Great Reset vs MAGA : le deuxième mandat Trump qui changerait tout
Un deuxième mandat Trump serait-il une resucée du premier ? Au contraire : c’est à un match épique entre « Great Reset » et « MAGA » que l’Amérique se prépare.
A ma gauche, le Great Reset (« Grande Réinitialisation ») : du nom du livre rédigé par Klaus Schwab, Président du Forum Economique Mondial (« Davos ») qui réunit tous les ans les élites économiques et politiques du monde entier. Publié en juillet 2020, il recommande de prendre la crise du Covid comme galop d’essai pour la création d’une gouvernance mondiale. Le Great Reset a donc deux dimensions :
- Transfert du pouvoir des élus nationaux vers des experts (technocrates, juges) nationaux ou, de préférence, supra-nationaux (ONU, Union Européenne, Organisation Mondiale de la Santé, Cour Européenne des Droits de l’Homme, FMI etc.).
- Extension des pouvoirs de contrôle par les experts sur les individus : contrôle de leur expression, notamment sur les réseaux sociaux, de leur santé (par exemple par la création de passeport vaccinaux), de leurs comportements (bilan carbone individualisés) et de leurs dépenses (monnaie numérique).
Le Great Reset est présenté comme indispensable pour résoudre les problèmes qui vont se poser à l’humanité (guerres, réchauffement climatique, migrations). Ainsi, au cours des dernières semaines, avons-nous été témoins des offensives suivantes :
-Un rapport de l’Union Européenne pour proposer une révision des traités afin de centraliser plus de pouvoir au niveau européen, au détriment des Etats (extension des compétences exclusives de l’UE, suppression du droit de véto des Etats etc.)
- Une directive européenne pour établir un régime européen de contrôle et de censure des réseaux sociaux, avec X/Twitter en ligne de mire.
- Une proposition de traité pour centraliser au niveau de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) la réponse aux pandémies, accordant à celle-ci des pouvoirs coercitifs sur les Etats.
- La COP 28 au sujet du réchauffement climatique ; de plus en plus, les Juges s’appuient sur ces conférences environnementales pour contraindre les Gouvernements à infléchir leur politique. Et si votre chat ou votre chien doit être euthanasié pour la Cause, ainsi-soit-il.
- En France, un projet de constitutionnalisation du droit à l’avortement, afin de le placer hors d’atteinte des élus du peuple.
Vladimir Biden tombe le masque
Si, en France, le Great Reset, dont Emmanuel Macron est le fervent défenseur, ne rencontre qu’une opposition molle, distraite et épisodique, il n’en va pas de même aux Etats-Unis où la résistance s’est organisée.
Entre donc, sur ma droite, MAGA (Make America Great Again) dont Donald Trump s’est fait le héraut. MAGA, c’est l’anti-Great Reset : defiance vis-à-vis des experts, exigence de liberté individuelle, pouvoir émanant « du bas » et non pas « du haut ».
En 2016, Donald Trump avait été élu « par effraction » : personne n’avait anticipé sa victoire. Novice en politique, rejeté par l’élite de son propre parti, Donald Trump n’était pas préparé à ce qui l’attendait. La bureaucratie fédérale, totalement acquise au parti Démocrate (91% de voix pour Clinton en 2016 contre 4% pour Trump à Washington DC) et les media ont mené une guérilla sans relâche pendant tout le mandat de Trump pour le déstabiliser, avec notamment le « Russian Collusion Hoax » (initié par la campagne d’Hillary Clinton, il visait, via la fabrication d’un faux dossier -le Dossier Steele- à présenter Donald Trump en agent russe) comme pièce maîtresse. D’autres « hoaxes » ont émaillé son mandat, le mettant en permanence sur la défensive. Face à cet assaut, Donald Trump n’avait ni la discipline, ni la maîtrise requises pour lutter efficacement. Ses tweets aléatoires et foutraques ne faisaient guère le poids face à la machine de guerre de ses opposants.
Les Américains espéraient que la Présidence Biden serait celle d’un Papy Brossard assoupi et débonnaire. C’était sans compter sur la fureur de revanche du camp Démocrate et de ses soutiens. Jamais le DOJ (Department of Justice) n’a été aussi politisé : parents d’élèves, militants anti-avortement, catholiques traditionalistes, Donald Trump et ses proches, la vindicte du Régime se déploie tous azimuts. Dans ses moments de lucidité, Joe Biden multiplie les attaques furieuses contre les « MAGA Republicans » dans des discours dont la scénographie évoque fâcheusement Leni Riefenstahl. Et si un effort sans précédent a été fait par le DOJ et par les media pour censurer tous ceux qui expriment des doutes quant à la légitimité de l’élection de 2020 (le « Big Lie », émis par des « Négationnistes » -« election deniers »-), rien n’y fait : une forte majorité d’Américains considèrent que la fraude a bel et bien influencé le résultat de l’élection, et craint que cela ne recommence en 2024. Il est vrai que l’accusation d’avoir volé les élections est une vieille tradition… Démocrate, que les Républicains n’ont fait que reprendre à leur compte en 2020. L’acquisition de X/Twitter par Elon Musk a été un coup dur pour tous ceux qui comptaient sur une censure étroite des réseaux sociaux pour imposer au peuple les idées de la classe dirigeante. Si Facebook et Google/Youtube continuent de travailler de concert avec le Deep State (FBI, CIA) pour contrôler ce qu’il est permis de dire et de penser, il n’en va plus de même pour X, et l’ouverture de cette brèche a libéré le débat public. Le roi est nu, et la confiance que les Américains ont envers leurs institutions, en pente descendante depuis 40 ans, s’effondre depuis 2020 (année de l’élection de Joe Biden).
Aujourd’hui, face à la domination de Trump dans les sondages, le Régime tombe le masque. Prenant exemple sur la Russie de Poutine, on noie Donald Trump de procès, afin de l’empêcher de faire campagne, on déclenche des procédures d’urgence pour tenter de l’envoyer en prison avant les élections, on le déclare inéligible.
Quand le sage montre la Lune, l’idiot regarde le doigt
Contrairement au bon vin, il y’a peu de chances que Donald Trump se soit bonifié en vieillissant. Il continuera d’être paresseux, impulsif, narcissique et incurieux. Mais l’enjeu dépasse aujourd’hui les personnalités des deux vieillards qui vont s’affronter, au-delà de leurs faiblesses et leurs vices respectifs. Derrière Trump, les forces « MAGA » se sont organisées. Ce sont elles qui détermineront le cours d’un deuxième mandat, si Trump est élu. Aujourd’hui, Joe Biden, qui n’est plus compos mentis, n’est que la marionnette de la bureaucratie fédérale (le « deep state ») ; demain peut-être, Donald Trump sera la figure de proue du projet qui se prépare en son nom.
Le diagnostic posé est celui de l’échec des élites administratives et culturelles des Etats-Unis. L’ère de la déférence automatique envers les experts est révolue, il faut rendre le pouvoir au peuple, valoriser la famille, protéger les droits individuels (de la liberté d’expression à celle de porter des armes), retrouver la souveraineté perdue et contrôler les frontières. Retrouver l’Amérique des pionniers et des Pères Fondateurs.
La Heritage Foundation coordonne le « Project 2025 », qui associe une cinquantaine de think tanks conservateurs dans la préparation d’un projet de gouvernement dans l’hypothèse d’une victoire républicaine en 2025. Le Project 2025 a invité plus de 400 spécialistes à élaborer des programmes politiques dans leurs domaines respectifs de compétence, qui s’agrègent en un programme d’action détaillé en 30 chapitres et 900 pages. Cette fois, MAGA sera prêt. Le projet vise à « déconstruire » l’Etat administratif : suppression des agences inutiles, limitation du pouvoir règlementaire des administrations restantes, suppression de postes, renvoi de compétences de l’Etat fédéral vers les Etats (par exemple, le Departement de l’Education serait supprimé, les Etats reprenant l’entière responsabilité de leur politique éducative), restauration de la supervision de l’administration par le Congrès, fin de la discrimination positive et des bureaux DEI (Diversity, Equity, Inclusion) qui la promeuvent.
Personnel is policy
Un dicton américain dit « Personnel is policy » : le personnel, c’est la politique. Le programme politique le mieux conçu s’embourbera dans les sables de la bureaucratie s’il n’est pas relayé par des hauts fonctionnaires motivés. En 2016, Donald Trump, outsider de la politique, était arrivé seul à Washington D.C. et n’avait pas de fidèles à placer aux postes stratégiques : la bureaucratie fédérale lui avait mené une guerre sans relâche.
Une exception cependant : Donald Trump avait délégué à la Federalist Society, association juridique conservatrice, la fonction stratégique de sélectionner des juges « originalistes », donc conservateurs (aux Etats-Unis, les juges fédéraux sont nommés par le Président puis ratifiés par le Sénat, des tribunaux de première instance à la Cour Suprême), Donald Trump se contentant de signer les noms qu’on lui proposait. De fait, ses nominations de juges sont considérés, par le camp Républicain, comme l’un des plus grands succès de Trump.
Lors d’un deuxième mandat, cette politique serait étendue à toute la bureaucratie fédérale. Dans ce cadre, le Project 2025 prépare un fichier de plusieurs milliers de candidats potentiels aux plus hautes fonctions administratives, passant leur CV et leurs comptes sociaux au peigne fin pour s’assurer de leur compatibilité idéologique, ainsi que pour leur proposer des formations afin de les préparer à leur prise de responsabilités.
2024, moment charnière
Depuis un siècle, le transfert de pouvoir des responsables élus vers des technocraties surplombantes est apparu dans les démocraties occidentales comme un processus nécessaire et inexorable. Rien ne servait de lutter contre, c’était le sens de l’histoire, les experts savaient alors que le peuple, emporté par ses passions, ne savait pas. Avec le Covid, ses confinements et ses passeports vaccinaux, ses décisions à effet immédiat et sans contrôle, sa censure et ses Gardiens auto-proclamés du Salut Public, ce processus a atteint un paroxysme. C’est sans surprise que les partisans du Great Reset, Klaus Schwab en tête, ont vu dans les dispositifs mis en place à cette occasion un modèle pour le futur. Mais le rêve des uns est le cauchemar des autres. Pour ces derniers, cet épisode a été la sonnerie du tocsin : est-ce le futur vers lequel nous souhaitons aller ? Si nous ne luttons pas pour leur préservation, pourrons-nous retrouver demain les libertés que nous abdiquons aujourd’hui, ou bien sera-t-il trop tard ? Si, en Europe, l’opposition au Great Reset est déstructurée et éparse, il n’en va plus de même aux Etats-Unis. Aussi, lors des élections de 2024 aux Etats-Unis, ce n’est pas que le sort de l’Amérique qui se joue. C’est aussi le nôtre.
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