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Accueil du site > Tribune Libre > Grève des transports : billets d’humeur

Grève des transports : billets d’humeur

Pourquoi tant de haine (13 novembre)

Courage, nous serons bientôt débarrassés du, paraît-il, dernier privilège existant en France : celui des régimes spéciaux. Mais pourquoi tant de haine, alors qu’il serait si facile, dans un contexte de défaite politique majeure à gauche, de réformer en douceur ?

C’est une conception du pouvoir vu comme la domination sur les autres qui est simplement en cause. Une bonne vieille lutte des classes.

Dommage que bien des citoyens (plus de 90 % de salariés) ne comprennent pas que s’ils sont pris en otage, expression horrible quand on pense aux vrais otages, c’est plutôt par un système économique et politique fou qui leur demande soit de travailler de plus en plus non pour gagner plus mais pour survivre et consommer ou de disparaître de l’espace public (cachez ces pauvres que je ne saurais voir comme dirait la très chrétienne Mme Boutin).

Ceci dit les suppôts de Sarkozy et bien des dirigeants socialistes sont plus dangereux que notre président lui-même qui a conservé le goût du politique. Eux ne sont plus intéressés que par la gestion (c’est si facile de gérer plutôt que de s’exposer aux risques de l’action), l’exclusion et la charité.

Une réforme injuste (14 novembre)

La réforme des retraites est triplement injuste.

1. Injuste parce que ne prenant pas en compte l’ensemble du problème en ne se limitant qu’à un seul indicateur : la durée de cotisation. Sont ainsi évacués le taux de cotisation et le taux de remplacement qui seuls permettent de mesurer l’effort demandé et le gain obtenu.

2. Injuste parce que ne prenant pas en compte l’âge réel de départ en retraite et le refus actuel des entreprises de maintenir dans l’emploi les salariés âgés de plus de 55 ans voire de plus de 50 ans ainsi que des nouvelles organisations du travail de plus en plus usantes.

3. Injuste parce que ne prenant pas en compte, au-delà même de la pénibilité, la différence de nature des activités rassemblées sous la dénomination travail : simple moyen de gagner sa vie, possibilité d’oeuvrer à construire un monde durable et habitable ou, plus rare, possibilité d’agir.

Prise d’otages, disent-ils (16 novembre)

Prise d’otages. Ce terme est scandaleux quand on pense aux vrais otages. Utilisation serait le terme juste. Utilisation par le gouvernement et par les syndicats. Logique puisque notre société de marché est basée sur l’utilitarisme. Chacun utilise l’autre. Le collectif n’intéresse plus personne... L’économie a tout gangrené y compris le politique réduit à la dimension de la domination sur l’autre. Analysé et décortiqué dès 1958 (!) par Hannah Arendt dans The Human Condition.

Usager ou client ? (16 novembre)

Étonnant la résurgence du terme usager chez les adeptes de la relation client-fournisseur et donc de la marchandisation généralisée. L’esprit de service public aurait-il survécu même chez les plus libéraux ?

Une remarque de bon sens (21 novembre)

Alors que les réformes (régressions) allongent la durée de cotisation, l’âge de départ effectif en retraite ne bouge nulle part en Europe du fait de la mise sur la touche généralisée des “senior” considérés comme inaptes à des organisations du travail de plus en plus usantes. C’est donc le niveau des retraites qui s’effondre dans le cadre d’une perte généralisée de pouvoir d’achat sauf pour les plus riches. Rien de cela n’est inéluctable. Il s’agit d’un choix politique non assumé et présenté comme une loi économique ou démographique. Cela rappelle de tristes temps...


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20 réactions à cet article    


  • TTO TTO 23 novembre 2007 12:10

    En complément le billet du 23 novembre

    Revenons sur l’utilisation du terme usager (23 novembre)

    Le terme Usager a été longtemps associé à Service Public. Il était employé au singulier par les défenseurs de ce dernier et symbolisait avec un grand U la grandeur de leur mission et l’absence d’esprit marchand qui y régnait . Les utilisateurs de ces services traités le plus souvent de façon anonyme se vivaient plutôt comme des usagés n’existant pas comme individus. Avec la mise en concurrence le terme client a pris le dessus en général au pluriel pour bien marquer la nécessité de répondre à des personnes bien réelles. Par contre ce double changement a eu pour conséquence une diversification importante des réponses appelées offres, un traitement de plus en plus marchand et donc très inégalitaire des clients éliminant progressivement l’intérêt collectif qui se cachait derrière le singulier de Usager

    La réforme des régimes spéciaux, absolument inutile au niveau économique voire même contreproductive, a eu pour seule justification « l’équité de traitement devant la retraite » (vaste fumisterie quand on connaît les détails techniques du dossier et comme devrait le démontrer le résultat concret des négociations). Les JT et politiques ont mis alors l’accent sur la prise en otage des usagers. Ce retour du terme usager n’est pas fortuit. Il permet de remettre au centre l’égalité de traitement dans les transports. Mais il le fait dans une situation négative, quand les usagers sont privés de l’aide que leur apportent les transports en commun pour aller travailler. Par contre dans une situation positive on voit réapparaître les clients et leur inégalité de traitement comme le démontrait tous les jours la direction de la SNCF par ses choix de lignes desservies : par ordre Eurostar, Thalys, TGV vers et de Paris, Transiliens, TER, et enfin TGV de province à province (aucun pendant toute la grève).

    Je reviendrai prochainement sur ce point dans l’analyse que je poursuis sur la mise en œuvre de l’idéologie de la concurrence libre et non faussée dans la construction de l’Europe.


    • Francis, agnotologue JL 23 novembre 2007 14:59

      Très pertinente votre question réponse : «  »Usager ou client ? : Étonnant la résurgence du terme usager chez les adeptes de la relation client-fournisseur et donc de la marchandisation généralisée. L’esprit de service public aurait-il survécu même chez les plus libéraux ?«  »

      Le pouvoir qui navigue à vue brouille toutes les repères aux regards des observateurs que nous sommes pour cacher ses errements : et il erre parce qu’il n’a aucune vision cohérente à long terme.

      Depuis l’omni-présence de Nicolas Sarkozy dans les médias les mots n’ont plus de sens.


    • Francis, agnotologue JL 23 novembre 2007 14:50

      Très bonne analyse qui vient étayer ce qui a dénoncé sur ce que l’on cache aux citoyens dans cette affaire.

      Il est clair que l’objectif du gouvernement dans la conjoncture actuelle de sous emploi n’est évidemment pas de faire travailler plus mais de rémunérer moins. La vraie supercherie c’est d’en appeler à de belles considérations humanistes – équité, allongement de la vie, valeur travail, réformes - pour commettre l’un des plus scandaleux détournements de sens et de biens de notre histoire nationale.


      • TTO TTO 23 novembre 2007 22:40

        Relisez mon premier commentaire.Vous y trouverez des éléments voisins des votres mais dans une perspective un peu différente.


      • Saï 23 novembre 2007 15:15

        Un régal pour gourmets de la désinformation.

        Allons, de qui se moque-t-on ? Que pèse réellement la réforme de ces fameux régimes spéciaux ? Celle-ci est d’ailleurs tout à fait discutable dans sa conception et on peut y voir une forme d’injustice comme vous l’avez souligné.

        Mais un peu d’honnêteté : on ne s’offre pas 10 jours de paralysie nationale pour un morceau de réformette. L’agitation actuelle n’est que ce troisième tour social prévu de longue date et largement instrumentalisé, entre étudiants et cheminots, par une frange extrémiste aux intentions que seul les doux illuminés parviennent encore à qualifier de démocratiques.

        Et de franchir allégrement le pas vers le retour de la vengeance du complot de confiscation nationale au profit d’une élite pendant que le bon peuple se meurt à petit feu... ou quand l’autoproclamée contre-information citoyenne patauge dans le scénario de série B sur la foi de présupposés idéologico-stratégiques... Dommage.

        En toute franchise TTO, je préfère vos réflexions sur le journalisme citoyen et son développement à ces envolées politisées qui n’appréhendent que partiellement la situation afin d’y valider un regard partisan. Et comme l’a justement souligné un autre auteur récemment, la vraie guerre des retraites elle, commence en 2008.


        • TTO TTO 23 novembre 2007 17:37

          Encore la théorie du complot...Typique d’une approche binaire. Cf. ci-dessous.  smiley


        • Stephane Guezenec Stephane Guezenec 23 novembre 2007 15:20

          « Analyse » ? Où ça ? Citer Hannah Arendt pour justifier les 37.5 années de cotisation contre les 40 du commun des mortels... Pourquoi pas Platon ou Pline l’Ancien ? Tous ceux qui s’imaginent que l’allongement de la durée de vie est un complot sarkoziste devrait quitter le pays de Candy et regarder les choses en face. Je ne sais plus s’il faut en pleurer ou en rire franchement.


          • TTO TTO 23 novembre 2007 18:13

            Dois-je vous prêter une paire de lunettes pour lire mon article ou êtes vous borgne ?


          • naudin 23 novembre 2007 16:47

            Usager ou client : en deux mots on a en fait un choix de société à faire.

            La France : dernier « pays de l’est » ?


            • TTO TTO 23 novembre 2007 17:35

               smiley Curieux comme certains sujets sont révélateurs d’une pensée binaire. La pensée binaire rend borgne en ne permettant de ne voir que d’un oeil à la fois. Plus de relief et conséquence mauvaise estimation des obstacles. Ce que nous démontre notamment cette grêve c’est que les transports en commun doivent être vus avec les deux yeux : usager et client. Usager pour garantir, ce à quoi ne suffit pas la logique tout marchand, le service indispensable à l’activité de chaque travailleur. Client pour assurer la diversité des réponses. L’ouest ne va pas sans l’est, ni le nord sans le sud. Deux sujets avaient été aussi révélateurs de mode de pensée hémiplégique : les 35 h et le traité constitutionnel. A suivre...


            • Le péripate Le péripate 23 novembre 2007 18:01

              Bientôt 30 ans que l’on martelle quotidiennement de pseudos vérités....

              Alors, se contenter de seulement dénoncer les manipulations ne peut plus convaincre les esclaves volontaires.

              Il faut mettre en évidence le projet sous-jacent : le projet ploutocratique.

              Ou alors faire un pas de côté.


              • Yohan Yohan 23 novembre 2007 22:08

                Moi ce que je vois, ce ne sont pas des « usagers » mais plutôt des « usagés », sur lequel ces messieurs du train s’essuient les pompes avec désinvolture et qu’ils jettent comme tel...


                • TTO TTO 23 novembre 2007 22:37

                  Vous semblez ne m’avoir lu qu’à moitié. J’ai moi-même utilisé le terme usagés mais dans une version moins binaire.  smiley


                • chris11 23 novembre 2007 22:16

                  Il y a quand même quelque chose de très étonnant,c’est que l’on a jamais évoqué les sources possibles de financement... Et pourtant en france il y en a de nombreuses à commencer par le patronat !!!


                  • TTO TTO 23 novembre 2007 22:35

                    Il semble en effet que le paramètre taux de cotisation patronale soit intouchable. Vu l’évolution très favorable du capital par rapport au travail la source de financement est bien là. Mais ne le dites pas c’est « archaïque ».  smiley


                  • hurlevent 25 novembre 2007 22:11

                    La France est le pays du monde où les charges patronales sont les plus lourdes. Vouloir les augmenter encore plus ? C’est complètement idiot.


                  • TTO TTO 26 novembre 2007 08:31

                     smileyLe couplet sur les charges trop lourdes tourne à la rengaine et sert d’alibi en l’absence d’arguments. Les nombreuses mesures d’allègement des charges prises par les gouvernements de droite comme de gauche n’ont eu qu’un seul résultat : renforcer la rémunération du capital et faire baisser le pouvoir d’achat des salaires. Par ailleurs le COR (comité d’orientationdes retraites) propose à charges égales de transférer une part des cotisations chomages vers les cotisations vieillesse. L’économie est au service de l’homme et non l’inverse. Ceci dit si personnellement vous souhaitez passer votre vie à la gagner et à consommer...c’est votre droit mais ne l’imposez pas aux autres.


                  • hurlevent 26 novembre 2007 21:29

                    Votre haine du libéralisme vous aveugle.

                    Ce n’est pas en augmentant sans arrêt les charges des entreprises que l’on rend l’économie au service de l’homme. Dans les pays où les charges sont faibles, le taux de chomage est plus bas, et les salaires sont plus élevés (exemple : R-U, USA) : c’est là que l’économie est au service de l’homme.


                  • TTO TTO 26 novembre 2007 22:40

                    Pour compléter votre tableau des USA : le système de santé est le plus cher et le plus inefficace et le taux de pauvreté le plus important. Quant au chomage la France sera au même niveau bientôt ce n’est qu’une question de travail sur les chiffres. Ceci dit les libéraux américains ont un avantage à mes yeux : ce ne sont pas en général des idéologues du marché et de la concurrence comme en Europe. Il est vrai que l’idéologie est une spécialité européenne. On en a vu les effets monstrueux avec le nazisme et le stalinisme. C’est la logique d’une idée poussée jusqu’à son terme qui refuse de voir dans la réalité ce qui ne correspond pas à son modèle et construit un monde fou..Je ne suis pas inquiet avec les USA, ce sont les libéraux européens qui m’inquiètent avec leur vision totalitaire de la concurrence libre et non faussée...


                  • wesson 24 novembre 2007 16:46

                    Bonjour, vous pouvez rajouter à ce tableau pourtant déjà bien noir les syndicats qui appellent à la reprise du travail et les chaines qui passent en boucle des reportages sur l’exaspération des usagers, tout cela avant même que la grève ait commencée.

                    Il fallait oser quand même.

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