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Accueil du site > Tribune Libre > Grèce : victoire écrasante de la Gauche Radicale

Grèce : victoire écrasante de la Gauche Radicale

Les résultats des élections législatives de dimanche, en Grèce, ont secoué l’Europe. La victoire d’un parti de gauche anti-austérité fait craindre le pire aux places financières et aux bailleurs de fonds qui ont prêté de l’argent à la Grèce. Les déclarations incendiaires du nouveau premier ministre, Alexis Tsipras, qui est prêt "à verser son sang" a fait plonger la bourse d’Athènes qui a perdu 9.24 points mercredi. Par ailleurs il a stoppé net les privatisations en cours notamment celle du port du Pirée, et a annoncé la réintégration des femmes de ménage licenciées par LE Ministère des Finances, a promis de rehausser le salaire minimum et les pensions de retraite.

A deux sièges de la majorité absolue, il a proposé une coalition aux Grecs Indépendants qui, comme lui sont anti-austérité.

 

La Grèce : laboratoire de recherches

L'austérité, comme la stabilité n'avantagent que les conservateurs (libéraux) et l'industrie financière, ce qui revient au même. En imposant aux grecs ces cures d'austérité, l'Europe devait s'attendre à un retour de manivelle.

Alexis Tsipras tentera dès ce vendredi de renégocier la dette grecque bien que pour Jeroen Dijsselbloem, président de l'Eurogroup (Ministère des Finances de la zone euro), il ne s'agit que d'une rencontre informelle. Un duel en perspective entre Alexis qui veut aller vite et Jeroen qui veut prendre son temps. Jeudi dernier, le Président du Parlement Européen, Martin Shulz a quand même décidé de se rendre à Athènes, histoire de prendre le pouls.

La Grèce risque de devenir un laboratoire de recherche. L'industrie financière (Banques américaines comme Goldman Sachs, BCE, Banque Mondiale, FMI...) a voulu mettre à genoux les grecs en leur imposant la gouvernance économique à la place de la démocratie locale. Les grecs ne veulent plus se laisser faire et cela risque de donner des idées à d'autres états étranglés par des dettes.

 

La Monnaie ex-nihilo, responsable de la faillite des Etats

Pour la petite histoire, si les pays sont si endettés c'est que 93 % de l'argent qui circule dans la zone euro est de la monnaie ex-nihilo (de l'argent fabriqué à partir de rien) qui plombe l'économie des Etats, les endette, et enrichit honteusement l'industrie financière grâce aux intérêts usuraires. 

Les Agences de notation finissent la mise à mort qui se traduit par une augmentation des intérêts de la dette pour les pays les plus fragiles.

La monnaie ex-nihilo est expliquée dans mon syllabus "ces faux-monnayeurs qui dirigent la Belgique et le monde". Comme le dit Maurice Allais, prix Nobel d'économie en 1988 : « Dans son essence, la création de monnaie ex nihilo actuelle par le système bancaire est identique, je n'hésite pas à le dire pour bien faire comprendre ce qui est réellement en cause, à la création de monnaie par les faux monnayeurs, si justement condamnés par la loi. Concrètement, elle aboutit aux mêmes résultats. La différence est que ceux qui en profitent sont différents et autorisés à le faire ».

Ce procédé a été autorisé par les accords de la Jamaïque en janvier 1976 et a été réaffirmé par l'article 123 du Traité de Lisbonne signé en décembre 2007. C'est ni plus ni moins un coup d'état de l'industrie financière. Rien que pour modifier ce système, cela vaut la peine de "donner son sang".

 

Les dangers de combattre l'industrie financière

Le pouvoir de l'industrie financière est justement renforcé par ce seul fait que le réel argent qui circule, celui fabriqué par les Etats, ne représente que 7% de la masse monétaire européenne, ce qui veut dire que si tout le monde vient rechercher son argent en même temps, les banques font faillite et l'économie s'arrête forcément.

Les états sont donc contraints, malgré eux, de renflouer les banques qui, par ce fait même, capitalisent quand elle font des bénéfices et mutualisent quand elles risquent la faillite.

Joachim Nagel, membre de la Banque centrale allemande, bien au courant du procédé, a averti qu'en cas d'arrêt du programme d'aide de l'UE, des "conséquences fatales pour le système financier grec" étaient à craindre. Les Agences de Notation ont menacé de baisser de "stable" à "négatif" la note B de la Grèce.

Le FMI que l'appauvrissement des états enrichit a accordé à la Grèce le plus grand plan d'aide de son histoire (25 milliards d'euros à la fin de 2014) et est de ce fait son plus gros créancier. Il s'est dit prêt à "continuer de soutenir" la Grèce, mais Alexis Tsipras vient d'annoncer qu'il se passerait des sept milliards que l'UE devait verser début février. De là, à se passer du FMI, il n'y a qu'un pas. Le maçon est au pied du mur et ne semble pas vouloir perdre du temps.

Les grecs-indépendants avec lesquels il a conclu une coalition pour obtenir la majorité lui seront d'un grand soutien puisque comme lui, ils sont anti-austérité. C'est sur les questions socio-culturelles qu'il faudra trouver des compromis.

En décembre 2014 déjà, les conservateurs grecs, c'est à dire les plus nantis, ont commencé à faire des retraits massifs craignant la victoire de la gauche. Il faut donc s'attendre à ce que les banques manquent prochainement de liquidités.

L'idéal serait, comme l'on fait un certain nombre de pays émergents, de refuser l'aide du FMI et envisager le retour à la monnaie nationale.

Ce projet pourrait éventuellement être mené de concert par l'Espagne, le Portugal et peut-être même l'Italie qui ne veulent plus d'austérité non plus.

 

Paul THUNISSEN


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14 réactions à cet article    


  • howahkan Hotah 6 février 2015 12:16

    Surtout que si on regarde bien à fond le sujet, et bien tout l’argent du monde n’a strictement jamais rien fabriqué...même pas une baguette..rien, pepette,que dalle, nada, nothing, zilch, peau de balle......

    l’argent a été inventé par les voleurs du travail toujours nécessairement collectif ....il permet de voler les autres sans fusils et avec une violence qui se voit moins.....et encore on le voit bien aujourd’hui toutes les saloperies de guerres sont encore le fait de financiers ....

    qui sont de PURS PARASITES !!! du vrai travail..........

    ces gens n’ont jamais travaillé un seul jours de leur vie, jamais rien produit ..que dalle...
    Mais alors pourquoi se laisse t’ on plumer ?????????,

    Parce que il n’y a plus aucun collectif humain..........il n’y a plus que des raports d’interet personels mis en avant..

    ceci doit changer.....mais alors moi aussi ?? bien sur....et en profondeur...


    • THUNISSEN Paul THUNISSEN Paul 6 février 2015 17:35

      Il y a évidemment des collectifs qui font grève, qui réagissent, qui s’indignent. Quand on les interroge, ils ne veulent pas faire de la politique et ne veulent pas de récupération et ne sont absolument pas solidaires, et défendent leurs intérêts particuliers.


      La solidarité sera toujours supérieure à la somme des intérêts personnels.

      Les collectifs ne se rendent pas compte que toutes les décisions se prendront toujours au parlement qui continuera à ne pas les représenter.

    • eric 6 février 2015 12:49

      C’est assez amusant car le score de ce parti est sensiblement le même que celui que les sondages prévoient pour l’union UMP-UDI-Modem aux prochaines cantonales....http://election-departementale.linternaute.com/

      Mais en réalité, la victoire de cette coalition devrait être très largement supérieure puisque tous les partis de gauche ont dors et déjà appelé au désistement républicain lors des second tours qui devraient voir une floraison de duels FN/droite. Ce second parti rassemblerait en effet de l’ordre de 28%. Avec un PS à 18 et les autres gauches quelques part loin dessous, le vote républicain pourrait porter les votes pour la droite à quel pourcentage ? Difficile à anticiper. Cela sera encore plus large qu’aux municipales.

      Je ne sais pas si 36% cela donne le droit de ne pas payer ses dettes.

      Le raz de marée des droites poserait quand même très fort la question de savoir si un pouvoir aussi largement et systématiquement désapprouvé par une écrasante majorité des électeurs à bien les moyens politiques de mener quelque politique que ce soit.

      C’est une chose d’avoir une légitimité formelle, c’en est une autre de convaincre au quotidien des populations rétives d’embrayer.

      Je ne pense pas que l’on verra une alliance rouge brun en France à court terme comme en Grèce.
      L’UMP n’est pas rouge, et même Jospin a reconnu que voir du brun au FN c’était pour amuser la galerie.

      N’empêche : on va avoir de l’ordre de 70% des suffrages exprimés contre les politiques de gauche dans notre pays. En suivant l’exemple grec, des démocrates passeraient la main.


      • THUNISSEN Paul THUNISSEN Paul 6 février 2015 17:43

        Disons que la politique ne devrait pas avoir de couleur puisque les politiciens sont sensés travailler pour le bien commun, et non pour le bien exclusif des conservateurs (la droite) ou les démocrate(la gauche)


        Comme il est difficile de fédérer, le pouvoir de l’argent (les conservateurs) fait plier les épaules des gouvernements les plus fragiles. Ce fut le cas au lendemain des subprimes. Quand tout va bien les banques capitalisent, quand tout va mal elles font payer l’ensemble des citoyens.

        C’est parce que c’est tellement difficulté de fédérer que je me prononce en faveur du vote obligatoire, car dans le système français, les individualistes font payer un lourd tribu aux gens qui défendent un projet solidaire.

      • lsga lsga 6 février 2015 17:48

        oui, et comme le Bien Commun est un peu comme le bien unique : une chimère dépourvue de signification ; au final, tous les partis politiques travaillent pour leur propre bien.


      • Auxi 6 février 2015 20:20

        je me prononce en faveur du vote obligatoire


        C’est plus confortable que de se poser la question du « pourquoi » de l’abstention. Une tentation totalitaire qui fait tomber le masque : « nous vivons en démocratie parce que je te le dis, et ferme-là, et vote ! ».

        Qu’on se soit torché avec le résultat de certain referendum rejetant sans appel – 54 % ! – une certaine constitution européenne vous aura échappé. Que les « engagements » n’engagent que ceux qui y croient aussi. Vous vivez dans une grotte ? Si on force les gens à voter, en leur volant de l’argent au passage pour délit d’opinion – l’abstention exprime une opinion, que cela vous plaise ou non –, attendez-vous à quelques cadeaux du meilleur goût au dépouillement des votes forcés : kleenex usagés, voir PQ usagé, éponges gorgées de pisse, papier alu, enveloppes vides, photos porno…

        M’ont toujours fait rire – jaune – les « démocrates » du vote forcé. Des fascistes qui s’ignorent.

      • THUNISSEN Paul THUNISSEN Paul 7 février 2015 08:40

        C’est exact.... Mais nous sommes tous pareil. On ne s’informe que pour ce qui nous intéresse et tant pis pour le bien commun.


        L’information générale est une arme redoutable, la comprendre est indispensable, mais notre décision de réagir n’intervient que très rarement. La plupart du temps les gens disent : « que voulez-vus qu’on fasse ». Lorsque cela les touchera de près, il trouveront le moyen de réagir.

      • César Castique César Castique 6 février 2015 12:51

        « Grèce : victoire écrasante de la Gauche Radicale »



        A quoi ça sert de vider les mots de leur substance, en affirmant n’importe quoi, qui heurterait un gosse de dix ans ? 


        Et il est d’autant plus stupide de s’exprimer ainsi, que Tsipras est sans doute en train de payer, à Francfort et à Berlin, le caractère très relatif de sa victoire (36.6% des votants)

        • THUNISSEN Paul THUNISSEN Paul 6 février 2015 17:28

          Votre calcul est erroné : il obtient 149 sièges sur 300. En y ajoutant les 12 sièges des Grecs indépendants, il obtient la majorité absolue. 


          Il est vrai que pour aborder le projet de sortir de l’Europe, il peut compter sur cette coalition, toutefois, il y aura des compromis à faire quand on abordera le volet socio-économique.

          Par ailleurs, dans tous les pays d’Europe, l’industrie financière met petit à petit les Etats à genoux. Les grecs ont décidé de réagir. Nous les comprendrons mieux quand ce sera notre tour.

        • César Castique César Castique 6 février 2015 18:19

          « Votre calcul est erroné... »


          Parce que vous croyez que Juncker, Draghi, Merkel et Schaeuble ne lui pas fait remarquer, ou sentir, que 63.7 % des votants ne se sont pas prononcés pour son parti ?

          On n’est pas dans les calculs ici, mais dans la manière dont des gens perçoivent la situation.

        • tf1Groupie 6 février 2015 14:36

          avec un résultat de 36% pour Syriza et une abstention de 37%, cela veut dire que Syriza représente environ 23% des électeurs grecs ... wouah, victoire écrasante !!!!!!!!!!!


          • THUNISSEN Paul THUNISSEN Paul 6 février 2015 17:29

            Votre calcul est erroné : il obtient 149 sièges sur 300. En y ajoutant les 12 sièges des Grecs indépendants, il obtient la majorité absolue. 


            Il est vrai que pour aborder le projet de sortir de l’Europe, il peut compter sur cette coalition, toutefois, il y aura des compromis à faire quand on abordera le volet socio-économique.

            Par ailleurs, dans tous les pays d’Europe, l’industrie financière met petit à petit les Etats à genoux. Les grecs ont décidé de réagir. Nous les comprendrons mieux quand ce sera notre tour.

            • César Castique César Castique 6 février 2015 18:24

              « Votre calcul est erroné : il obtient 149 sièges sur 300. »


              Ressaisissez-vous, ce n’est qu’une majorité constitutionnelle, pas électorale. 

              On a droit à quoi en France, avec 36,6 % des voix ? Sûrement pas à la majorité absolue, et sans aller jusqu’à parler du « cas » du Front national...

            • BA 6 février 2015 23:52

              Après l’ultimatum de la BCE, voici maintenant l’ultimatum de l’Eurogroupe.

              Vendredi 6 février 2015 :

              La Bourse de New York a perdu près de 0,5% vendredi, plongeant dans le rouge en fin de séance après que Jeroen Dijsselbloem, président de l’Eurogroupe, a dit que la Grèce avait jusqu’au 16 février pour demander un prolongement de son programme d’aide, faute de quoi le pays risquait d’être privé de soutien financier.

              http://www.challenges.fr/finance-et-marche/20150206.REU9325/lead-1-wall-street-finit-en-legere-baisse-avec-la-grece.html

              En clair :

              Lundi 16 février, si la Grèce ne demande pas officiellement un prolongement de son programme d’aide, la Grèce n’aura plus aucun soutien financier de la zone euro.

              Et si la Grèce ne reçoit plus aucun soutien financier de la zone euro, elle sera obligée d’en sortir.

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