Gilets Jaunes. Que peut faire Macron ?
Disons le franchement, Macron a décidé de "maintenir le cap" et de poursuivre les "réformes" anti sociales qui sont en train de ruiner notre pays. Il n'a pas l'intention de céder devant le mouvement des gilets jaunes.
Au début du mouvement des "gilets jaunes" Macron n'a pas réalisé qu'il s'agissait d'un mouvement de masse.
Après son discours raté du 27 novembre et la manifestation du 1er décembre, Macron a constaté que le mouvement n'a pas diminué et surtout qu'il est devenu massivement populaire.
Or quand 84% des citoyens désavouent le gouvernement cela devient une crise politique !
Dans l'urgence Macron a fait des concessions mineures et ridicules, la suspension puis la suppression des surtaxes sur le pétrole et la suspension du contrôle technique détaillé.
Et même un authentique "foutage de gueule" avec le gel des tarifs du gaz et de l'électricité. Puisque ces baisses de tarifs devront être remboursées quand les compagnies les contesteront en justice.
En même temps, après le 1er décembre, Macron a organisé une riposte méthodique et impitoyable. Et mieux vaut s'y préparer activement.
Macron a appelé à l'aide toutes les institutions politiques et syndicales traditionnelles pour l'aider à écraser le mouvement des gilets jaunes.
Les dirigeants politiques et syndicaux sont venus négocier avec Macron en début de semaine.
Et les négociations se poursuivent en ce moment.
Autant qu'on puisse le savoir, le plan de bataille de Macron comprendra au moins 4 volets.
1 - Sur le plan politique.
Macron a déjà obtenu le soutien des partis de droite (PS LR RN) qui, au début, avaient tenté de récupérer le mouvement en affichant leur soutien aux gilets jaunes.
Désormais la droite ou la gauche ne soutiennent plus que du bout des lèvres et appellent au calme et à la modération. Ce qui en langage politique signifie une condamnation ferme.
Le PCF et LFI font semblant de soutenir le mouvement mais il ne s'agit pas d'un engagement concret mais d'une posture politique.
La seule activité concrète de tous ces partis politiques sera le vote d'une motion de censure dont ils savent par avance qu'elle ne peut pas faire tomber le gouvernement !
En politique on qualifie cela de "gesticulation".
Toutefois une mention particulière pour LFI et le RN. Leurs électeurs approuvent ou même font déjà partie des gilets jaunes !
Quelque soit l'opinion que l'on peut avoir de ces partis, leurs adhérents ont les mêmes aspirations que les gilets jaunes.
Autant il faut rejeter les dirigeants de ces mouvements, autant il faut faire un effort pour attirer leurs adhérents !
Enfin il faut signaler que le parti LREM semble divisé. Macron va devoir rassembler ses troupes avant l'attaque.
Ce que l'on peut contrecarrer en augmentant la pression sur les députés et notables LREM !
2 - Sur le plan syndical.
Les principales organisations syndicales ont publié le jeudi 6 décembre un communiqué qui se contente d'appeler au calme et qui condamne les soit disant violences des gilets jaunes.
Deux remarques sur la position des syndicats.
- Le syndicat SUD a refusé de signer le communiqué de "non soutien" aux gilets jaunes !
- Ce communiqué était tellement honteux que finalement la CGT, divisée, a retiré sa signature.
On peut en conclure que le syndicat SUD est une base solide pour obtenir éventuellement du soutien et d'autre part que la CGT est divisée entre les pros et les antis gilets jaunes.
Donc sur le plan local il faut s'attendre à trouver des soutiens syndicaux auprès des militants de base SUD et souvent CGT. Ce qui peut être particulièrement utile car ils ont des ressources !
3 - Une répression de grande ampleur.
Les images des lycéens à genoux et des autres violences policières ont fait le tour du monde.
Après Notre Dame des Landes le gouvernement confirme son choix de réprimer par la violence toutes les formes de contestation.
Les manifestations du 8 décembre ont été l'occasion de violences policières inouies. Avec l'utilisation intensive d'armes soit disant "non létales" qui blessent ou mutilent gravement.
Plus de mille arrestations, la plupart arbitraires et opérées avant le début des manifestations.
La lutte contre la répression des mouvements sociaux implique désormais d'engager deux types d'activités.
D'abord une lutte juridique pour contester les arrestations arbitraires et les condamnations sommaires.
La constitution de "legal team" c'est à dire des groupements d'avocats ou de juristes sympathisants est une nécessité.
Ensuite à moyen terme si la violence du gouvernement perdure il faudra se poser la question de l'auto défense.
Se donner les moyens de ne pas se faire massacrer va devenir une obligation.
4 - Des tentatives de division du mouvement.
Il y a une tentative désespérée du gouvernement pour recruter des "bons gilets jaunes" afin d'ouvrir de pseudo négociations dans le but d'isoler les "mauvais gilets jaunes".
Pour le moment c'est un échec. Malgré la création, par quelques personnes très à droite, d'un mouvement gilets jaunes "citron" et la médiatisation de leur entretien avec le premier ministre.
Néanmoins le gouvernement essayera toutes les manoeuvres possibles pour diviser et donc affaiblir le mouvement dont la principale force est son unité.
Il y a deux voies qu'il peut utiliser et qu'il utilisera sans doute :
- La question des délégués ou autres représentants pour provoquer la formation de plusieurs "camps" à l'intérieur des gilets jaunes. Ne pas avoir de représentants est une force à ce stade de la lutte sociale.
- La question du programme revendicatif puisque les membres des gilets jaunes ayant des sensibilités différentes, il serait possible de fragmenter le mouvement.
Ainsi au début du mouvement, et encore maintenant, on voit "apparaître" des revendications libérales (moins d'Etat !) ou patronales (baisse des charge) au milieu des revendications sociales légitimes !
Il faut également signaler l'apparition de la revendication du RIC (reférendum d'initiative citoyenne), qui par ailleurs est une idée intéressante. Seulement les gros malins qui proposent cela précisent que le RIC doit être la revendication unique !!
Ils demandent donc d'abandonner TOUTES les revendications si Macron nous promet, juré, craché, qu'il mettra en place le RIC ce qui va demander au moins 6 mois !
Bref il faudrait accepter de cesser le mouvement contre la PROMESSE d'un RIC dans 6 mois !!
Il ne fait pas de doute que Macron accepterait volontiers ce deal débile afin de calmer les gens et de gagner du temps pour écraser la révolte !
Je crois qu'il est plus prudent de s'en tenir à la démarche actuelle, élaborer des cahiers de revendications sociales, et si c'est possible constituer une liste minimale qui soit accepté par tout le monde.
Sinon la balle est dans le camp de Macron, il connaît nos revendications, à lui de trouver moyen de nous donner satisfaction ... ou bien de partir.
Conclusion.
Cette semaine Macron nous présentera un ensemble de mesures afin de calmer les gens et aussi de tenter de diviser le mouvement social.
Il peut agir dans plusieurs directions :
- Accorder quelques miettes sociales, qu'il reprendra ultérieurement
- Augmenter le pouvoir d'achat en diminuant les cotisations sociales, ce qu'il a déjà commencé
- Sortir des revendications structurelles, comme un RIC bidon ou la grande concertation bidon
- Il peut demander au patronat de faire un geste - temporaire - sur les salaires
- Proposer des exonérations ou baisses d'impôts, qu'il pourra annuler ensuite
(...)
Mais le budget de l'Etat est obéré par les plus de 100 milliards de cadeaux au patronat. (CICE etc.)
Il ne faut pas s'attendre à des gros avantages sociaux mais seulement à des mesures symboliques pour se donner une image "sociale" !
Au final le gouvernement n'est pas du tout assuré de gagner la guerre contre le mouvement social.
Car tous les gens se rendent compte que la société capitaliste nous au conduit au désastre, dans tous les domaines et pas seulement sur le plan écologique !
Il nous est possible de changer les choses si l'on reste uni et surtout en étendant le mouvement.
Les manifestants lycéens et étudiants rejoignent déjà les gilets jaunes.
Mais il faut aller plus loin et préparer la grève générale, ce qui concrètement signifie qu'il faut aussi aller aux portes des usines et des bureaux demander de l'aide ...
Tous ensemble !!
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