Grand seigneur ou petit saigneur ?
SARKOPHAGIE
Il s’était promis de pendre les « coupables » à un croc de boucher.
Voilà une belle exposition, post mortem, comparable à celle que les partisans italiens ont réservée à la dépouille de Benito Mussolini et à celle de sa maîtresse, Clara Petacci, après leur exécution.
L’exhibition du cadavre du Che, c’était de l’imagerie sulpicienne.. L’antique histoire de l’abandon aux charognards auquel était promis le cadavre de Polynice, si Antigone n’avait pas enfreint les ordres de Créon, une bluette.
Il lui faut du sang, de l’équarrissage, de la barbaque, de la viande dépecée, et sur la place publique.
Passant en vélo devant une boucherie, à deux pas de chez moi, il m’arrive de temps en temps de laisser passer deux malabars, vêtus de blanc, qui débarquent d’un camion frigorifique des demi-carcasses de boeufs, crochées par le talon à leur support métallique, les prendre à bras le corps et les transporter pesamment, dans une sorte de tango titubant et sanglant, à l’intérieur de l’établissement.
Les réglementations sanitaires interdisent désormais de laisser à l’étal tous ces écorchés dont les grosses mouches bleues jadis se délectaient. Mais, pourquoi ne pas renouer avec ces pratiques barbares et les appliquer à des bipèdes qui pensent ?
Et tout ça, pour une magouille de Pieds Nickelés, de branques allumés, de Polytechnicien apparenté au savant Cosinus, d’agrégé de maths en rupture d’équations, de barbouzard graphomane, de bretteur à la toison grisonnante égaré dans le monde numérique.
Quel auteur de polar s’aventurerait dans une telle intrigue, sauf à encourir la critique d’avoir jeté le bouchon trop loin ?
Jouant le grand seigneur, Il aurait pu se rallier les rieurs en mettant en exergue, dès le départ, les rouages de cette fantasmagorie, son côté branquignol et, en prononçant « listing » avec l’accent de Cantona, assurer la rime avec « dingues ».
Ce n’était quand même pas la tragédie à laquelle fut confronté Dominique Baudis, ni l’infamie du montage d’une affaire qui visait à discréditer Pompidou à travers sa femme.
Là, des gros sous. Des noms, des montants. Une banque qui compense. Bref, toute la délicate poésie du Grand Duché. Il n’y manquait qu’une femme pour parfaire le décor.
Faut-il qu’il soit épidermiquement sensible à l’or et à l’argent pour être monté au créneau avec tant d’ardeur !
Le manège judiciaire va repartir pour un tour, sachant qu’il reste, éventuellement, après la Cour d’Appel, l’échelon de la Cour de Cassation.
Cette machine coûte très cher à faire tourner et, à l’inverse des Etats-Unis, la Chancellerie reste muette sur les dépenses qu’entraînent les grands procès.
Pourquoi ne pas intéresser le procureur Marin au fonctionnement, du système en lui envoyant la facture de tous les frais provoqués par sa décision, si la Cour confirme le premier jugement ?
Son prurit procédural s’en serait trouvé douché, sans nul doute.
Les ténors du barreau peuvent commencer à se chauffer la voix et à écrire un nouveau livret.
« La clémence d’Auguste », tel est les sous-titre que Corneille donnait à Cinna, l’une de ses tragédies.
« Le petit saigneur » conviendrait à ce mélo médiocre, qui transforme tout un chacun en sarkophage.
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