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Grèves et blocages ? Vers une nouvelle éducation

Il convient, au plus vite, de réunifier les deux ministères de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur, peut-être entre les mains d’un homme nouveau qui, à mon sens, pourrait être, par exemple, Bernard Tapie.
 
Examinons un instant ce qui s’est passé dans la plupart de nos universités durant l’année 2009 en particulier. Durant ce qu’on appelle, dans le très singulier calendrier universitaire français, le second « semestre » (ailleurs la période qui va de février à mai constitue, en gros, un trimestre, ce qui n’est pas sans poser quelques problèmes dans le processus dit "de Bologne"), suite aux grèves et blocages de toutes natures, il n’y a, pour ainsi dire, pas eu de cours. En mai 2009, les choses se sont soudain un peu arrangées, par hasard pour ne pas dire par miracle. Peut-être les premières chaleurs, signe de l’approche des vacances d’été comme la ferme intention manifestée par les personnels administratifs, techniques et de service ( les ATOS dans l’idiome universitaire) de ne pas laisser les mouvements revendicatifs des enseignants et des étudiants changer quoi que ce soit à leurs dates de vacances, n’étaient-elles pas totalement étrangères à ce soudain et si opportun apaisement des esprits ?
 
Toujours est-il que trois bons mois de cours et plus d’un gros mois d’examens ont pu être miraculeurement logés en deux ou trois semaines au plus, les examens s’achevant même, dans bien des cas, plus tôt que durant une année normale. Certes, tant sur le plan des « rattrapages » d’enseignements (trois mois ont été « rattrapés » en quelques heures au mieux car, fatigués par les mouvements sociaux de l’année, ils étaient hors d’état de courir très vite) que sur celui des examens eux-mêmes, qui ont été le lieu d’expérimentations du plus haut intérêt pédagogique. Ainsi, souvent, un nombre important d’épreuves, qui se déroulaient dans le passé en trois ou quatre heures, avec parfois des oraux, ont été avantageusement remplacées par une épreuve unique, dont les résultats pouvaient même parfois, en outre, faire l’objet d’une procédure démocratique d’appel de la part de très éventuels recalés.
 
Bref, sans entrer dans un détail que couvre le secret de défense nationale universitaire, on peut dire qu’il y a eu là une série d’innnovations majeures, tant sur le plan de l’enseignement que sur celui du contrôle des connaissances ; elles devrait inspirer les autorités dans une réforme universitaire qu’elles ont courageusement mais maladroitement engagée. L’extension et la généralisation de telles procédures permettraient assurément d’aller même très au-delà des suppressions de postes qu’envisage le gouvernement ; l’année universitaire pourraient être réduite ; deux semestres tenant désormais en deux mois, on pourrait, dans le cadre du système LMD (Licence-Maîtrise-Doctorat), loger tout le cycle de la licence, qui s’étalait auparavant, on ne sait trop pourquoi, sur trois ans, entre les mois de septembre et de mai de la même année, avec six semestre (deux par année de licence) d’un seul mois chacun. « Yes we can ! » comme dit le slogan à la mode !
 
Mais on peut se demander aussi s’il ne faudrait pas, dans le même mouvement et dans un esprit identique, étendre ces stratégies de réformes pédagogiques à l’enseignement secondaire, ce qui fonde et justifie ma suggestion de réunir, comme ce fut le cas dans le passé, en particulier avec Lionel Jospin comme ministre, l’éducation nationale et l’enseignement supérieur.
 
En effet, les grèves, blocages, manifestations et troubles divers survenus durant l’année 2009 dans les lycées avaient suscité des inquiétudes chez nombre d’observateurs, de parents et de candidats à propos des épreuves du baccalauréat, dont on craignait que les résultats ne fussent (ça vous épate !) compromis ou, en tout cas, abaissés par ces circonstances fâcheuses. Comme vous le savez, il n’en a rien été et un nouveau record a même été établi avec 88,8% de reçus pour les filières générales et 86% sur l’ensemble, les élèves des filières technologiques ne réussissant qu’à 79,7%, ce qui, à mon sens, mériterait attention
 
Réjouissons-nous avec les reçu(e)s, mais ne devrait-on pas, comme pour les universités, tirer les leçons de tels événements, même si les instructions ministérielles aux correcteurs et aux jurys y sont sans doute pour quelque chose aussi ? Il ne vous aura sans doute pas échappé que, non seulement le pourcentage de reçus a atteint cette année un niveau record, mais les mentions, y compris et surtout les mentions « très bien », rarissimes dans un passé pas si lointain, sont en 2009 très nombreuses.
 
Non seulement il y a plus de bacheliers, mais ils sont bien plus brillants. Dans la seule académie de Toulouse, on compte 395 mentions « Très bien », soit 5% des candidats présentés. Hommage doit être rendu ici au Lycée Louis Payen de Saint Paul à la Réunion ; les 19 élèves d’une classe terminale de cet établissement y ont certes été tous reçus (ce qui est devenu banal), mais 16 d’entre eux ont eu la mention « Très bien ». Mieux encore, l’un d’entre eux, Julien Cravero a obtenu cette mention suprême avec une moyenne de 20,78 sur 20 (par le jeu des options facultatives) !
 
Là aussi le nouveau ministre d’une nouvelle éducation nationale devra impérativement tirer les vraies leçons de cette année 2008-2009, qu’on a, pu juger, bien à tort, troublée et qui s’avère, au contraire, riche tant de succès que d’enseignements. Va-t-on enfin, forts de ces expériences, sortir des sempiternelles réformettes et des ridicules aménagements de détail pour s’engager dans la voie prometteuse d’une véritable révolution culturelle éducative, qui permettra non seulement d’alléger les horaires, mais surtout de réduire, de façon drastique, des volumes d’enseignements manifestement inutiles et, par là, le nombre des enseignants sans doute frappés du même défaut.

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4 réactions à cet article    


  • plancherDesVaches 15 juillet 2009 15:02

    Afin que les commentaires fussent présents sur votre article, il aurait été judicieux que vous soyez plus explicite.

    Et... méfiez-vous.
    D’ici que votre idée arrive aux oreilles du Notre Président, nous sommes bon pour une « éducation à l’américaine ».
    Performante, par ailleurs. Car c’est le pays dans lequel le plus d’anciens élèves vont .... en prison.


    • jak2pad 16 juillet 2009 00:59

      usbek, bravo,et plus que bravo !

      j’applaudis des deux mains, et les esprits chagrins n’y feront rien : c’est brillant, c’est (malheureusement) la réalité, et je suis d’accord avec vous : l’homme de la situation, c’est Bernard Tapie.

      Il me paraît beaucoup plus qualifié que Jack ( Lang), beaucoup plus séduisant que Luc(Ferry), et certainement plus glamour que Xavier ( Darcos)
      également plus malin que l’actuel Ministre de l’Educ, j’ai oublié son nom, et d’ailleurs y en at-il encore un ? à quoi cela sert-il ?

      votre analyse est triste, mais exacte, et nous en sommes arrivés là, d’un commun accord, et après une bonne vingtaine d’années d’efforts.
      C’est notre enfant, il faut le porter.

      Le mieux ne serait-il pas d’arrêter tout cela, et d’essayer de faire quelque chose de nouveau ?

      Cordialement


      • la fee viviane 16 juillet 2009 11:32

        vous êtes vous penché un tant soit peu sur le niveau réel des bacheliers 2009 ? Et les correcteurs ceux qui ont si bien recompensé ces brillants élèves, ont-ils eu des remords de noter plus souplement des sujets, surtout en philosophie (c’est ma partie) qui volaient juste au dessus des pâquerettes ? Quant à l’orthographe, si on notait au poids des fautes de toutes sortes, les résultats seraient hors du commun !! Plus aucun élève de terminale L n’écrit la langue correctement et je ne parle pas du vocabulaire !! Le français fout le camp, ses subtilités, sa richesse, quant aux mentions, c’est le ministère qui décide !! Alors, bien sûr on peu tout faire, y compris nous faire prendre des vessies pour des lanternes, mais à ce jeu, on se brîle les ailes. Il est crai que l’on pourrait supprimer aisement la philosophie des matière au bac, les trader et exploiteurs en tout genre n’ont pas d’état d’âme, heureusement pour eux. Comment un être humain normalement constitué, intelligent, peut jouer en bourse sur la valeur de la tonne de blé, soja, maïs, sans penser une seconde que d’un clic de souris il envoie à la mort des millions d’autres êtres qui ont eu le malheur d’être mal né ?


        • usbek 17 juillet 2009 12:13

          Je ne sais pas comment répondre aux commentaires. Peut-être est-ce là le lieu des commentaires plus que des réponses aux commentaires. On s’interroge sur le sens de cet article qui me paraît pourtant clair !

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