Gilles Duceppe et Yves-François Blanchet du Bloc québécois versus Nigel Farage du Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni
Ce texte reprend trois commentaires de ma part à un article de Jean-Jacques Nantel publié par Vigile (vigile.quebec) le 2 octobre 2024 :
Défendre les intérêts du Québec ?
Pour le Bloc, l’intérêt du Québec, c’est de disparaître !
Un parti inutile et surtout nuisible
https://vigile.quebec/articles/pour-le-bloc-l-interet-du-quebec-c-est-de-disparaitre
Le Bloc québécois, de Lucien Bouchard à Gilles Duceppe puis à Yves-François Blanchet, n’a jamais été rien d’autre qu’une vulgaire et hypocrite succursale d’Ottawa.
François Legault a eu entièrement raison de demander à quoi sert le Bloc québécois.
Savez-vous ou vous souvenez-vous que le Bloc québécois a été créé en 1990 (parti officiel en 1991), dans la foulée de l’échec de l’Accord du lac Meech, par six élus démissionnaires du Parti progressiste-conservateur du Canada (dirigé par Brian Mulroney, alors premier ministre du Canada), à savoir Lucien Bouchard, Nic Leblanc, Louis Plamondon, Benoît Tremblay, Gilbert Chartrand et François Gérin, ainsi que par deux élus démissionnaires du Parti libéral du Canada (dirigé à partir du 23 juin 1990 par Jean Chrétien, succédant à John Turner), à savoir Gilles Rocheleau et Jean Lapierre ?
Y a-t-il encore aujourd’hui, en 2024, des nationalistes québécois encore capables de croire que ces fédéralistes sont réellement devenus, à ce moment-là, des souverainistes québécois sincères et honnêtes ?...
Le Bloc québécois n’est pas issu du mouvement souverainiste québécois, il est carrément issu d’Ottawa…
Le Bloc québécois est carrément une création d’Ottawa…
Un parti créé par Ottawa va très vraisemblablement ou à toutes fins pratiques rester contrôlé par Ottawa tout au long de son existence, car son establishment mis en place au moment de sa création va toujours s’organiser pour que le militantisme du parti et les successeurs à la chefferie soient toujours dans le sens des intérêts d’Ottawa. C’est très certainement le cas de Gilles Duceppe et d’Yves-François Blanchet.
Pour que le Bloc et la démocratie soient améliorés, il faudrait que le Bloc (et son chef Blanchet) cesse d’être hypocritement soumis aux intérêts d’Ottawa, car il est censé être un parti indépendantiste pour le Québec et ne devrait donc travailler que pour l’indépendance du Québec.
L’équivalent du Bloc québécois au Royaume-Uni (R-U) a été le Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UK Independence Party) (UKIP) de Nigel Farage ; et Duceppe (ou Blanchet actuellement) était l’équivalent de Farage.
Le R-U était, avant le référendum du Brexit de 2016 gagné par le camp indépendantiste, un État membre de l’Union européenne (UE), tout comme la France ou l’Allemagne. Le Brexit, c’est-à-dire le retrait officiel du R-U de l’UE, n’a toutefois été concrétisé comme tel qu’en 2020.
Farage a été un des membres fondateurs de l’UKIP en 1993. Il en est devenu la figure prééminente en 1997 et en a été officiellement le chef de 2006 à 2009 et de 2010 à 2016.
Il n’a jamais cessé de pourfendre au plus haut point l’Union européenne, réclamant pendant une vingtaine d’années la sortie du R-U de l’UE. Il a engrangé avec ça une série de succès aux élections européennes, où il a été élu en 1999, 2004, 2009 et 2014 (ainsi qu’en 2019 avec le Parti du Brexit [Brexit Party]), et où l’UKIP a remporté, en 2014, le plus grand nombre de voix et de sièges de tous les partis britanniques.
Il a ainsi mis beaucoup de pression sur le premier ministre britannique conservateur David Cameron (2010 à 2016), qui était partisan du maintien du R-U dans une UE réformée mais qui a fini par promettre, en 2013, l’organisation d’un référendum.
Cameron a tenu ce référendum en 2016 (après avoir remporté les élections générales de 2015 avec une majorité), lequel référendum a été gagné par le camp indépendantiste avec 51,89 % des voix contre 48,11 % pour le camp du maintien dans l’UE.
Farage craignait cependant un recul malgré cette victoire : Cameron a démissionné après le référendum, et le Parti conservateur de Theresa May (qui a succédé à Cameron) n’a pas obtenu, aux élections générales (anticipées) de juin 2017, de majorité absolue (gouvernement conservateur minoritaire), et il y avait ainsi beaucoup d’obstructions, de blocage du Parlement britannique pour arriver à un terrain d’entente sur un accord régissant le retrait du R-U de l’UE.
Il y a ainsi eu une impasse suscitant trois reports de la date du Brexit, qui était initialement prévue le 29 mars 2019, et il a fallu quatre ans de négociations avec l’UE et l’arrivée au pouvoir en 2019, avec une majorité absolue, du Parti conservateur de Boris Johnson (qui avait succédé à May, laquelle avait démissionné parce qu’elle n’avait pas réussi à faire approuver un accord par le Parlement) pour arriver, sans blocage du Parlement britannique, à un accord en 2020 sur les conditions de sortie du R-U et sur ses relations futures avec l’UE.
Craignant donc un recul, Farage a cofondé, en 2018, un nouveau parti, le Parti du Brexit, dont il est devenu chef en mars 2019 et qui est arrivé en tête des partis britanniques aux élections européennes de mai 2019 (le gouvernement britannique avait prolongé son adhésion à l’UE jusqu’au 31 octobre 2019 pour éviter un Brexit sans accord). Ce parti a remporté 29 sièges sur 73, ces 29 sièges faisant même de lui le plus grand parti unique du 9e Parlement européen, et le plus grand nombre de voix, soit 30,52 %.
Farage a également aidé à ce que le Parti conservateur de Boris Johnson, également favorable au Brexit, gagne les élections générales britanniques (anticipées) de décembre 2019, en ne présentant pas de candidats du Parti du Brexit dans les circonscriptions où les députés sortants étaient des députés du Parti conservateur.
Ce Parti conservateur a de fait gagné ces élections avec une majorité absolue, et a ainsi été capable de concrétiser officiellement le Brexit en 2020.
Pendant tout ce temps, au Québec et au Canada, Duceppe pondait au Bloc québécois, de 1997 à 2011 (14 ans), des programmes politiques de parti provincial canadian… ; et Blanchet, chef du Bloc depuis 2019, a fait de même…
Comme l’écrit avec justesse Jean-Jacques Nantel, Blanchet aurait pu conclure une entente avec le Parti progressiste-conservateur du Canada en échange d’avantages très concrets pour le Québec, mais Blanchet tout comme Duceppe sont à l’extrême opposé de Nigel Farage…
Ça donne que le Royaume-Uni est aujourd’hui un pays indépendant de l’UE, grâce entre autres à Nigel Farage et au Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni ; alors que le Québec ou le peuple québécois est, comme l’écrit Nantel, en mode suicide accéléré dans le Canada, et ce entre autres à cause des Bouchard, Duceppe et Blanchet et du Bloc québécois créé par Ottawa.
Lucien Bouchard (chef du Bloc de 1990 à 1996), devenu en 1996 premier ministre du Québec à la place de Jacques Parizeau qui avait démissionné au lendemain du référendum perdu de 1995, ne voulait rien savoir d’un troisième référendum sur l’indépendance du Québec… ; Duceppe et Blanchet n’en ont jamais demandé eux non plus…
Le résultat du premier référendum tenu en 1980 a été de 40,44 % en faveur du Oui et de 59,56 % en faveur du Non ; et celui du second référendum tenu en 1995 a été de 49,42 % en faveur du Oui et de 50,58 % en faveur du Non.
Compte tenu qu’Ottawa a triché de mille façons lors du référendum de 1995, un troisième référendum aurait certainement pu être gagnant. On comprend donc aisément qu’Ottawa ou Bouchard, Duceppe et Blanchet ne voulaient à aucun prix d’un troisième référendum…
André Lafrenaie
18 octobre 2024
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