Global Warming : destin croisé de deux tribuns de la vérité
Devant une audience clairsemée, petite salle d’un cinéma de province, sa voix résonne et le timbre est grave. De temps en temps, il apparaît avec sa valise de voyage roulante, délivrant son message de ville en ville, d’aéroport en aéroport, répétant inlassablement les mêmes mises en garde face à ce risque, cette menace moderne et longtemps indicible, qu’il décrit sous le nom de « global warming ».

L’homme aurait pu se retirer des combats politiques et s’avouer définitivement vaincu, après la cuisante défaite de décembre 2000. Les souvenirs de ce folklore électoral de Floride. Des cartes d’électeur poinçonnées à la mode Gainsbourg qu’il fallait recompter plusieurs fois, à grands coups de batailles juridiques. Peut-être même de luttes et dessous de tables. Une affaire qui dérange. Et toujours indicible.
Al Gore étreint son costume noir sur les scènes des universités, il remonte ses manches et revisite sans cesse, au long de ses voyages, ces graphiques et photographies de géographe, tel un gestionnaire des risques, sur son ordinateur portable. Il est en campagne. Une campagne à l’échelle mondiale. Un tour du monde pour informer, sensibiliser les peuples et tenter de convaincre, loin des machines à communication et de désinformation de l’appareil d’Etat, loin du pouvoir et de la Maison Blanche.
A des milliers de kilomètres de là, un autre pèlerin, celui-ci moins célèbre - d’aucuns lui reconnaissent moins de charisme également - parcourt inlassablement son pays à la rencontre des gens. Il écoute, parle du réchauffement de la planète, de l’école, du pouvoir d’achat et de ce fichu parlement qui ne fonctionne pas comme il devrait. L’homme est honnête, il étonne par son ouverture d’esprit. Loin des appareils d’Etat et de l’instrumentalisation de l’information, il répond aux invitations des citoyens, s’arrête sur les places et parle aux foules, il discute avec les blogueurs, ces citoyens de la toile, l’Agora où les débats sont libres, d’où le contrôle de l’Etat est absent, là où les grands de ce monde sont réduits à écouter plutôt qu’à imposer.
Les deux hommes ont un point commun : ils n’ont pas la maîtrise de la puissance des médias pour se faire entendre. Ils n’ont pas le réseau des puissants pour diffuser leur message. Mais peu importe, à leurs yeux. Car ils ont tous deux cette force et cette conviction et cette énergie déployée pour informer directement les petites gens sur les réalités du système tel qu’il est - et non pas tel qu’on veut bien le leur faire croire -, et ce n’est pas inutile. Ils affirment que les gens ont un droit inaliénable : celui de savoir la vérité. Une vérité qui dérange.
Notre système de pouvoir n’est pas bon. Mais il peut être corrigé. Amélioré. Ces deux hommes le savent. Le croient. Comme pour s’adresser directement au public, il y a ces messages qui s’affichent sur le générique de fin du film, à l’adresse des spectateurs qui voudront bien les lire.
Les gens restent assis dans la salle de cinéma. Ils savent que leur destin n’est pas dessiné par les outils de propagande, par les mass media, par les instituts de sondage. Leur avenir est entre leurs mains.
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