à la sortie de Menton," aviez vous dit alors.
Très vite, une forme d’admiration pour l’équipement et l’infrastructure américaine va envahir et submerger notre homme. Devenu patron du Commandement des opérations spéciales (COS), entre 2004 et 2007, Benoît Puga va développer cette propension à trouver que tout ce que font les autres c’est mieux. Surtout les américains. On peut très bien s’en faire un idée précise en étudiant comme nous l’avons fait pour Cuche sa déposition à la COMMISSION de la DÉFENSE NATIONALE et des FORCES ARMÉES du Mardi 11 avril 2006. Dedans, il y a toute une forme d’abandon des idées qui vous étaient chères mon général... L’homme sera même pris en flagrant délit de mensonge quand on l’interrogera sur... l’Afghanistan, où veut nous entraîner davantage celui qui l’a nommé. “Ne croyez-vous pas qu’à la guerre la plus grande franchise soit la plus grande habileté ?”, aviez vous dit, mon général : à Kolwezi, l’arme à la main il a parlé vrai. Aujourd’hui, les paroles du général Puga sonnent.. plutôt faux.
Sa première intervention est déjà un aveu de soumission totale : "en Afghanistan, les forces spéciales françaises sont sous commandement américain. La France a d’emblée estimé indispensable de travailler sur le même réseau chiffré que les Américains, ce qui n’a d’ailleurs soulevé aucune difficulté de leur part. Les Américains disposent d’un système de transmission portable muni d’une antenne parabolique, le PRC 117, très efficace et que la France a acquis pour répondre ponctuellement aux besoins. La France doit poursuivre son effort de développement de moyens satellitaires portables, certes non nécessaires aux autres armées mais indispensables au COS." Il a déjà tout faux, notre spécialiste : le 10 juin 2008, on apprenait que la firme qui les fabriquait, ces radios, était au bord de la faillite, et qu’elle ne devait sa survie qu’à une commande express des Marines. Le tableau de l’utilisation de ces radios n’est pourtant pas très rose : "the U.S. armed forces are experiencing difficulties with tactical radio systems. Software Defined Radio (SDR), multi-layered access and security and long lasting lightweight power supplies are some of the technologies that have not progressed as quickly as planned. Meanwhile, current systems are also dying due to end-of-service life and intense operational use that speeds normal attrition. The increasing capability gap is being filled by replacing and upgrading current radios such as SINCGARS, and the purchase of interim radios with some SDR capability.. en résumé, on a acheté à grands frais des radios déjà obsolètes car non SDR (Software Defined Radio) : leur codage ou décryptage est dans une puce inchangeable et non un soft modifiable. Aux dernières nouvelles, le fameux PRC 117 fait déjà la joie...d’e-Bay. "La politique et la stratégie de la guerre ne sont qu’une perpétuelle concurrence entre le bon sens et l’erreur".
De toute façon, que les radios soient déjà au rebut, on ne le saura jamais dans la presse pour une raison simple : on le cachera. "Le Président de la République a souhaité que les missions des forces spéciales en Afghanistan se déroulent dans une très grande confidentialité pour deux raisons : d’une part, cela correspond au mode de fonctionnement des forces spéciales américaines, qui ne reçoivent jamais les journalistes ni les parlementaires sur leurs lieux de déploiement ; d’autre part, cette confidentialité constitue la première mesure de sécurité pour les soldats engagés, qui opèrent par petites équipes de quatre ou cinq personnes, loin de leurs bases. Un strict secret doit s’imposer à tous, y compris lors de l’analyse des missions effectuées, compte tenu de la dangerosité des terroristes". Sur le modèle américain qui fait de l’embedded quand ça l’arrange, on ne saura rien du nombre de douches par soldat ou de l’état de décrépitude des super-radios déjà obsolètes. Déjà que l’armée est une grande muette les forces spéciales du COS sont des tombes, et leur chef un véritable muet médiatique."Rien ne rehausse l’autorité mieux que le silence, splendeur des forts et refuge des faibles"...
Ce qui en l’empêche pas au Sénat de remettre une couche pan-américaine : "en matière de transmissions, les difficultés liées au cryptage des moyens américains ont d’abord concerné l’armée de l’air, lors de la guerre du Kosovo. En Afghanistan, il convient de souligner que les forces américaines partagent sans réticence les matériels et les clés de cryptage avec les forces françaises. L’effort budgétaire doit être poursuivi dans ce domaine capital". Un "effort budgétaire" vers encore plus de matériel US et non européen ou français. Quand ce ne sont pas les radios ce sont les drones... "Pour les drones, la question est de savoir si les forces spéciales elles-mêmes doivent en être dotées ou si elles doivent les utiliser ponctuellement. Actuellement, en Afghanistan, le COS bénéficie de tous les moyens américains, des B52 aux drones Predator en passant par les avions de combat. Les forces spéciales françaises expérimentent un drone spécifique, conçu en collaboration avec le 1er RPIMa, mais ce type de drones légers, très utiles en combat urbain, manque de discrétion car ils signalent instantanément la proximité de leurs utilisateurs". On se demande ce que vient faire le B-52 là dedans mais bon. Puga est fasciné par le Predator... mais à un prix unitaire exhorbitant, on attendra. En se rabattant sur... le MALE, un drone où vont intervenir les maîtres en la matière : Israel Aircraft Industries , qui l’ajoué subtil avec la France... "Le véhicule aérien fait l’objet d’un transfert de savoir-faire de Israel Aircraft Industries vers EADS, financé par EADS. A l’issue du transfert, EADS, avec son partenaire Dassault Aviation, possédera la maîtrise totale du véhicule aérien et de ses systèmes de contrôle de vol et sera en mesure de l’adapter aux besoins européens". Au final l’entubé de service sera EADS...."Selon ses promoteurs, leur offre est plus compétitive que le projet concurrent porté par EADS et baptisé « Advanced UAV » (à partird’une base allemande). « Notre projet répond aux besoins similaires des armées espagnole et française. Au lieu de développer une nouvelle plate-forme, nous avons opté pour un avion qui existe déjà, le Heron TP "Eitan", conçu par l’Israélien IAI." Ce qui nous permet d’économiser 1 milliard de dollars en développement et de nous concentrer sur le développement des systèmes de mission », ont expliqué les industriels".. en oubliant l’indépendance du pays encore une fois au passage... Vous qui aviez eu des mots disons plutôt forts, à propos d’Israël, ne devriez pas trop apprécier cette coopération plutôt maladroite...
Bon des drones, des radios et des hommes. Pour faire quoi : "... les forces spéciales françaises participent à la lutte antiterroriste dans le cadre de l’opération Arès. Les Américains concentrent leurs efforts dans l’est et le sud-est du pays, notamment le long de la frontière pakistanaise. Ils n’ont pas la prétention d’éradiquer tous les mouvements et réseaux terroristes mais ont pour objectif d’exercer une pression telle que ceux-ci ne puissent agir à leur aise. L’imbrication de plusieurs phénomènes profite toutefois aux terroristes. Il s’agit, en premier lieu, des règlements de comptes entre tribus rivales ; en second lieu, l’attitude de chefs de guerre ou de responsables locaux qui, sous couvert de lutte contre le terrorisme et les talibans, protègent leur propre autorité et leurs trafics complique la situation ; enfin, la recrudescence des actions de lutte contre la drogue, menées actuellement par les forces britanniques, provoque des réactions de rejet de la population, celle-ci n’ayant plus de moyens de subsistance dans la mesure où la destruction des champs de pavots n’est accompagnée par aucun projet économique alternatif". Note candide général nous explique que la France s’y enlise déjà en Afghanistan : on ne peut pas tout éradiquer...et encore moins s’attaquer au fléau principal du pays : l’aveu du manque criant de "projet économique alternatif" est dramatique. En résumé, nous ne sommes pas là pour résoudre le problème de l’argent dont dispose les talibans, qui peuvent donc toujours s’équiper des armes qu’ils souhaitent. Une ou deux bonnes récoltes, et ce sera un Stinger qui abattra un Transall ou un Airbus. Pour un général qui n’a pas le sou, s’achète des radios périmées et des drones de 26 m d’envergure pour mieux prendre en photo les champs de pavot, avouez qu’il y a là de quoi la trouver saumâtre, mon Général...
Et sans parler des autres erreurs au plus haut sommet :"on ne combat pas le terrorisme avec un char d’assaut" disait Daniel Martin (ancien commissaire à la DST). C’est comme en Irak pour tuer les mouches. Le premier réflexe de notre président, pourtant, est d’envoyer... les char Leclerc. Les Leclerc, mon général !!!. Cinquante cinq tonnes qui peuvent subir à tout moment le même sort qu’un Abrams en Irak... à moins de vouloir tenter de battre le record du monde de saut en char c’est une profonde hérésie... c’est ça ou les vendre, remarquez .... vu leur inutilité actuelle. Vous qui avez dirigé la quatrième division en 40 savez pourtant bien que le char lourd est aujourd’hui bien dépassé...
Mais heureusement, il reste un épouvantail à courser, pour ces fameuses forces spéciales. "S’exprimant à titre personnel, le général Benoît Puga a rappelé que, issu d’une famille saoudienne très influente, Ben Laden utilisait des réseaux qu’il avait longuement tissés, notamment au Pakistan. Il serait déraisonnable d’imaginer pouvoir le couper de tout soutien, notamment de type familial et dans la zone tribale. Il est sans doute toujours vivant mais peut être caché dans plusieurs pays". L’homme qui dispose de drones sophistiqués et des meilleurs services de renseignements affirme sans sourciller qu’un Ben Laden pas visible sur la moindre vidéo depuis trois ans déjà est toujours vivant... histoire d’alimenter un gros mensonge connu. "La ruse doit être employée pour faire croire que l’on est où l’on est pas, que l’on veut ce qu’on ne veut pas". Une note de la DGSE, datée du 21 septembre 2006, sortie dans l’Est Républicain, affirmait bien que les services de renseignement saoudiens ont "acquis la conviction qu’Oussama ben Laden est mort" des suites d’une crise de typhoïde. On ira donc en Afghanistan ajouter des troupes à celles présentes pour les mêmes raisons que les américains y sont. Pour traquer une ombre créée de toutes pièces. Autant chasser les épouvantails.
Que Nicolas Sarkozy, dont "l’ambition individuelle est une passion enfantine", aît choisi comme responsable un chasseur d’ombres qui met les pieds exclusivement dans les traces de pas de W.Bush n’est donc pas une surprise. Ce n’est pas la première fois qu’un dirigeant le berne en beauté. Le dernier en date s’appelle Uribe, qui a bénéficié de l’aide américaine et israëlienne pour le faire. Général, sortez de votre tombe, et venez leur leur botter le train : il se prennent pour Kennedy et Johnson à la fois, et veulent nous entraîner vers un nouveau Viet-Nam. On a déjà eu Dien Bien Phu, on sait très bien comment ce genre de film se termine.
PS : mon général, on vous pille outrageusement tous les jours, même l’ectoplasme qui nous sert de premier ministre s’y est mis lui aussi en tentant de vous exhumer. C’est vous dire à quel point vous manquez aujourd’hui à la France. Votre fantôme hante encore tous les couloirs de L’Elysée, décidément. Et votre ombre est décidément bien grande... comparée... à un "ministre de l’extérieur" devenu président.
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