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Accueil du site > Tribune Libre > Grèce revisitons le passé

Grèce revisitons le passé

Il est souvent édifiant de relire les articles écrits il y a quelques années.

Le 10 mai 2010, il y a plus de cinq ans, on pouvait lire « On nous "explique" la Grèce ! »

Je vous invite à relire ce texte et à juger de l'évolution (sic) de la situation.

Cette relecture met en pespective les mensonges et les arnaques qui nous endoctrinement quotidiennement l'esprit.

 

Serge Charbonneau

 

On nous "explique" la Grèce ! (Un de deux)

Tribune libre de Vigile
lundi 10 mai 2010
418 visites 3 messages

On nous "explique" la Grèce ! (Un de deux)

Nous venons de vivre une semaine terrible. Nous étions tous avec l’Europe qui lutte avec acharnement pour son euro et pour sa vivacité.

Ah ! Quelle semaine !

Nous comprenons tous beaucoup mieux ce qui se joue en Europe, n’est-ce pas ? Nous comprenons beaucoup mieux que la Grèce est dans le trou par la faute de ses gestionnaires incompétents et "croches". Et nous ne comprenons pas l’incompréhension de ces Grecs qui foutent le bordel dans les rues. Quatre morts !

On dit que certains ne condamnent pas ce peuple anarchique qui devrait au plus vite être mis au pas par les autorités, et ce, pour leur bien, pour les protéger d’eux-mêmes, parce que bien entendu, tout le monde désire ardemment leur bien.

Ah ! Quelle semaine !

Il y en a eu des gens sérieux et des réunions sérieuses. Nos médias n’ont pas lésiné à nous expliquer très sérieusement les enjeux de la Grèce et de l’Europe et aussi cette terrible incompréhension que ces pauvres Grecs nous démontrent par leurs manifestions irresponsables.

Il y a le Cirque du Soleil, mais ce cirque n’est rien en comparaison au grand cirque médiatique de l’église économique qui nous explique.

La semaine dernière, ce fut le grand branle-bas de combat. Il y a une panoplie incroyable d’analystes économiques tous plus réputés les uns que les autres qui nous ont clairement (!) expliqué la situation. Nous n’avons pas le choix de comprendre. Maintenant "on sait". On ne voit pas vraiment, mais "on sait".



La Grèce est dans le trou, le FMI et l’UE, Allemagne et France en tête la sauve généreusement, pour sauver l’Europe entière et on craint que l’effet domino fasse tomber d’autres pays irresponsables dans ce cataclysme économique.
Angela Merkel, femme généreuse et responsable s’il en est une, a sauvé la Grèce. En Allemagne, son peuple égoïste, pour la remercier, lui a fait perdre des sièges au Parlement. Quelle bande d’égoïstes ces Allemands, incapables d’appuyer la générosité de Mme Merkel !

Une crise, une terrible crise, mes amis. Les bourses du monde entier ont réagi. Et lorsque la bourse réagit, c’est un peu comme lorsque la marmotte voit son ombre, c’est un signe. Tout un signe. D’ailleurs, le prix du brut a chuté et aussitôt le prix à la pompe a grimpé de 10 sous. Ça aurait pu être pire. La prochaine fois… mieux vaut ne pas y penser.

Il faut se serrer la ceinture, mes amis. Nous vivons au-dessus de nos moyens et les Grecs, ne s’en rendent pas compte.

Si on ne soutient pas l’euro, ça pourrait se répercuter jusqu’en Asie et il se peut que les stocks de pétrole disparaissent du jour au lendemain comme nos 40 milliards de $ de notre caisse de dépôt.

C’est du sérieux, mes amis.

Peut-être vous en êtes-vous aperçu. Toutes ces lignes précédentes ne sont qu’ironie. Vous l’aviez sûrement compris (enfin, je l’espère).

Tout ça pour dire que je ne sais pas par où commencer pour vous exprimer mon désarroi face au déploiement de ces chars d’assaut médiatiques de l’armée de l’église économique.

Toute la semaine, on nous a expliqué sans jamais nous faire comprendre quoi que ce soit. On nous maintient dans ce monde économique virtuel qui est totalement débranché de la vie humaine et de l’économie RÉELLE.


Comme le disait Mikis Theodorakis, ce compositeur, philosophe engagé et homme politique grec (élu au parlement en 1964, 1981 et 1990) :


« Avec le sens commun dont je dispose,
je ne peux pas expliquer et encore moins justifier la vitesse à laquelle notre pays a dégringolé à partir de 2009, au point d’en arriver au FMI, perdant ainsi une partie de sa souveraineté nationale et passant à un régime de tutelle.

Et il est curieux que personne jusqu’à présent ne s’est occupé du plus simple, c’est-à-dire de notre parcours économique avec chiffres et documents, de manière à ce que, nous ignorants, comprenions les causes réelles de cette évolution vertigineuse et sans précédent, qui a comme résultat la perte de notre identité nationale accompagnée de l’humiliation internationale. »
Son texte a très peu été diffusé par la Presse officielle grecque.[1]

Monsieur Theodorakis dit :

« Le dossier grec a été géré par Obama-Merkel- Sarkozy comme tout le monde a vu. L’ampleur des mesures prises par le gouvernement socialiste (soutenu par la droite et l’extrême droite) dépasse même les prévisions de l’École Hayek. Les Grecs commencent à comparer l’austérité socialiste à l’austérité pendant l’occupation allemande. »

« …Ce qui me pose problème également c’est l’exagération des coups internationaux dont notre pays est la cible, d’une telle coordination quasi parfaite contre un pays d’une économie insignifiante, ce qui finit par être suspect. Ainsi suis-je conduit à la conclusion que quelques uns nous ont culpabilisé et nous ont fait peur, de manière à nous conduire au FMI, qui constitue un facteur essentiel dans la politique expansionniste des États-Unis et tout le reste concernant la solidarité européenne est de la poudre aux yeux, pour cacher qu’il s’agit d’une initiative purement américaine, pour nous jeter dans une crise économique artificielle, de manière à ce que notre peuple ait peur, qu’il s’apprivoise, qu’il perde des conquêtes précieuses et enfin qu’il se mette à genoux, une fois acceptée la domination étrangère. »

« Tous, autour de nous, peu ou prou, sont attachés au char des États-Unis. La seule différence c’est nous… »

« Il faudrait ainsi que nous soyons éliminés en tant que peuple et c’est ce qui arrive exactement aujourd’hui. J’appelle les économistes, les politiciens, les analystes, à me démentir… les européens pro-américains du type Merkel, la Banque Européenne, la presse réactionnaire internationale, tous ensemble ont participé au ” grand coup ” de la dévalorisation d’un peuple libre à un peuple soumis. Tout au moins, je ne peux donner aucune autre explication. Je reconnais que je n’ai pas de connaissances spécifiques, mais ce que je dis, je le dis avec mon sens commun.

En tout cas, je voudrais préparer l’opinion publique et souligner que si mon analyse est juste, alors la crise économique (laquelle, comme je le dis, nous a été imposée) n’est que le premier verre amer d’un repas de Lucullus qui suivra et que cette fois-ci viendront aussi des questions nationales cruciales, dont je ne veux pas imaginer où elles nous conduiront. Je souhaite avoir tort. »

Je crois que ce texte de Monsieur Mikis Theodorakis aurait dû être largement diffusé. On préfère nous présenter le cirque médiatique des réunions de Barroso avec Merkel et Sarkozy qui "sauvent" la Grèce. On préfère nous parler du FMI réuni très sérieusement à Washington.

C’est sans parler de notre Harper qui a fait sa grande visite promotionnelle pour mettre en place un autre volet du fantastique "libre-échange".

Le néolibéralisme qui exploite et détruit les nations va bon train.

Serge Charbonneau

Québec

[1] Crise en Grèce : Une déclaration de Mikis Theodorakis
Athènes, le mardi 27 avril 2010tiré de Initiative communiste(PRCF)
http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=18973

 


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8 réactions à cet article    


  • sylvie 17 juillet 2015 11:15

    Excellent mr Charbonneau, il faudrait aussi que les gens qui pleurent ,à juste titre , sur la situation de la Grêce ( en plus ce qui n’est pas négociable est en train de brûler), ces gens dis-je devraient bien se rendre compte que c’est juste le résultat des nombreux décrets et « bidules » (mes fesf etct etc et pour finir tafta) qui emprisonnent les peuples et rendent tous votes inutiles. Tout cela va s’appliquer à tous les pays d’Europe. Aujourd’hui il faut se ruer sur les manches de pioche, parce que cela va manquer sous peu...  smiley


    • MagicBuster 17 juillet 2015 11:30

      Je m’associe a cet article. Excellent.

      Conférence du 3 décembre 2011

      L’état Otage du secteur financier.
      https://www.youtube.com/watch?v=3AUbvQIdxy8


      • MagicBuster 17 juillet 2015 11:39

        LA FIN PROGRAMMÉE DE LA DÉMOCRATIE

        http://www.syti.net/Topics2.html

        « Il est trop tard pour être pessimiste »

        La formule de Yann Arthus-Bertrand (conclusion du film Home ) est une façon de plus de dire qu’il ne sert à rien de regarder en arrière et que l’heure est à l’action, donc à l’optimisme.


        • leypanou 17 juillet 2015 15:01

          @MagicBuster
          Il y a d’autres références plus appropriées qu’Yann Arthus-Bertrand !!!



          • lsga lsga 17 juillet 2015 23:42

            à, vivement que ces saloperies de nations crèvent la gueule ouverte. 

            Si il y a une chose que nos camarades libéraux font bien : c’est marcher sur la gueule de ces connards réactionnaires.
             
            Cette phase où le Capitalisme est notre allié dans la lutte contre les forces réactionnaires ne durera pas longtemps. Profitons de ce doux spectacle, qui se terminera quand le niveau de vie des populations humaines sera sensiblement le même partout sur la planète. 
             
            Dans le fond, la crise grec n’est là que pour préparer les allemands à la chute vertigineuse de leur niveau de vie dans les 10 ans qui viennent. Vivement. 

            • Spartacus Lequidam Spartacus 18 juillet 2015 10:07

              N’est-il pas étrange que les États tiennent leurs comptabilités d’une manière différente d’une entreprise ou un ménage ? 


              Comptabiliser les rentrées et les sorties financières comme dans un compte d’exploitation ? C’est portant simple.

              La vérité c’est que dépenser l’argent sans le compter est facteur de ré-élection politique.....

              • jacques 18 juillet 2015 19:50

                @Spartacus
                bonsoir, non tout à fait normal, une famille ( 5 personnes) n’est pas une entreprise ( parfois 300.000 personnes et donc 300.000 familles) et un état pour la France 65millions de personnes vous voyez ? un flambeur familial risque la sécurité de quelques personnes, un flambeur européen celle de 750 millions de personnes, vous voyez ????

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