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Gilets jaunes : le corps du peuple contre le gouvernement des ectoplasmes

La démocratie n'a jamais existé en France, et si on doit donner un nom aujourd'hui à notre système politique, tel qu'il se révèle crûment face à la révolte des Gilets Jaunes, c'est celui de PLOUTOCRATIE : soit le pouvoir (cratos en grec) aux riches (Ploutos, dieu grec de la richesse). En faisant élire Macron et ses "Marcheurs", la bourgeoisie a fini par trouver plus pratique d'incarner ce pouvoir sous une forme ectoplasmique. Face aux gilets jaunes, et au corps populaire réaffirmant sa puissance, elle paye cette bévue.

L'ectoplasme, selon le Larousse, est cette "substance mystérieuse qui se dégagerait du corps de certains médiums pendant la transe et qui, à quelque distance, se matérialiserait pour former des membres, des visages, des organismes complets (fantômes), humains ou animaux, ou encore des objets divers." Il eut son heure de gloire au XIXe siècle, durant les séances folklores de spiritisme qui marquaient la résistance, chez une partie des élites et sous influence romantique, d'un siècle toujours plus marqué par le positivisme. Plus familièrement, l'ectoplasme désigne surtout aujourd'hui un "personnage superficiel, inexistant dans le milieu où il gravite".

On pourrait donner différentes dates à l'apparition de l'ectoplasme sur la scène politique française. Mais Georges Pompidou semble le plus à même de figurer comme le premier ectoplasme politique poussé par la bourgeoisie et ayant incarné, quelque part par défaut, le pouvoir des riches en France. Être un ectoplasme politique de la bourgeoisie, et être même potentiellement le premier ectoplasme politique de la bourgeoisie, ne suppose pas nécessairement un pouvoir de nuisance moindre. Avec la loi du 3 janvier 1973, dite "Loi sur la Banque de France" ou "Loi Pompidou-Giscard" (Giscard, autre ectoplasme de la ploutocratie, dont Macron est en quelque sorte le clone), l'ectoplasme Pompidou n'en avait peut-être pas conscience (ses maîtres bien néanmoins) mais il allait léguer à la France pour bientôt un demi-siècle ce formidable cadeau pour la bourgeoisie de la Dette (avec majuscule, comme pour désigner le monstre du conte). La Dette, ce monstre froid mais glouton de la bourgeoisie, a permis par la suite à tous les gouvernements ectoplasmiques de la bourgeoisie amenés à se succéder (moins, soyons juste, les deux premières années de gouvernement - de 1981 à 1983 - du Programme commun imposé par les communistes à Mitterrand) de se défausser sur ce péril terrible, incontrôlable, contraignant "nos" dirigeants successifs, assez complaisants il faut dire, à détruire petit à petit les avancées sociales issues du programme du CNR (Conseil National de la Résistance) et engraisser de nouveau et toujours plus ceux qui avaient collaboré en masse avec les nazis, la bourgeoisie donc, c'est-à-dire le capital, la rente, le riche, celui qui ne travaille pas, tout cela au détriment du besogneux, de l'ouvrier, du travailleur, celui qui travaille, qui crée toutes les richesses (un lingot d'or n'a jamais nourri personne) et doit encore remercier ceux qui lui doivent TOUT (leurs voitures, leurs châteaux, leur champagne, leur foie gras, TOUT).

Cela probablement risque d'écorner sa vanité stratosphérique d'ancien énarque mais Emmanuel Macron, auto-proclamé Jupiter n'ayant à peine que la valeur d'une serpillière (et encore, allez éponger une fuite d'eau dans votre salle de bain avec un Emmanuel Macron), constitue probablement le stade ultime de l'ectoplasme politique. Cela peut sembler un peu dur après cet incroyable ectoplasme que fut François Hollande, appelé de façon taquine par certains de ses "camarades" de parti le "flan" (reconnaissons-le, à la décharge de ce François Hollande, garnissant aujourd'hui l'un des coins les plus reculés de la décharge de l'Histoire, jamais probablement un flan n'a été aussi bien incarné par un être humain, ou supposé tel). Macron est proprement la bévue d'une bourgeoisie trop sûre d'elle, qui avait épuisé ses ectoplasmes précédents (du RPR, de l'UMP ou du PS, peu importe les étiquettes en vérité) et qui, si elle avait pu, aurait fait élire un pot de chambre (hélas, un pot de chambre, même contre Marine Le Pen, ce n'est pas très pratique pour au moins faire semblant de débattre). Plus grave, ce devenir ectoplasmique du politique a touché l'ensemble des députés de cette majorité qu'a cru bon de faire élire la bourgeoisie en 2017, au point qu'effectivement on a de plus en plus l'impression que le flan, déjà bien présent sur nos plateaux de télévision avec les journalistes en place, a presque totalement conquis notre espace public. Voyez cette vidéo qui montre François Ruffin aux prises avec une député de la majorité : le doute n'est pas permis, ce truc qui parle devant lui n'est pas un être humain mais un flan.

Or, et je ne crois pas trop m'avancer en disant cela, le peuple français, qui occupe les ronds-points, qui réclame le RIC (Référendum d'Initiative Citoyenne), le rétablissement de l'ISF, l'augmentation du SMIC, entre autres folies que la Dette (brrr...) aura vite fait de dévorer, qui effraye le oisif rentier de Neuilly et du XVIème arrondissement parti aussi sec ce week-end dans sa propriété de campagne (on l'y reprendra tiens, à être un "créateur de richesses"), ce peuple français, probablement un peu tatillon sur les bords, semble de toute évidence de plus en plus rétif au fait d'être gouverné par des ectoplasmes (ou des flans, on n'arrive plus à savoir). Certes, en régime ploutocratique, quand 90% des médias sont à la solde de neuf milliardaires, on ne lui demande pas vraiment son avis. Mais il y a certaines raisons de penser que c'est un tort. Et qu'à l'avoir joué vraiment petit-bras cette fois-ci (après ce dénommé François Hollande, dont personne probablement ne se rappelle aujourd'hui, mais qui, croyez-moi sur parole, faisait un superbe flan), le bourgeois finisse par s'avérer beaucoup plus pratique, pour des raisons tant de transport que de logement ou de nourriture, en deux parties plutôt qu'en une seule.

N.B : Comme antidote, le très concret Etienne Chouard, dont la réflexion s'avère toujours plus précieuse à mesure du devenir toujours plus ectoplasmique de "nos" dirigeants.


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5 réactions à cet article    


  • leypanou 10 décembre 2018 10:44

    le peuple français, qui occupe les ronds-points, qui réclame le RIC (Référendum d’Initiative Citoyenne), le rétablissement de l’ISF 

     : beaucoup de gens sont obsédés par la suppression de l’ISF car c’est emblématique, mais l’ISF ne « coûte » que 4mds à l’état, alors que le CICE c’est 40 mds pour des créations fantomatiques d’emploi, avec des entreprises comme La Poste, la grande distribution qui ont empoché des centaines de millions d’€.

    Tout çà prétendûment pour rendre la France plus compétitive : aller se battre contre la Pologne ou la Roumanie avec un SMIC à 300€/mois ?


    • lisca lisca 10 décembre 2018 11:34

      Le rétablissement de l’ISF taxe des Français, la plupart juste un peu bourges. Il faut taxer les grandes entreprises nomades. Et elles seules. Il y a des moyens pour cela.


      • Balkanicus 10 décembre 2018 11:47

        @lisca

        Vous ne pensez pas qu il serait pertinent d arreter de taxer tout court et de baisser drastiquement les depenses de l etat..... Salaire de tous les hauts fonctionnaire, les doublons entre les regions, la region des regions, la regions des regions des regions....

        Concernant les entreprises nomade, les taxer sur quoi et comment ? Il trouveront le moyen d echapper a la taxe

        Ne serait il pas plus simple d interdire le nomadisme....

        C est un reflexe trop simple se taxer.... ca fait des dizaine d annee que ca se passe ainsi en france....et on se retrouve dans la situation actuelle, ou les gens n y arrive plus a force d empiler des taxes....parce que personne ne fait l effort de faire des economies....


      • papat 10 décembre 2018 11:36

        Disjecta

        d’abord merci.. pas une ligne à changer.


        • Disjecta Disjecta 10 décembre 2018 12:08

          Il y a certaines raisons de penser que Meyer Habib, puissant député de notre république, était en train de s’étouffer avec un flan dans l’intervention suivante...

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