Grande pitié au Royaume du Web
N’y a-t-il pas un nombrilisme aigu a parler des petites problèmes de l’Internet, quand 3 millions de Français descendent maintenant aux trois jours dans la rue pour exiger du gouvernement le retrait d’une mesure a laquelle il s’est tant compromis qu’on voit mal comment il pourrait obtempérer sans que sa démission suive ? Tout dépend de la lucidité avec laquelle un journal citoyen voit son rôle.
Où le Français va-t-il obtenir une information honnête ? Il est clair, aujourd’hui que seul l’Internet peut la lui fournir. La presse citoyenne – des Français qui parlent à des Français, mais aussi des nouvelles de partout qui convergent vers la France – c’est bien là le seul espoir d’une transparence dans la nouvelle. Ce que montrent et ce qu’occultent les grands blogues et les medias citoyens revêt donc une importance capitale pour la démocratie. Peut-on leur faire confiance ?
A priori on devrait, puisque c’est Quidam Lambda qui s’exprime dans Rue 89 ou Agoravox. On peut donc penser qu’il va errer à l’occasion, mais qu’il ne cherchera pas à manipuler l’opinion publique. Monsieur Tout-le-monde a ses intérêts propres, bien sûr, mais bien circonscrits. Ce qu’il dit spontanément, n’est pas vicié par un biais systémique et ce que lui et les autres comme lui disent peut donc vraiment renseigner la population. Le salut est là. À moins que…
À moins que ce que les Lambdas veulent dire ne soit épuré. Censuré. Tamisé. À moins que l’on n’en enlève tout ce qui ne colle pas avec la vision bien-pensante. Or, ne soyons pas naïfs, bien-pensance ici n’est pas synonyme de vertu, mais consiste en ce qui apporte de l’eau au petit moulin de ceux qui épurent, censurent, tamisent, comme au grands moulins de ceux qui les soutiennent et au barrage en amont du pouvoir politique par la grâce duquel ils peuvent vivre.
Les médias citoyens qui peuvent diffuser une information impartiale – et qui sont donc les dernier rempart de la démocratie – devraient être au dessus de tout soupçon. Le sont-ils ? Donnent-il bonne et juste raison de croire qu’ils sont eux-mêmes impartiaux et publient, selon la fameuse devise du New York Times, « All the news that’s fit to print » … Ou doit-on craindre que leurs amitiés politiques où leurs intérêts corporatifs puissent les motiver au détriment de leur mission d’informer ? Il ne faudrait pas perdre une occasion de le vérifier.
Nombrilisme ? On est plutôt au coeur du problème de la démocratie. C’est une question qu’on ne peut balayer du revers de la main. Il serait important que les médias citoyens donnent des preuves indiscutables de leur loyauté à leur mission et de leur franchise envers leurs lecteurs. Car il n’est pas sans intérêt, pour celui qui manifeste aujourd’hui dans les rues, de savoir qu’il sera compté par des observateurs sans préjugés.
S’il ne l’est pas par ceux des médias traditionnels, ce dont il a déjà fait son deuil, au moins devrait-il croire l’être par ceux des journaux citoyens… Croire qu’il ne deviendra pas pour eux aussi invisible, si sa présence gêne les propriétaires, les annonceurs ou les donateurs de ces journaux citoyens.
Pïerre JC Allard
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