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Accueil du site > Tribune Libre > Gouverner, c’est faire peur

Gouverner, c’est faire peur

L’art de la gouvernance a inspiré au fil du temps moult maximes. Ainsi, au XIXème siècle, le journaliste Emile de Girardin pense que “gouverner, c’est prévoir“. Au XVIIIème, le maréchal François Gaston, duc de Lévis, estime pour sa part que “gouverner c’est choisir“. Quant à Saint-Just, il constate que “l’art de gouverner n’a produit que des monstres“. Il en connaissait un rayon sur la question, l’archange de la Terreur…

La première citation ne peut guère s’appliquer à la présidence Sarkozy. A l’Elysée, on ne prévoit rien du tout, on navigue à vue au gré des sondages d’opinion et des crises économiques subies de plein fouet mais jamais anticipées. Les abus des banquiers et autres grands patrons ne datent pourtant pas d’hier et le plafonnement des bonus ainsi que la moralisation des échanges boursiers eussent dû se faire il y a bien longtemps. Mais à l’époque, le leitmotiv à la mode, c’était touche pas à mon fric !
 

La seconde réflexion s’applique partiellement au régime actuel. Non pas pour ses choix idéologiques qui fluctuent au gré des flots financiers et des vagues médiatiques. Un jour ultra libéral, l’autre pseudo-social, la tactique, c’ est de changer de cap sans complexe en donnant l’impression que l’on sait où l’on va… En réalité, pratiquer jour après jour une gestion chaotique digne d’une usine à gaz soviétique, aussi incohérente que les inventions du professeur Shadoko.

Il existe par contre un réel choix dans la sélection des gens qui font office de ministres. Un véritable casting même, plus axé sur la représentation et sur la figure emblématique que sur les compétences réelles et sur la connaissance des dossiers. Ainsi Rachida Dati en son temps, Rama Yade, Bernard Kouchner, Eric Besson, Brice Hortefeux et peut-être bientôt Philippe de Villiers ont été de toute évidence choisis pour leur dimension symbolique. Figures de proue des minorités visibles, de l’humanitaire bon teint, de la gauche félonne ou de la droite extrême, elles participent toutes à la confusion des genres voulue par l’apprenti sorcier élyséen.

L’art de gouverner n’a produit que des monstres.” La maxime de Saint-Just semble avoir été écrite au XXIème siècle tant elle est d’actualité. Monstres de suffisance, de mépris, de mensonge et de ridicule, ils sont venus, ils sont tous là. Et leur adage à eux, c’est naturellement “gouverner, c’est faire peur“. Peur de l’autre, peur de la crise, peur de la maladie. Stigmatiser la peur de l’autre, du voisin de palier, c’est le racisme ordinaire façon Hortefeux. Stigmatiser celle de la crise, c’est se dédouaner de toutes responsabilités sociales derrière un épouvantail venu d’ailleurs, façon Lagarde. Stigmatiser celle de la maladie, c’est amplifier une pandémie pour mieux faire oublier la réalité quotidienne de la misère sociale, façon Bachelot.

Manque de chance pour ceux-là, la crise économique s’achève nous dit-on et la grippe A serait moins dangereuse que prévu. Le retour à la vraie vie risque de faire mal aux fessiers gouvernementaux. Alors, il faut inventer autre chose, une autre peur, un truc vieux comme le monde qui marche à tous les coups. Pour sortir du marasme économico-social dans lequel nos chers gouvernants nous ont fourrés, rien ne vaut la perspective d’un chouette conflit. Et là, l’Iran du satanique Ahmadinejad tombe à pic. Quoi de mieux qu’une bonne vieille guerre pour repartir du bon pied. Pour tout reconstruire chantait le bêlant Francis Cabrel…


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8 réactions à cet article    


  • Lediazec Lediazec 28 septembre 2009 11:59

    Gouverner c’est aussi prévoir, comme pour la grippe A. J’aime beaucoup cette assertion de l’ami Olivier Bonnet, je cite de mémoire : « La grippe A n’a pour l’instant contaminé que les médias. » Tellement vrai !
    On affame d’un côté et pour calmer tout le monde on invoque le danger nucléaire en Iran. Il n’y a pas si longtemps c’était l’Inde...
    Le plus lamentable est que cela a l’air de bien fonctionner. Pour l’instant.


    • ramonjimenez ramonjimenez 28 septembre 2009 14:11

      La grippe A c’est tout benef . Ça fait marcher l’industrie , ça détourne l’attention , est surtout ça redore le blason du gouvernement.

      On amplifie un problème bénin , puis on réagit en « mettant le paquet » et voilà un beau gvt super efficace qui anticipe et tout et tout.

      L’éternel pompier pyromane...

      Par contre , ça nous coute combien en terme de campagne de pub ? Ils vont nous refaire le même coup cet hiver ?

      Mais le bon peuple se prête bien au jeu , quand meme


      • chlegoff 28 septembre 2009 16:18

        L’art de gouverner passe aussi par les plus grosses boites de marketing de la planète. Le personnel politique (les godillots) exerce principalement une fonction de VRP, l’action politique dépassant le cadre de leurs compétences.


        • Philou017 Philou017 28 septembre 2009 19:33
          Gouverner, c’est faire peurJe dirais plus exactement « Gouverner, c’est jouer sur les peurs ».

          C’est vrai qu’on ne compte plus les campagnes électorales qui se sont jouées sur la peur qu’on essaie d’instiller en direction du candidat d’en face.

          Passé un temps, ca jouait sur le communisme et les rouges qui allaient débarquer à Paris. C’était facile.

          Aujourd’hui, on essaie de faire croire que le candidat en face ne sera pas capable de gérer la situation. Une situation ingérable puisqu’elle évolue inexorablement au détriment des peuples sous l’action de la peste libérale en particulier.

          En 2002, TF1 a multiplié les reportages sur la délinquance, pour favoriser la peur des « racailles ». Résultat, un FN en flèche et des villages qui ont voté FN alors qu’ils n’avaient aucun problème d’insécurité.

          La politique est devenue depuis assez longtemps l’art de « faire croire » des choses aux gens, plutôt que de les convaincre de la pertinence d’un projet politique.
          Dernièrement, il s’agissait de faire croire qu’on allait améliorer le pouvoir d’achat.

          Les projets politiques ont disparu. Reste plus que les politiques sécuritaires et les arguments populistes, qui reposent en premier lieu sur la peur.

          Combien de temps faudra-t-il que les gens soient pris pour des cons avant qu’ils ne se réveillent ?


          • Paul Cosquer 29 septembre 2009 11:44

            « Gouverner, c’est pleuvoir » (proverbe breton)


            • Paul Cosquer 29 septembre 2009 11:46

              Attention, la peur ça se retourne...


              • Emile Red Emile Red 29 septembre 2009 11:48

                Le système libéral dans son essence, quand ce sont les entreprises et la finance qui gouvernent de concert, les politiques n’ont plus qu’un rôle subalterne à jouer.

                Et ce rôle ils le jouent à la perfection, policiarisation, militarisation, judiciarisation, les trois mamelles miettes de l’état régalien, seuls actifs sur lesquels les élections peuvent se jouer.

                Le libéralisme financier a pour corollaire politique l’autoritarisme, ce n’est pas nouveau mais nouvellement mis en pratique. Nous n’en avons donc pas finit avec les arrestations arbitraires, les procès fleuves et les conflits à répétition. Dès le mur tombé, le Marxisme honni de la nomenclature a fait place au nouveau mal arabo-musulman.
                 
                L’alliance corrompue de l’argent et des pseudos pouvoirs a besoin de croisades pour maintenir occupé et asservi l’esprit des peuples crédules.


                • b.mode b.mode 29 septembre 2009 13:00

                  L’alliance corrompue de l’argent et des pseudos pouvoirs a besoin de croisades pour maintenir occupé et asservi l’esprit des peuples crédules.

                  Rian à ajouter !

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