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Accueil du site > Tribune Libre > Grève des médecins, quelle santé pour demain ?

Grève des médecins, quelle santé pour demain ?

La grève entamée par les médecins généralistes et spécialistes, comme le mécontentement des urgentistes est une preuve des problèmes croissants que rencontrent les professions médicales. En effet, si la loi Touraine en a été le déclencheur, elle n’en est pas la seule cause, le malaise va au-delà et il est caractéristique d’un dysfonctionnement croissant qui risque de mettre en cause notre système en entier.

Les médecins se sont mis en « grève » suite à certaines dispositions de la future loi santé qui comprend notamment la mise en place du tiers payant (ils auraient à encaisser auprès des nombreuses mutuelles les paiements complémentaires) et la création d’une « carte d’installation ».

Au-delà de ces mesures, ce que craignent les professions de santé, c’est une main-mise progressive et un contrôle des mutuelles sur leur exercice et leurs prescriptions avec le risque à terme d’un système de santé à deux vitesses et d’une privatisation du système lui-même.

Autant la mise en place d’une carte des installations permettant d’assurer un maillage correct du territoire est devenue une nécessité devant les véritables déserts médicaux qui sont en train d’apparaître dans les zones rurales, autant il est difficile d’exiger des médecins la mise en place d’un système qui risque fort de leur poser de graves problèmes de logistique.

La tentation est grande désormais de vouloir instituer un mécanisme de contrôle de la médecine, car les déremboursements et la hausse des cotisations arrivent à un niveau qui ne pourra plus être supporté longtemps.

Il est vrai que le système de santé coute de plus en plus cher : alors qu’en 1965, les dépenses militaires représentaient 4 % du PIB, les dépenses d’éducation 6%, les dépenses de santé 4 %, en 2015, nous sommes à 1,5 % du PIB pour les dépenses militaires, toujours 6 % pour l’éducation, mais à près de 12 % pour les dépenses de santé.

L’on connaît les difficultés croissantes de financement que connaît le système, elles sont dues en grande partie à notre faible taux d’emploi : avec près de 20 % de chômeurs réels, ce sont autant de cotisations en moins. Inversement, le vieillissement de la population contribue largement à un besoin de soin croissant.

Alors que faire pour éviter la lente privatisation de notre système de santé ?

Tout d’abord rationnaliser sans rationner : l’on sait bien qu’à l’hôpital, l’on peut utiliser dans un service voisin les lits inoccupés à certaines périodes de l’année quand un service donné connaît une pointe d’activité (à condition qu’il s’agisse de soins qui puissent être facilement contrôlés par le service responsable). De même, les médicaments génériques permettent des économies réelles (à condition qu’ils soient identiques au médicament princeps) et les distribuer au nombre de pilules nécessaire éviterait de gaspiller inutilement.

Il existe donc des pistes qui doivent être explorées avec les professionnels du secteur en toute coopération afin de limiter la progression des dépenses.

Quant aux recettes, il est temps de se poser la question du financement de la Sécu : la CSG a permis de débuter un financement différent de celui des cotisations sociales, alors que désormais le système de santé profite à tous. Il serait sûrement aussi nécessaire d’étendre ce mode de financement, afin d’assurer la pérennité de notre système de soin.

Les français veulent continuer à pouvoir être soigné de manière correcte tout en ayant un système qui assure l’égalité de tous en permettant un remboursement décent. Toutes les pistes doivent donc être explorées pour assurer sa survie et éviter une privatisation rampante.  


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5 réactions à cet article    


  • Rmanal 7 janvier 2015 14:52

    Vous retardez hélas d’un train : le système de santé François ressemble déjà à celui des pays Anglo-saxons, par la volonté politique de l’UMP, mais aussi du PS et des médecins eux-mêmes, en diminuant notamment le nombre de lit dans les hopitaux, en dérégulant les tarifs des spécialistes, mais en ne touchant pas aux quotas etc
    Si aujourd’hui vous avez une présomption de maladie grave, inutile de prendre RDV avec un spécialiste conventionné à l’hôpital, vous aurez un RDV dans 6 mois/1 an, c-a-d que vous serez mort avant si la gravité est avérée. Seule solution : allez directement aux urgences hospitalière pour être pris en charge immédiatement, ou bien avoir du fric et une mutuelle et prendre un RDV dans une clinique. Dans le premier cas c’est stupide car vous engorgez les urgences, dans le second c’est une médecin pour les riches, à l’anglo-saxone. Dans les deux cas c’est bien ce qui se passe en France aujourd’hui. Et j’en ai eu la confirmation encore récente avec la découverte d’une tumeur au cerveau chez un membre de ma famille.
    Dans les pays Anglo-Saxons, on meurt d’une simple grippe si elle est foudroyante et que vous n’avez pas de moyens financier. En France cela devient aussi le cas. Et soyons clair les médecins sont aussi fautifs : d’un côté ils veulent pratiquer les tarifs qu’ils souhaitent et déréguler le marché, mais d’un autre ils ne veulent surtout pas payer pour leurs études, entendre parler de quotas ou de carte d’implantation géographique : le beurre et l’argent du beurre.
    Donc arrêtez de faire croire ou de pensez que cela n’est la faute que des politiques. En France si on est riche nos maladies sont détectées plus vite : c’est déjà un fait et ce sont les médecins qui le veulent (pas tous bien sûr).


    • howahkan Hotah 7 janvier 2015 15:10

      Nous sommes à une époque ou les habitants de la terre,pas tous bien sur, n’ont jamais eu autant de biens de toutes sorte a rendre le corps malade...bien malade..et d’acheter les médocs qui vont avec...

      il y a aussi ceux là ici, victimes de notre mode de vie compétitif...dont certains ici sur avox disent tout haut ce que hier ils en pensaient tout bas, du genre ils ont ce qu’ils méritent........apres on se demande pourquoi avox va couler bientôt...

      Une bonne place pour se protéger des fous serait aujourd’hui en psy quelque par à la campagne..

      une telle crise ne peut durer.....

      comment en est on arrivé a ce que absolument tout soit un problème ?????????,

      on ne sait pas ,mais on cherche des solutions....qui bien sur n’auront aucun lien alors avec les problemes et qui ainsi vont créer encore plus de problemes.......

      A ce stade l’humain qui n’a jamais eu accès à la solutions des problemes que sa pensée crée , va sans le savoir exactement là ou il faut aller : dans le mur.................

      je laisse cela en suspend........sans réponse à supposer que j’ai une idée.........
      il y a 10 000 ans aujourd’hui était previsible au détail prés pourquoi ?

      la aussi laissons la question en suspend....


      • Xenozoid 7 janvier 2015 15:17

        pour tous le monde, attendez les 1er arcticle sur l’attaque, contre la liberté de haire,ne comméttez pas l’horreur


        • Rincevent Rincevent 7 janvier 2015 17:56

          Mr Bugeau

          Taper un article derrière son clavier est une chose, aller faire un tour sur le terrain avant, c’est quand même mieux et de loin ! Si vous vous étiez aventuré un peu dehors vous auriez su que :

          1) La « chasse » aux lits dans les hôpitaux est organisée depuis longtemps. Les cadres infirmiers y sont formés et c’est une pression constante sur eux. Ça s’appelle l’hébergement et ce sont les médecins concernés qui se déplacent pour prendre en charge le patient en attendant qu’il y ait une place dans leur service.

          2) Les génériques : à la pharmacie, on vous propose systématiquement le générique, à vous d’être responsable. A l’hôpital, la puissance d’achat du pharmacien lui permet de négocier au plus bas coût, générique ou pas.

          A part ça, le jour où les médecins se retrouveront, comme aux États-Unis, face à des assurances privées qui leur dicteront comment, combien de temps et à quel prix ils doivent soigner leurs patients, on reparlera de leur liberté. A mon avis, ils regretteront la vieille Sécu...


          • foufouille foufouille 8 janvier 2015 11:45

            "la CSG a permis de débuter un financement différent de celui des cotisations sociales, alors que désormais le système de santé profite à tous. Il serait sûrement aussi nécessaire d’étendre ce mode de financement, afin d’assurer la pérennité de notre système de soin."
            ben voyons !

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Christophe Bugeau

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