Grippe H1N1 : Le problème c’est l’absentéisme

On va me dire que j’exagère ! Et bien, dans ce cas, veuillez lire pour commencer, cette circulaire de la direction générale du travail qui dépend du ministère du travail. Elle porte le nom DGT 2009/16. C’est un PDF de 20 pages, sorti le 3 juillet 2009, donc en pleine période de trêve estivale. Ce sont donc les services du ministère du travail, l’inimitable Xavier Darcos, le social de l’UMP. Cette directive est adressée aux préfets, aux directeurs régionaux ou départementaux du travail. C’est à dire à l’administration qui gère entre autre les conflits du travail, et l’inspection du travail, vous savez ces milliers centaines d’inspecteurs...

Voici donc quelques extraits de cette circulaire.

Page 8 on vous explique un principe simple, qui permet de comprendre tout ça, toutes ces histoires compliquées.

il a été suggéré d’élaborer des plans de continuité (du travail) sur la base de plusieurs scénarios d’absentéisme...

Le problème c’est donc l’absentéisme, pas la santé des travailleurs ni la propagation de virus dans le cadre du travail. Dans le cas des enfants on va fermer crèches, écoles, collèges et lycées. Pour les entreprises, il n’en n’est pas question. Aucune estimation du coût sanitaire pour la nation bien sûr, ni du risque de propagation du H1N1/2009 dans des entreprises.

Page 10 de la directive, on rappelle que l’employeur peut décider de vous forcer à faire des heures supplémentaires. Logique : des salariés sont malades. Du coup, comme le rappelle la directive l’employeur pourra procéder à l’augmentation du volume horaire par des heures supplémentaires, augmentation des taches à effectuer sans s’écarter des obligations contractuelle par décision unilatérale de l’employeur (le refus du salarié sauf s’il est protégé, constitue une faute pouvant justifier le licenciement). Travailler plus pour gagner plus , vous vous en souvenez ? Et bien là c’est simple, si vous ne voulez pas faire d’heures supplémentaires c’est la porte, licencié pour faute.

p 10 : On découvre l’aménagement du temps de travail en cas d’épidémie, très pratique en cas de travaux urgents (sauvetage ou prévention d’accidents) après consultation (sic) des IRP et information (sic) à l’inspection du travail. Consulter et informer, ce n’est pas du tout demander l’accord. D’après vous qui va fixer l’urgence ? Et voici la liste des choses possibles :

• Suspension du repos hebdomadaire ( de 35h consécutives : 24 heures de repos hebdomadaire + 11 heures de repos quotidien ). C’est à dire en règle générale le Week-End. La grippe dans le coin, allez zou, vous travaillerez le week-end et sans doute au même prix.

• Dérogation au repos quotidien de 11 h consécutives. Vous aviez 11 heures pour rentrer chez vous, vaquer à vos occupations, manger, dormir et repartir au travail. Allez zou, avec H1N1/2009 dans le coin, ça libéralise tout ça.

• dépassement de la durée maximale quotidienne de 10 h : Et oui, travailler plus de 10h par jour, ça devient possible.

• dérogation de la durée maximale quotidienne des travailleurs de nuit (8h). C’est con de ne pas en profiter par ce qu’en hiver les nuits sont plus longues, voilà le pragmatisme à la sauce néo-con.

Sur autorisation administrative :

• dérogation a la durée maximale moyenne hebdomadaire ( durée de 46h possible par accord collectif suivie de décret)

• Dérogation a la durée maximale hebdomadaire absolue de 48h dans la limite de 60h ( vive le droit UE :p)). En cas d’épidémie H1N1/2009 voilà la nouvelle durée du travail, fini les 35h et la société du loisirs, voilà la fièvre du travail : de 48 a 60h de travail hebdomadaire, rappelez vous dans l’urgence.

Me direz vous , il faut demander à l’inspection du travail ? mais il a été demande a l’administration du travail de faire preuve de souplesse et de réactivité face aux demandes des entreprises. C’est ce qu’on lit page 11. De l’urgence d’un coté, de la souplesse de l’autre. Devinez qui va se taper l’urgence et qui va tester la souplesse ?

p 12 : On vous précise que le prêt de salarié est autorisé à cause du "fonctionnement dégradé de l’économie". Qui définit ce fonctionnement dégradé de l’économie ? Allez zou à partir de demain tu va travailler chez Machin truc a 15 km d’ici, tu as rdv à 9h du matin chez eux pour les détails et tes nouveaux horaires du week-end : c’est urgent tu sais.

Salarié , tu reviens d’une zone à risque ( sans précision géographique) ? Ton employeur peut procéder à une suspension pendant 7 jours de ton contrat de travail ( p17). Vous pensiez que les zones à risques sont l’étranger, comme le Mexique ou les cochons grouikent en toute liberté ?

Et bien non, regardez cette carte du réseau sentinel : N’importe quel patron MEDEF ou CGPME pourra dire que tout ce qui n’est pas vert est une zone à risque.

Page 19 : on vous explique que "le droit de retrait est suspendu si l’employeur à mis en œuvre les dispositions prévues par le code du travail et les recommandations nationales( de Bachelot) et s’il a informé, et préparé le personnel" . Tout ça sous les recommandations de Roselyne Bachelot venue présenter la 43e version du plan sur le plateau de Michel 2-niais-sot.

Donc si lors de l’épidémie vous êtes confronté à un voisin de bureau qui tombe par terre en toussant, crachant, vous devrez rester à votre poste si les consignes "nationales" de Roselyne Bachelot sont respectées . Espérons que les climatisations et autres chauffages par air pulsé seront propres... et que tout le monde se sera lavé les mains.

Vous le voyez, le H1N1/2009 crée les conditions d’une libéralisation expérimentale à outrance du droit du travail. Il ne manque plus que d’accuser les syndicalistes de propager le H1N1 pour avoir un package complet.

Rajoutons à ça, les odieuses idées de "régulation grippale" de la Justice dans ce pays, et dénoncée par des avocats et le syndicat de la magistrature. En effet des projets de textes modifiant l’organisation et le fonctionnement de la justice ont été transmis, dans le plus grand secret, aux chefs de cour en juillet 2009.c Ils prévoient notamment, pour un délai de 6 mois (durée de l’épidémie normale) renouvelable une fois (youpi, voilà le retour de la grippe saisonnière H1N1/2009 ou version 2010 ayant muté avec des cochons ou des lapins hystériques : Tout est possible. Voici donc ce qui devient possible :

•  Faire juger les mineurs par le tribunal correctionnel, au mépris des principes constitutionnels et internationaux en la matière  ; Frocément on va pas les concentrer dans des trucs pour enfants, pire qu’une crèche en terme de "contagion".
  
•  De confier toutes les audiences pénales à un seul magistrat, en violation du principe de collégialité ; On ne sait pas si les fonctionnaires pourront être eux aussi touchés par les 48 a 60 heures hebdomadaire de la crise grippale.
  
•  de remettre en cause la publicité des débats, en prévoyant la possibilité de généraliser le huis clos ; Un éternuement pourra-t-il être considéré comme outrage à Magistrat ?
  
•  de réduire les droits des personnes gardées à vue, en particulier celui de s’entretenir avec un avocat qui pourrait être inexplicablement différé à la 24ème heure  ; Et pour les détenus à 4 dans 10 m^3 ? Que va-t-on faire ?
  
•  de prolonger les délais de détention provisoire de 4 à 6 mois, sans audience ni débat devant le juge des libertés et de la détention qui statuerait sur dossier ; Grandiose dans ce cas là les détenus pourront se refiler le H1N1/2009 ou d’autre saloperies plus violentes.
  
•  de suspendre tous les délais de prescription.
  

Tout cela a été démenti mollement par Alliot-Marie.

On le voit dès que l’épidémie sera déclarée, tout ça va permettre des évolutions de nos pratiques sociales en période d’épidémie, et plus celle-ci durera et plus elle sera intense, plus l’expérimentation sera pratique pour la suite. On entendra des discours expliquer que lors de cette période très difficile ces solutions pragmatiques et modernes ont permis de résister.

Maintenant posez vous une question : Chaque année la grippe saisonnière fait plusieurs milliers de morts en France. Et ce aussi bien en 2005 ou 2006 (année de la terrible grippe aviaire qui devait déjà mettre le pays à feu et à sang). D’après vous ces décès seront-ils comptabilisés à part ? victimes de la grippe saisonnière ou du H1N1/2009 ? Surtout que des spécialistes nous expliquent que la grippe saisonnière de 2008 a des similitudes avec le H1N1/2009.

la grippe saisonnière est en plus sous-estimée : "Le poids de la grippe saisonnière en terme de mortalité est d’environ un patient infecté pour mille, parce que l’on ne compte pas chaque décès", selon le professeur Bruno Lina. On comptera par exemple 2.000 décès pour une grippe frappant 2 millions de personnes. Tout ça c’est la grippe ordinaire, saisonnière.

On va donc avoir un gros doute sur les chiffres communiqués. En effet comment différencier les décès des deux grippes ?

En plus un truc très étrange : à la Télé on vous dit que les symptômes de la grippe sont entre autre une fièvre de 38°C. Voici le clip de communication de l’INPES. Tout cela a du être validé par le ministère de la Santé, donc par Roselyne Bachelot.

Or pour le réseau sentiWEB qui surveille tout ça avec remontée de statistique de médecins, ce n’est pas la même chose : Il précise : fièvre supérieure à 39°C. Ca change beaucoup de choses, ceux qui ont eu la grippe (version 2005/2006) comme moi savent que le degré d’écart vous fait passer un sale quart d’heure et du syndrome grippal à la grippe qui vous colle au lit pour quelques temps, vous fait passer de sueur à grelots, vous empêche de rester debout.

Mais là j’ai comme un doute : Avec tout ça les symptômes grippaux vont apparaître en grand nombre, pratique pour déclarer l’épidémie... Et je vous demande de vous rappeler aussi que les néo-conservateurs utilisent des peurs, ou créent des ennemis pour mieux avancer et conserver le pouvoir, ici l’ennemi est invisible et mesure environ 100 nm, c’est le H1N1/2009.

Pratique tout ça pour expérimenter des solutions provisoires ... non ?