Grosses mobilisations en cours pour les arbres et les forêts
Ici, au grand dam des habitant.e.s, on coupe des arbres en ville, ailleurs c’est une coupe rase, après ce sont des plantations mono-spécifiques – certains osent appeler ça des forêts - qui sont ravagées par les scolytes, encore ailleurs, c’est l’incendie, la forêt n’est pas suffisamment entretenue, les moyens de lutte sont insuffisants… Nous sommes de plus en plus nombreuses et nombreux à ne plus accepter qu’on traite mal les arbres et les forêts. Nous sommes de plus en plus nombreux à nous offusquer et à nous mobiliser.
Un slogan et un écureuil sont apparus
Venu comme ça… comme tombé du ciel dans le cadre de la lutte pour la sauvegarde de la forêt pyrénéenne – touche pas à ma forêt - l’écureuil pas content[1] a bonne allure et commence à se faire connaître. Il dit « touche pas à ma forêt » mais il ne s’adresse pas à tout le monde.
L’écureuil pas content s’adresse aux extractivistes. A ceux là qui ne voient dans la nature, que des ressources dont on peut tirer profit à court terme. A ceux qui pensent qu’on n’a qu’à se baisser et se servir, que tout ce qui est là, sur la planète, est à nous et qu’on peut en faire ce qu’on veut… que ça nous appartient, tout ça, à nous, les humains.
L’écureuil pas content s’adresse aux amateurs de coupes rases qui semblent, malgré les beaux discours sur la biodiversité et le respect du vivant, aussi nombreux, dans notre beau pays de France, qu’il y a cinquante ans.
L’écureuil pas content s’adresse à ceux qui font de la monoculture sans que ça ne leur pose aucune question sur le choix qu’ils font en faisant cela… un choix entre la vie et la mort.
L’écureuil pas content s’adresse à ceux qui font des ornières grandes comme ça, dans les beaux sols forestiers qui mettent tant d’années à se former et peuvent se défaire en quelques heures.
L’écureuil pas content s’adresse à ceux qui déversent des tonnes de pesticides en forêt avec le sentiment que ça pourrait encore durer des années.
L’écureuil pas content s’adresse à ceux qui ont cédé à la barbarie du chiffre. A ceux qui comptent combien ça rapporte d’argent et ne voient rien d’autre.
L’écureuil pas content s’adresse à ceux qui ne voient pas combien c’est horrible de mettre d’énormes engins métalliques, toujours plus lourds, plus bruyants, plus encombrants, plus rutilants… dans les beaux massifs forestiers où c’est la paix et la tranquillité qui règnent, où tout est harmonie, et nous fait du bien.... « Il faut aller doucement avec les arbres, ils sont nos amis », voilà ce qu’il dit l’écureuil pas content.
L’écureuil pas content, il demande juste qu’on fasse un peu attention.
Elles et ils peuvent toucher la forêt
L’écureuil pas content ne s’adresse pas à ceux qui voient à long terme et qui sont d’accord pour qu’on sorte du bois des forêts mais pas sans y apporter de multiples précautions.
L’écureuil pas content ne s’adresse pas aux amoureux des arbres et des forêts qui sont de plus en plus nombreux parce qu’ils sentent les liens qui existent entre nous, nous tous les vivants, et savent combien sont précieux les arbres, quand c’est la biodiversité qui s’effondre et le climat qui se réchauffe.
L’écureuil pas content ne s’adresse pas celles et ceux qui se sentent responsables de leur territoire dans le long terme et qui savent trouver au fond d’eux, cette nécessité qu’ils éprouvent de léguer des belles forêts riches et vivantes à leurs enfants.
L’écureuil pas content ne s’adresse pas celles et ceux qui font l’école dans les bois.
Les militants de la lutte pour la forêt pyrénéenne disent : « touche pas n’importe comment à ma forêt », ils ne disent pas qu’il ne faut pas aller dans la forêt, au contraire, ils aiment les chemins et parcourent les bois, beaucoup se chauffent au bois, beaucoup vont aux champignons, à l’ail des ours, aux châtaignes… vont se promener en forêt, y promener les enfants… ça fait partie de leur vie, ils sont dans la réalité quasi quotidienne de la forêt et du bois. Certains sont eux-mêmes forestiers et coupent des arbres, d’autres vivent dans une maison en bois ou en rêvent.
La forêt écosystème en équilibre
L’écureuil pas content sait bien que sa forêt est un écosystème vivant et que, quand c’est vivant, ça circule, ça communique. Ce n’est pas d’un sanctuaire qu’il veut, ce n’est pas d’une mise sous cloche, ce n’est pas d’un monde figé… un lieu où rien n’est possible. Il veut juste, l’écureuil pas content, que celles et ceux qui interviennent dans sa forêt pensent « pérennité »… Oui, c’est pérenne, que nous la voulons maintenant la forêt. Ni dévastée, ni appauvrie, ni aveuglément exploitée, ni massacrée par les tempêtes, ni en flammes[2]… c’est vivante que nous la voulons la forêt. Nous savons que sa richesse biologique, sa pérennité, son équilibre, sa résistance face aux parasites, sa productivité … donc sa capacité de stockage du carbone atmosphérique … nous savons que tout cela est lié. La diversité est garantie de stabilité et de productivité… c’est une loi biologique, c’est ainsi.
Nous défendre
« Nous ne défendons pas la nature, nous sommes la nature qui se défend ». Nous sommes de plus en plus nombreux à nous reconnaître dans ce slogan apparut lors de la conférence sur le climat de 2015, qui a donné l’accord de Paris signé et bafoué depuis par pratiquement tous les pays du monde…
Les amis.e.s de l’écureuil pas content se mobilisent
Certain.e.s achètent des forêts dans le Sud Est comme en fait mention Ouest-France ou dans le Morvan comme en témoigne Reporterre, certains grimpent dans les arbres pour les sauver ou alerter puis créent le Groupe National de Surveillance des Arbres(GNSA), certains créent des collectifs improbables aux résultats insoupçonnés (TPAMF), certains aiment, font aimer et protègent de très vieilles forêts, certains développent l’idée d’une forêt citoyenne, certaines et certains en livrent quelques hectares aux enfants, créent des forest schools à la française, se mettent en réseau afin que ça se partage, que ça se développe comme au Réseau de Pédagogie par la Nature (RPPN). Des citoyennes et des citoyens se mettent aussi autour d’une table pour définir des alternatives citoyennes à des projets industriels d’un autre temps qu’on veut encore nous imposer. Les mots « long terme », « proximité », « diversité », « participation » y sont centraux… on réfléchit aux nouveaux usages du bois, on augmente la part de forêts en libre évolution, on envisage sereinement l’avenir en responsables de notre patrimoine commun … Il appartient à nous toutes et tous de jouer un rôle dans un changement profond de nos comportements vis-à-vis des arbres et des forêts, c’est l’heure, quelque chose est enclenché, l’idée se renforce que nous avons là avec les arbres et les forêts, un bien commun à défendre et que nous devons nous réunir pour nous en occuper.
[1]Dessin de Tiphaine Miché
[2]Le Bureau des Nations unies pour la réduction des risques de catastrophe (UNSDIR) souligne que le changement climatique est le principal responsable du doublement des catastrophes naturelles en 20 ans.
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