Grippe A : Entre interrogation et faux débat

Question éternelle de la rentrée...
Le gouvernement a-t-il raison d’en faire trop ?
Est-ce raisonnable de se munir d’environ 100 millions de doses de vaccins (dont on ignore véritablement les effets secondaires) ?
Nous ne serons pas de ceux qui pensent que le coût injecté pour ce qui n’est aujourd’hui que l’illusion d’une pandémie (en France), est inacceptable.
Nous n’aurons pas non plus le leitmotiv de l’infatigable et parfois ridicule Frédéric Lefebvre qui compare la canicule de 2002 et le plan grippal d’aujourd’hui. Ayant pour seule idée de crier haut et fort que le gouvernement agit comme il faut, prenant en compte l’ampleur potentielle des dégâts.
Non, nous pensons évidemment qu’il est toujours mieux d’en faire trop, plutôt que pas assez, dès lors qu’il s’agit de prévoir quelque chose d’imprévisible.
Mais, le débat, s’il n’est pas dans les moyens que l’on met pour déplorer le moins de morts possible, est ailleurs.
En effet, les politiques et autres commentateurs de cette grippe avant tout médiatique oublient de préciser certaines choses.
On peut louer les efforts gouvernementaux tant que l’on veut, mais il n’en reste pas moins que 2 problèmes restent en suspens.
Le premier, c’est la capacité des dirigeants français à ignorer les ravages que peuvent entraîner la pandémie dans les pays du Sud.
Aujourd’hui, 90% des vaccins en production ont été achetés par anticipation par les pays riches.
Mais 96% des décès dus à la pandémie devrait se produire dans les pays en voie de développement (d’après les études de la fondation Bill Gates).
Le professeur d’immunologie à Paris, Jean-claude Ameisen, ajoute même que le virus « H1N1 est avant tout une maladie de pauvres ». Entretenue et aggravée par les conditions de santé, de travail et d’hygiène des pays du Sud, qui payeront en plus de cela leur manque d’infrastructures sanitaires.
Il faut espérer que les pays riches écouteront l’OMS qui leur a demandé de donner 10% de leur vaccin aux pays pauvres.
La seconde question en suspens est de savoir s’il est judicieux ou pas de proposer (obligatoirement ou non) un vaccin qui pourrait, en guise de seconds effets, paralyser tous les membres d’un individu..
Enfin, face à la rhétorique de Lefebvre, lorsqu’il dit que l’Etat ne peut pas faire mieux, l’on peut rappeler certains points qu’il omet de préciser.
Aujourd’hui si la pandémie venait à toucher véritablement la France, les hôpitaux n’ont pas les moyens (en termes de place et de personnels) d’assurer la continuité des services de l’Etat. Et ce, d’autant plus si le personnel hospitalier est lui aussi touché par la grippe.
Alors, Lefebvre, qui vante les mérites de la politique de son maître, pourra et devra préciser que la réforme gouvernementale (qui vise à ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux) et la loi hôpital patient territoire, à peine votée, aggravera considérablement la crise, si elle venait à se déclarer.
Il ne reste qu’à espérer une chose : Ne pas savoir si les vaccins, fabriqués à la hâte, nous ferons regretter une simple pandémie.
Il ne reste qu’à souhaiter une chose : Que cette crise fasse prendre conscience qu’un pays qui n’est pas capable d’avoir des services publics de qualité est un pays qui ne peut qu’avoir beaucoup de crises à déplorer.
D.Perrotin
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