Gilet Jaune : Le spectre du malaise Français
Ce court article ne servira pas à décrier ce mouvement ni à l'encenser, mais seulement à essayer de le comprendre d'une manière différente, de sa genèse à son essouflement.
I/ Gilet Jaune : L'importance du symbole et du nombre.
Il est toujours amusant de constater les réactions qu'engendre un mouvement aussi singulier que celui des "Gilets Jaunes". De l'opposition la plus totale jusqu'au soutien le plus indéfectible, en passant évidemment par la neutralité la plus impartiale qui soit, force est de constater que ce mouvement fait naître chez le concitoyen français un spectre assez large de réactions, toutes aussi différentes les unes des autres. Revenir aux sources de ce mouvement serait inutile, cette taxation sur l'essence est encore dans la tête de toutes les bourses qui ne pouvaient s'en affranchir. Faut-il rappeler que suite à cette annonce, des centaines de milliers de Français se pressèrent dans les rues, s'affublant d'un gilet jaune comme seul symbole de contestation ? Ce même gilet jaune que l'on endosse lorsque l'on est victime d'un accident de la route. La route de la gouvernance macronienne n'aurait pu croiser pire obstacle, tant le symbolisme est fort. Si, sociologiquement et historiquement les racines de ce mouvement, de ces problèmes et de ces réactions sont plus nombreuses, s'intéresser tout d'abord à ce mouvement dans son ensemble reste impératif.
290 000 Français ainsi se seraient ainsi retrouvés le 17 novembre 2018, dans les rues de la capitale, mais aussi, et c'est la que l'on voit l'intelligence dont fait preuve ces contestataires : aux ronds-points de leurs villages et dans les rues de toutes les villes dans lesquelles étaient présents ces incompris. 290 000 Français, rappelons le, selon les médias et ce dans toute la France. S'attarder sur les chiffres serait tout aussi inutile, tant ceux-ci sonnent faux à chaque samedi qui passe. Ces journalistes pouvaient-ils être présents dans chaque villages de France ? Dans chaque villes ? Pourtant, rien ne nous indique que ces 290 000 gilets jaunes n'étaient seulement présent à Paris. Tous nous affirmaient d'ailleurs le contraire. Selon le ministre de l'intérieur.
La bêtise majeure dont firent preuve les gilets jaunes, fut de vouloir, le samedi suivant soit la samedi 24 novembre 2018, centraliser le mouvement à Paris. Le pouvoir fut centralisé et aujourd'hui il est contesté. Le symbole reste le même. C'est après ce samedi 24 novembre, que suite à l'inaptitude du gouvernement à apporter des réponses viables à ce mouvement sans têtes à couper ou à corrompre, que les premières pistes de réflexions furent trouvées. La violence. Les débordements. Aujourd'hui, les gilets jaunes passent plus de temps à opposer les "casseurs jaunes" des "vrais casseurs" des "vrais gilets jaunes". Car il existe des casseurs qui revêtent le gilet jaune par convictions, et qui cassent évidemment par impression de ne pouvoir être écouter seulement par ce moyen. Il existe des vrais casseurs qui profitent de ces mouvements de foules pour perpétrer des pillages de commerces. Il existe aussi des policiers en civil, qui cassent, un gilet jaune sur le dos, pour procurer des images parfaites aux médias et des preuves irréfutables au gouvernement. Il existe aussi des gilets jaunes pacifiques, qui tentent de calmer les ardeurs et rappeller à tous la source de ce mouvement.
La source de ce mouvement est la France entière, et jamais n'a été plus intelligent le gilet jaune qui resta dans son village, ou dans sa ville, à bloquer le rond-point paralysant par la-même les commerces de proximités qui font vivre la France entière. Paralysant par là-même le peuple tout entier, qui ne pouvait plus que se confronter aux gilets jaunes et qui, face à eux, se rendait compte qu'ils n'étaient pas seulement des barbares incultes, mais des personnes, des Français, qui n'avaient but qu'à la discussion, à la compréhension et à l'attention, et non pas seulement à son pouvoir d'achat. Cette centralisation du mouvement à Paris fît naître selon moi son déclin. Le samedi 3 décembre 2018, l'on pilla, l'on tagua et l'on marcha sur l'Arc de Triomphe. Au lendemain de la bataille d'Austerlitz, Napoléon Ier fit rentrer dans leurs foyers, ses soldats, son peuple, sous des arcs de triomphe. Ce symbole des victoires françaises, ce souvenir des victoires du peuple français, fut souillé. Mais protégé par les vrais gilets jaunes ! Et c'était repartit pour une ronde de justification ou la différenciation du vrai du faux gilet jaune était au coeur de toutes les discussions. Le gouvernement ôtait par la même son propre gilet jaune, qu'il dût endosser de force le 17 novembre.
II/ Un malaise jaune.
Le thèrme de malaise a été beaucoup utilisé pour définir ce mouvement, mais plus généralement, la France dans son ensemble. Beaucoup, en reprenant Marx, nous parle d'une éternelle lutte des classes, opposant les pauvres gilets jaunes à ceux qui ne sont riches que parce que ce système capitaliste le leurs permet. D'autres nous parle d'une fracture sociale ouverte avec le mouvement des gilets jaunes. Les exploités se révoltant contre l'exploiteur mais ne pouvant gagner ce combat chercheraient donc à renverser les règles qui régissent ce système et par conséquent, le gouvernement. Parler d'un malaise est bien plus poignant et plus véritable concernant ce mouvement des gilets jaunes, mais aussi de ce système capitaliste et de cette démocratie française.
Car ce que réclame les gilets jaunes c'est ce « Je vous ai compris ! » de De Gaulle. Vouloir plus de pouvoir d'achat n'est qu'une conséquence de ce capitalisme à outrance qui pousse le consommateur à toujours payer plus pour plus de choix et plus de quantités. La demande de la démission de Macron n'est qu'une conséquence de ses propres réactions, de ses propres erreurs. Toutes ont permis au peuple de facilement l'associer à une figure de mépris, et de vouloir aujourd'hui garder une image de blanc comme neige et un visage d'innoncence ne fait que rajouter de l'huile sur le feu car la naissance du mouvement des gilets jaunes est en partit sa faute. La surexposition des violences et des débordements ne sont qu'une conséquence de ce gouvernement qui cherche à cacher un mal bien plus profond.
Cette situation dans son ensemble est un malaise outrageant, car ce n'est plus qu'un vaste jeu. Tous, grâce aux médias et à internet, qu'ils soient riches, pauvres, ouvriers, fonctionnaires, agriculteurs, acteurs, financiers, politiques, comprennent cette situation en même temps. Tout le monde commence à comprendre que cette chère France n'est plus qu'un raffiot parvenant encore à peine à naviguer. Que le capitalisme a tué la vie des villages et des communautés. Que ce monde de progrès a tué le lien social et cette structure sur laquelle la France s'était bâtie. Que la France n'est plus France mais Europe désormais. Et le gouvernement s'est rendu compte avec les gilets jaunes, que le peuple français à lui-même compris tout cela, et qu'il n'est plus l'heure de cacher les exactions du gouvernement sur la France, mais de les faire accepter à tous. La France n'est plus France mais Europe, tout comme l'Europe ne sera plus Europe mais Monde. L'échec du capitalisme aujourd'hui n'est qu'une raison de son succès demain. Et le mouvement des gilets jaunes n'est rien de plus qu'un moment gênant qui va passer.
III/ Le coeur des gilets jaunes bat toujours à raison.
Si pour beaucoup, aujourd'hui, ce mouvement s'essouffle, la faute ne peut-être qu'incombé aux gilets jaunes eux-mêmes. Bien entendu, les médias et le gouvernement y jouent un rôle important. S'appuyant sur des vidéos d'actes racistes, homophobes ou violent des gilets jaunes, la parade au peuple était toute trouvée. Les gilets jaunes étant le peuple français, plutôt que de faire face à la réalité et de la montrer au monde, il fallait pour le bien de tous continuer à imaginer une France parfaite. Il est évident que sur 67 millions de français, certains soient racistes, homophobes, violents, alcooliques, idiots ... Mais il s'agit du peuple et choisir d'imposer un mode de pensée à tous fait naître ce genre de comportements. En surabusant des images et en vomissant des informations 24 heures sur 24, il était évident qu'il n'y allait pas avoir seulement que du blanc, ni du tout noir non plus d'ailleurs. Mais, un soupçon de violences ou de propos déplacés suffisaient aux médias, qui s'occupaient déjà d'obscurcir le mouvement à outrances, pour le rendre caduque aux yeux de ceux qui ne comprenaient plus grand choses.
Pourtant, tant de belles choses sont nées de ce mouvement. Socialement, le regroupement de ces voisins qui ne se voyaient plus, de ces anciens isolés, de ces jeunes entêtés, fit naître une communauté plus qu'un mouvement. Politiquement, rien ne fut mené jusqu'au bout car aucun gilet jaune n'avait les armes, puis évidemment rien ne fut écouté, mais tant d'idées sont à retenir : le référendum d'initiative citoyenne, le rétablissement d'une banque populaire, l'interdiction du glyphosate, la fin des régimes spéciaux ... Tant d'idées qui pourraient faire naître des débats passionnés, une remise en question de ce système politique antinomique à cette démocratie qu'il porte en étendard, au vu de la manière dont fut traiter ce peuple français ces derniers mois. Tant de demandes qui devraient faire frémir les français de tout bords politiques, mais qui au final, ferait perdre tant d'argent dans tant de domaines à tant de personnes ...
Mais, le choix de "monter" à Paris pour perpétrer ce mouvement était un choix du peuple et des gilets jaunes dans leurs entiereté. Si tous n'on pas souscrit, tant l'on fait que les autres ont suivis. Le bâton était donné, et frappe aujourd'hui encore ce mouvement et tout les acteurs de celui-ci. Parler d'un mouvement qui s'essouffle, au sens du nombre et de la volonté reste abstrait. Après le déracinement de nombre de "camps de gilets jaunes" principalement situés sur les ronds-points de toute la France, ils sont réapparût le lendemain. Les demandes sont toujours fortes et scandés cherchant toujours une oreille qui pourrait les écouter. Et Emmanuel Macron le sait, en dénote ce discours qu'il a tenu le mardi 27 novembre 2018 face à un rassemblement de gilets jaunes en Normandie :
« Je retiens de ces derniers jours qu’il ne faut pas renoncer au cap quand il est juste, mais qu’il faut changer de méthode car les concitoyens ont considéré qu’on leur imposait ce cap d’en haut. »
Changer les méthodes mais garder le cap, c'est au final garder le cap, et nuls doutes que nombre de gilets jaunes garderont le leurs dans les prochains mois, au risque de nouveaux débordements inutile dans le fond.
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