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Grèce : « quand on coupe les oreilles, le cou devrait s’inquiéter »

« Ce n'est pas parce que la mouche vole que cela fera d'elle un oiseau », nous rapporte dans ses mémoires le truculent porc-épic d'Alain Mabanckou (1), établissant un parallèle saisissant avec l'homme, objet de ses observations, sur lequel il ne se montre guère charitable. Car si celui-ci a des aptitudes à le commander, il aurait tort de trop s'en vanter : « l'intelligence est une graine qu'il faut arroser afin de la voir s'épanouir un jour », lâche-t-il, laconique...
 
Trêve de métaphore ! En ces temps où le charter se cache derrière chaque phrase électorale, où l'impéritie tient lieu de programme et l'égoïsme individuel de catéchisme philosophique, un détour par la mer Égée, pour un Téléthon qui sent comme un jet de lisier dans les champs, n'est pas un luxe.
 
En France, hormis quelques illuminés, pris pour tels, la crise a disparue des viseurs politiques et de la campagne tout court. Place au Halal et à la viande faisandée. A Marine Le Pen et à ses fameuses signatures. Deux précisions. La première concerne la viande Halal. Il s'agit d'une pratique par laquelle l'homme demande « pardon » à l'animal avant de lui ôter le souffle. Même si cela lui fait une belle patte à la bestiole, je ne vois pas là l'ombre d’Al-Qaïda, comme le suggèrent nos très irresponsables Claude Guéant, François Fillon et Nicolas Sarkozy, le patron. D'autant que, ce pauvre Fillon, surpris l'allumette dans la main, se dépêche aussitôt de convoquer à Matignon pour une séance ridicule (une de plus !) les représentants des communautés juives et musulmanes pour s'en excuser, même si le terme employé est « rassurer ». A la sortie de l'entretien, devant les caméras, les responsables des deux communautés ont noté, mais n'étaient pas rassérénés par la dérive ambiante et ils l'ont souligné. Pendant ce temps, la vraie crise, celle qui engrosse les banques et enfonce les pauvres dans la béance, silence média !
 
Un mot maintenant sur les fameuses signatures de Marine Le Pen ! Ici, nous en parlons, mais pas plus que ça. Non pas que le sujet ne soit pas important, puisque depuis 2007, les frontistes ont déjà un pied à l'Elysée et cela nous le dénoçons sans relâche. Vrai qu'en radicalisant sa droite, Sarko chasse sans permis sur les terres du FN, au granddéplaisir de certains militants UMP ! Une guerre à la baïonnette Sarko-Marine ! Mais n'oublions pas, dans cette histoire, un aspect fondamental que le FN se garde bien d'évoquer : Carl Lang, l'autre candidat de l'extrême droite, un dissident, une épine dans le pied. Jouant de l'aversion qu'il éprouve pour Marine et son clan, il fait bande à part et lui grignote un nombre important de signatures, puisqu'au dernier comptage, il était à près de 400 signatures sur son compte perso ! Facile de rendre Sarko seul responsable de sa propre incapacité à gérer son Front. De ladiversion ! Là où Jean-Marie avait réussi à amadouer Carl Lang, un loustic, du temps où il était Président du FN, la fifille se brûle les ailes... Une autre façon d'éviter de parler de la crise et surtout d'un programme autre que celui de la haine d'autrui. Silence radio !
 
Aujourd'hui donc, les banquiers, refinancés par la BCE se portent on ne peut mieux et sont en téléconférence pour savoir si, oui ou non, on se montre « indulgents », voire magnanimes avec la Grèce, en lui consentant un rabais ! Pas sur la dette, mais sur les intérêts usuriers qu'ils ont pratiqué sur ce pays. Le débat portant sur la meilleure façon de récupérer les vestiges pour en faire des musées de ce côté-ci de la Méditerranée. Idée qui a séduit les dirigeants allemands et qui ne laisse pas de marbre les amateurs d'art dans les autres capitales de la Grande Europe. Dans un papier remarquable de Philippe Cohen dans le Marianne Web de ce jeudi, tout est détaillé, jusqu'à la façon dont le légiste utilise le bistouris pour déterminer les causes de l'homicide. Ainsi, apprenons-nous, sans que cela en remue l'urne sans faire vaciller l'autre, que « la Banque centrale européenne vient de prêter la bagatelle de 1 000 milliards aux établissements bancaires à un taux qui fait rêver tout acheteur de logement : 1% » ! Liquidités offertes à « 800 banques » pour une durée de trois ans !... Tout ça pour apprendre que certaines de ces banques (et pas des moindres) traînent les pieds pour venir en aide au moribond !
 
Tout bien calculé, cela ressemble, au propre comme au figuré, au débat sur la viande Halal : le bourreau demande pardon au supplicié pour tout le mal qu'il lui fait !
 
Quelle différence avec le Moyen-Âge ? La réponse se trouve chez Alain Mabanckou, à qui j'emprunte le titre de l'article.

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7 réactions à cet article    


  • Francis, agnotologue JL1 9 mars 2012 12:25

    Bine vu Lediazec

    Vous dites : « la Banque centrale européenne vient de prêter la bagatelle de 1 000 milliards aux établissements bancaires à un taux qui fait rêver tout acheteur de logement : 1% »

    C’est nous qui par notre travail, garantissons cet argent que la BCE prête aux banques, et que les banques nous re-prêtent à des taux d’usure !

    Qui aurait pu inventer un système aussi pervers, sinon les banquiers eux-mêmes ?

    Il y a sur ce sujet, à mon avis trois possibilités :

    - ce qui se fait actuellement ! mortifère !
    - renverser la table ; proposition extrêmes droites  : aventureux !
    - exiger que les Etats bénéficient des prêts de la BCE au même taux que les banques ; proposition FDG.



    • Daniel D. Daniel D. 9 mars 2012 14:50

      « - exiger que les Etats bénéficient des prêts de la BCE au même taux que les banques ; proposition FDG. »

      C’est une erreur, la BCE est pour l’euro l’equivalent de la FED pour le dollars. La seule solution economiquement viable pour gerer la situation actuelle et remettre la finance a sa place est de sortir de l’euro en reprenant le contrôle de la création de la monnaie et en dénonçant la dette actuelle qui est une dette odieuse mise en place par le système politico-finacier qui as devoyé l’argent en 70.

      Dénoncer la dette, et reprendre le contrôle de notre monnaie est la seule solution pour ne pas finir a genou, car la dette actuelle resteras si on reste dans l’euro, ce qui est obligatoire pour profiter de la BCE. Il n’y as pas d’autre choix viable, nous ne pourrons pas nous en sortir avec la règle d’or, le MES et la récession qui vas venir dans la zone européenne. La grece ne pourras jamais payer sa dette, malgres les réductions. Ses taux sont exorbitants, et sa source majeure de finance qui vient de la consommation s’effondre. Aux prochains problèmes il y auras soit des défauts partiels, avec faillite bancaire (et renflouement par le MES que nous payeront cash) soit un autre renflouement de l’État par la BCE ou le MES (que nous payerons aussi NDLR)

      Exiger que les états bénéficient des prêts de la BCE au mêmes taux est la moins pire des positions, mais elle n’est pas suffisante pour être la solution. Si le FDG veut vraiment une autre Europe, alors il lui faudras sortir de celle actuelle, et proposer des bases capable de fédérer d’autres pays en difficultés pour refaire un noyau Européen sur une base commune.

      Nous avons les moyens d’impulser un changement, nous sommes encore une puissance économique internationnale qui ne saurais etre négligée ou soumise a embargo sans risque. Nous tuons l’Europe avec la dette, nous nous sabordons, les banquiers doivent être mit devant les réalités : l’argent qu’ils gagnent ne provient d’aucun bien, d’aucun travail réel. Ils n’apportent rien a l’Économie, pire ils lui nuisent alors que leur seule raison d’exister est de la favoriser pour le bien de tous.

      Les banquiers, mais aussi les politiques qui leur ont donné le pouvoir détruisent le monde, il est temps de dire STOP !!!

      Daniel D.


    • Francis, agnotologue JL1 9 mars 2012 16:26

      Daniel D

      j’ai dit que sortir de l’euro est une solution casse cou dont le seul « intérêt » est de discréditer le FDG.

      Je n’envisage pas que M. Le Pen l’emporte, ce qui la mettrait au pied du mur ; et elle peut bien dire comme les autres droitistes qu’avec eux la France sortirait de l’euro, ils ne prennent aucun risque : ils n’ont aucune chance de pouvoir appliquer leur programme.

      Au fond, vous êtes des gauchistes de droite, toujours dans la surenchère. Vos discours sont : « si on ne me donne pas tout ce que je veux, je fais un malheur, je fais réélire le parti qui ne changera rien » !

      Comprenne qui pourra ! Ou plutôt, à bon entendeur, salut.


    • Daniel D. Daniel D. 9 mars 2012 17:51

      Vous vous méprenez sur ma position, je suis pour JLM, et non pour la marine, car entre les 2 j’ai fait mon choix.

      Ce qui ne m’empêche pas de penser que tout n’est pas parfait dans ce programme.
      L’euro actuel vas nous ruiner, tout comme la Grèce mais ce seras par l’intermédiaire des réductions des dépenses et des services publics et par les ponctions du MES et l’obligation conjointe de la règle d’or.

      Je suis certains que JLM finiras par en arriver là, surtout si il veut aller vers un SMIC européen. Le problème de la dette n’existe qu’a cause de ses intérêts, et on ne peut pas redresser les choses sans remettre en cause la création de monnaie, chose impossible avec l’euro.

      Les jours de l’euro étant comptés, quand sa fin seras annoncées, il n’y auras d’autre choix que de faire avec, ce ne seras plus possible de faire l’autruche sur la raison primordialle de toute cette crise.

      Cordialement,
      Daniel D.


    • Francis, agnotologue JL1 9 mars 2012 18:40

      @ Daniel D

      "c’est l’État qui confère sa valeur à la monnaie par le seul fait qu’il exige le paiement des taxes et impôt dans la devise de son choix" ! (Bernard Lietaer), et aussi : "L’argent est basé sur la capacité à produire de la population laquelle capacité est le fait de la population. " (Louis Even)

      Les banquiers, par le crédit, l’endettement et l’usure nous volent les possibilités qu’offre cette capacité. Les banquier sensés être des passeurs d’avenir, sont en fait, des voleurs d’avenir puisqu’ils se l’aménagent pour eux et seulement eux.

      Mais les banquiers peuvent procéder ainsi parce que des gouvernements félons le veulent bien : ces gouvernements sont ceux qui ont accepté la conception néolibérale de l’État géré comme une entreprise : ils appellent ça la gouvernance.

      Je crois que J.-L. Mélenchon devrait faire campagne sur ce thème ! le gouvernement ce n’est pas le gouvernance, c’est bien plus que ça.

      Cordialement.


    • Lediazec Lediazec 9 mars 2012 18:59
      Merci de vos commentaires. C’est chaud, mais l’enjeu vaut la chandelle. Vastissime sujet. Je cherche mon GPS !... A moins d’un bouleversement aussi surprenant qu’historique, l’Europe est là. Avec ses bons et ses mauvais instincts, c’est notre bébé. Elle est le portrait craché d’une politique nationale que, de gré ou de force, nous avons « internationalisé » et par voie « démocratique » entérinée. Pour ce faire, certains pays qui avaient d’abord refusé, ont été achetés et poussés à la valider. De force ! Dire que nous ne voulons pas d’elle telle qu’on nous l’impose n’est pas un fantasme, mais une revendication légitime. Sur ce point, je pense que nous sommes bien d’accord. La supprimer ? Je pense que pour en arriver là il faudrait une grande, une immense révolution... En revanche, puisque l’outil est là, faisons en sorte de l’utiliser intelligemment. Comment ?... Je n’ai pas la recette. Mais si nous poussons la classe politique à changer et à militer en faveur d’une plus grande justice sociale et d’un équilibre politique plus sain, nous aurons réussi à faire quelque chose de bien... Sinon, il reste la rue, le feu et le sang pour réussir le pari...

      • b.mode b.mode 10 mars 2012 06:49

        Quand on voit le positionnement politique des principaux dirigeants européens, on n’a vraiment pas envie d’être associés à eux... Conclusion ?

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